Obama n'est pas JFK.

Bonsoir à toutes et à tous.


Comme à peu près tout le monde, j'ai salué en son temps la victoire d'Obama, même si l'obamania française me paraissait largement stupide (Yes we can était devenu le slogan obligatoire de nos élus en mal d'imagination) parce qu'assez peu politique, s'enthousiasmant pour un homme et non pour une politique. Cette politique, on la connait un peu mieux aujourd'hui, et j'en suis très satisfait, d'autant qu'Obama, c'est l'anti-Sarkozy : il a choisi de se concentrer essentiellement sur la réforme de la santé, alors que notre président papillonne autour de mille projets pas toujours bien ficelés (les parlementaires, de droite comme de gauche, sont les premiers à s'en plaindre).

Donc bravo à Obama ! Sauf que j'ai eu hier ma première déception, très forte : le président américain abandonne le projet d'un retour sur la Lune initialement prévu aux alentours de 2020. Pourtant, la conquête spatiale est une tâche de civilisation, l'ouverture d'une ère nouvelle de l'humanité, la dernière grande aventure, sans doute la plus grandiose de tous les temps. Comment peut-on hésiter à l'entreprendre, à la développer ? Combien d'argent nos sociétés modernes mettent-elles dans des activités autrement moins utiles, infiniment plus dérisoires ?

L'exploration lunaire annonçait l'installation d'une base en vue de la conquête ultérieure de Mars. L'ISS, la station planétaire internationale, est devenu inopérante, les navettes sont progressivement abandonnées, les puissants télescopes ne répondent pas à toutes les questions, les sondes sont des avant-gardes, pas des instruments de conquête. Les robots ne remplaceront jamais les hommes. Où va donc la politique spatiale ?

Ce renoncement d'Obama est d'autant plus navrant que la technologie a formidablement évolué depuis quarante ans, notamment en matière d'ordinateurs. Le voyage sur la Lune serait donc rendu plus efficace, plus performant, plus sécurisé et moins coûteux.

Ce que je crains, c'est qu'Obama n'ait cédé à l'opinion publique, que la course aux étoiles ne fascine plus. Déjà le programme Apollo avait été stoppé, en 1973, pour cette raison-là, entre autres. Les peuples sont fatigués, soucieux de confort, avides de sécurité, sans attrait pour l'héroïsme même scientifique, obsédés par le présent, incapables d'envisager l'avenir à très long terme. Leurs représentants, au lieu de se soumettre à cette tendance, devraient donner l'exemple, montrer la voie, élever au lieu de rabaisser, conduire au lieu de flatter.

Obama continue à me faire rêver. Mais je rêvais qu'il soit un nouveau Kennedy, entraînant tout un peuple vers le ciel. Il en a décidé autrement. Ça ne retire rien à ses qualités. Mais la déception est là. D'autant que la faute est politique : les hommes retourneront sur la Lune un jour ou l'autre, mais ils ne planteront plus la bannière étoilée. On dit que les Chinois sont plutôt bien partis. Économiquement puissants mais militairement faibles, ils gagneraient un immense prestige en rejoignant la Lune, en relançant le rêve pour toute la planète. Un grand pays oriental accéderait ainsi au leadership international, rétrogradant l'empire américain. Pourquoi pas, mais qu'un système encore totalitaire, d'un capitalisme plus féroce que celui d'outre-atlantique, s'impose de cette façon à la face du monde me froisserait.


Bonne fin d'après-midi.