L'Aisne avec DSK

27 mai 2011

A bientôt.

Vous pouvez me retrouver sur :


http://jaitantdechosesavousdire.blogspot.com/

Au revoir.

Bonjour à toutes et à tous,


C'est la dernière fois que je vous dis "bonjour à toutes et à tous". Ce blog a commencé le 13 septembre 2 006 à 18h31, il se termine ce vendredi 27 mai 2 011 à 10h16. Il y a cinq ans, un coup de fil de l'équipe de campagne de DSK me demandait d'ouvrir un blog de soutien dans l'Aisne. Je ne savais pas faire. J'ai vite appris.

Je n'imaginais pas alors que ce blog prendrait des dimensions inattendues, aurait un impact presque excessif, des conséquences jusque dans ma vie privée. Aujourd'hui, quand je vais quelque part, il est bien rare qu'on ne m'en parle pas. A tel point que cette activité d'écriture électronique a éclipsé tout le reste, pourtant très important pour moi.

Un jour, je raconterai ce que m'a valu ce blog, ses bonheurs, ses surprises et ses mésaventures. Quelle histoire ! Cinq ans, c'est une tranche de vie. En attendant, les archives sont là, pour toujours, où chacun pourra aller puiser pour mieux comprendre un itinéraire personnel et un parcours collectif, celui de la gauche saint-quentinoise telle que je la perçois. Il est temps maintenant d'arrêter, et rien n'est plus difficile : tourner la page, passer à autre chose, évoluer parce que la vie évolue.

C'est d'autant plus difficile que ce blog n'a jamais eu autant de lecteurs, trois fois plus qu'à l'ordinaire, encore hier. Mais je n'ai pas à me déterminer par rapport aux autres ou aux événements : il n'y a que la cohérence par rapport à soi qui compte. C'est en tout cas ma morale. Le succès, à la limite, je m'en moque, je n'en ai pas besoin, même si j'ai des devoirs envers mon public.

Deux traumatismes cependant m'ont conduit à franchir le pas, à cesser là : bien sûr l'élimination de DSK des primaires socialistes et sans doute de la vie politique. "L'Aisne avec DSK", ce n'était plus possible. Mais il y a un autre traumatisme, une autre élimination : celle de la gauche saint-quentinoise aux élections cantonales, dès le premier tour, comme déjà aux municipales de 2 008 et aux législatives de 2 007, mais par l'extrême droite cette fois, et alors que j'aurais pu espérer légitimement être candidat. Ce double choc ne peut laisser indifférents, quand on est socialiste, strauss-kahnien et saint-quentinois, que les inconscients.

Oui il faut changer, sinon c'est la routine, la répétition et peut-être la mort. J'en ai assez des réunions tristes, des querelles mesquines, des soirs de défaite qui n'en finissent pas. La vie n'est pas faite pour ça, ni la politique. Je veux agir, peser, participer, pas être un éternel opposant qui ne fait que critiquer. C'est un au revoir, ce n'est pas un adieu. Nous nous reverrons, nous avons toute la vie pour ça. Dans le prochain message, je vous donnerai ma nouvelle adresse, parce que la vie continue !

Merci à vous tous, qui m'avez lu et suivi pendant ces cinq ans. Merci à ceux qui ont déposé des commentaires et qui ont eux aussi, sans doute à leur corps défendant, contribué au succès de ce blog. Je ne regrette rien de ce que j'ai écrit, je n'en veux à personne pour ce qu'il a écrit.


Au revoir et à bientôt.

26 mai 2011

La gauche a mauvaise presse.

Bonsoir à toutes et à tous,


Parmi les difficultés auxquelles est confrontée la gauche saint-quentinoise, il y a les problèmes de communication (ça ne date pas d'aujourd'hui). Et quand les problèmes de division s'ajoutent aux problèmes de communication, le cocktail est médiatiquement terrible. Dans L'Aisne Nouvelle de mardi dernier, aux pages 6 et 7, les conséquences sont politiquement déplorables.

Il y a d'abord cet article qui met en cause le conseil général : "Subventions en baisse, assos en danger". L'école de dessin Quentin-de-la-Tour et Aisne Jalmav se plaignent d'une réduction, voire d'une suppression de leur subvention départementale. Je ne connais pas ce dossier en particulier mais je connais assez bien le monde associatif : il a tout le soutien d'Yves Daudigny et de sa majorité, dont la politique fiscale a augmenté certains impôts, diminué d'autres mais maintenu l'aide aux associations. Alors ? La gauche locale devrait plus amplement communiquer sur ce dossier pour que notre point de vue soit aussi pris en compte.

Et puis, tout aussi déplorable, il y a l'assemblée générale du Comité des Oeuvres Sociales de la Ville et de l'Agglo, où se sont affrontés Dominique Gayraud et Georges Varenne, l'un pour SUD l'autre pour la CGT. Le commun des mortels, dont je suis, n'y comprend évidemment rien, sinon qu'il s'agit de chamailleries relevant de conflits de personnes.

Gayraud, Varenne sont à leur façon des figures de la gauche locale. Ont-ils conscience de l'image qu'ils donnent de celle-ci en s'affrontant ainsi publiquement ? Sans doute estiment-ils qu'ils ont chacun raison et que leur opinion personnelle l'emporte sur toute autre considération ... Mais quand le duel a lieu sous les regards et l'arbitrage de Marie-Laurence Maître, maire-adjoint UMP, on comprend les ravages que peut produire une telle division.

Enfin, dans la même page de L'Aisne Nouvelle, il y a ce conflit à l'intérieur même de la CGT, entre l'union départementale et l'union locale, entre Elisabeth Guilbert et Alain Pezé. Là aussi, on n'y comprend pas grand-chose, sinon qu'il est question d'insultes et sans doute de règlements de compte. Mais l'effet produit est également déplorable.

Les situations ici évoquées sont différentes mais la mouvance est bien la même, celle de la gauche. Et la réputation qui en est faite n'est pas en sa faveur. Si j'avais quelque responsabilité politique, je m'empresserai de travailler à l'unité de cette gauche tant divisée. Ce n'est pas de la forfanterie : l'autorité naturelle, qui ne peut provenir que des élus, a du poids, une influence, pourvu qu'on veuille l'exercer. La droite dans cette ville est impeccablement unie, et même soudée. Pourquoi pas la gauche ? Ça ne doit pas être si sorcier.

Je m'empresserai aussi de communiquer au lieu de me plaindre de la presse, vieille habitude fâcheuse et stérile. Communiquer, je sais un peu faire. Mais la gauche, elle, a du mal à s'en sortir. Si elle savait briser ses vieux schémas, rompre avec ses préjugés, tout irait mieux, en tout cas moins mal. Car peut-on faire pire qu'aujourd'hui ? Au risque de vous désespérer, je pense que oui. Mais il faut en finir avec tout ça, tourner la page, passer à autre chose. Pour un être humain, c'est ce qu'il y a de plus difficile. Un militant politique devrait plus aisément le comprendre. Espoir donc, malgré tout.


Bonne soirée.

Des radars aux fesses.

Bonjour à toutes et à tous,


De quoi nous parle l'actualité politique ces derniers jours et ces dernières heures ? Du démontage et du remontage des radars sur les routes, d'une accusation de harcèlement sexuel concernant un secrétaire d'Etat, de la "prison dorée" de DSK dont on nous livre le moindre détail. Est-ce donc cela l'actualité politique ? Évidemment non.

Nous sommes entrés, depuis quelques temps déjà, dans un processus déplorable de peopolisation de notre vie politique, que l'affaire DSK pourrait dangereusement accélérer : ce n'est plus la vie publique de nos grands hommes qui va intéresser citoyens et médias, c'est leur vie privée, et la plus intime qui soit, la vie sentimentale et sexuelle. Si nous allons vers ça, c'est la mort morale de la République !

N'y aurait-il pas pourtant bien d'autres sujets de débats ? L'Assemblée nationale a refusé hier le transfert post-mortem de l'embryon après décès du père. Voilà une question fondamentale et complexe, qui a de quoi faire trembler notre société. Mais qui en parle, qui s'y intéresse ? Autrefois, la République légiférait en matière économique, sociale et politique. Aujourd'hui, elle doit aborder des problèmes moraux, métaphysiques et anthropologiques.

C'est pourquoi on parle désormais de "lois bio-éthiques", expression inimaginable auparavant. La conception même qu'on se fait de l'être humain est en jeu. La République réclame des philosophes ! Quand donc la politique va-t-elle un peu s'élever ? Si elle se complaît dans des histoires de radars et de fesses, c'est sa fin.


Bonne journée.

25 mai 2011

L'homme normal.

Bonsoir à toutes et à tous,


François Hollande s'est inventé une image originale pour la présidentielle : l'homme normal. A priori, c'est une drôle d'idée : après "la force tranquille" il y a trente ans, "l'homme normal" aujourd'hui ! Personnellement, la posture ne me plaît pas trop : des hommes normaux, j'en croise tous les jours, je n'ai pas envie d'en voir un à l'Elysée.

Au contraire, j'attends d'un président qu'il nous surprenne, qu'il ait une dimension exceptionnelle. Le grand homme, quoi ! DSK en avait l'étoffe, Hollande flotte un peu dans le costume. Mais il peut gagner en épaisseur malgré son régime ... Trêve de plaisanterie, De Gaulle et Mitterrand en hommes normaux, ça ne le fait pas vraiment !

En même temps, le truc de Hollande est génial : face à une présidence Sarkozy hypertrophiée, boulimique, survitaminée, anxiogène, la revendication d'un homme normal peut faire mouche auprès de l'opinion. Nicolas Sarkozy n'est pas et ne veut pas être un type normal : sa personnalité et son exercice du pouvoir sont en rupture volontaire et assumée avec la figure traditionnelle du chef d'Etat à la française.

François Hollande veut se fondre dans un classicisme tranquille, rassurant. "Je suis comme vous, votez pour moi", tel pourrait être son slogan. Et il est vrai qu'Hollande est un mec sympa, et apprécié comme tel par les militants du PS, auprès desquels il a gardé une forte popularité. Ça peut le faire gagner. Le pouvoir rend fou les uns ou fort les autres ; chez Hollande, il rend normal. Ce n'est pas bête, ça peut marcher.


Bonne soirée normale.

La fin des haricots.

Bonjour à toutes et à tous,


C'est quoi ce délire ? Je veux bien sûr parler des passions qui se déchaînent, qui mobilisent l'opinion française sur et contre la fin des panneaux indicateurs de radars sur les routes. On croirait une affaire d'Etat, un drame national, la fin des haricots. Tout ça pour ça, des panneaux qu'on va mettre à la casse ? Drôle de pays, peu enclin à s'engager pour des causes autrement plus importantes et qui là s'excite comme c'est pas permis ... Même le gouvernement a dû reculer devant sa majorité parlementaire !

Et pourtant, il va de soi qu'il faut supprimer ces panneaux et interdire les détecteurs électroniques de radar, tant les accidents de la route sont un véritable fléau, dont la faute revient, et de très loin, à la vitesse excessive. La raison est claire, l'objectif est indispensable, la solution est évidente. Mais de quoi donc ont peur nos responsables politiques pour plier ainsi, renoncer au bon sens, sacrifier l'intérêt national ? Ils ont peur de perdre des voix, comme les automobilistes ont peur de perdre des points et des sous. Les deux peurs s'allient lâchement pour produire la lamentable démission à laquelle nous assistons depuis quelques jours.

Quant aux radars "pédagogiques", c'est une pitrerie : la route n'est pas une salle de classe où l'on explique et avertit, où l'on fait de la pédagogie ; c'est un lieu de vie et de mort, d'accidents et de souffrance dans lequel la loi doit s'appliquer sans pitié et sans nuance. Pédagogiques ou pas, les panneaux prévenant la présence des radars sont une immense hypocrisie, une insondable bouffonnerie à quoi il faut d'urgence mettre fin. Je soutiens de tout coeur Fillon et Guéant pour qu'ils remettent au pas leurs députés frondeurs et criminels.

Imaginez un peu qu'à l'entrée d'un magasin figure le panneau : "Attention il ne faut pas voler" ou qu'à l'entrée du tribunal un autre indique : "Interdit de mentir". Ridicule, évidemment. La vitesse, c'est le mal, c'est la souffrance, c'est la mort. La loi doit être intégralement respectée et les contrevenants sévèrement sanctionnés. Quand chaque automobiliste vivra dans la crainte d'un flash sur n'importe quel tronçon de route, même le plus paisible, le nombre des accidents baissera spectaculairement. Veut-on cela ou pas ?

La politique ne consiste pas à plaire à l'opinion mais à se donner des objectifs et à les atteindre le plus rapidement et le plus efficacement possible. Celui qui consiste à sauver des vies me semble imminent. On l'a bien fait pour le tabac ? Avant la loi sur son interdiction totale dans les lieux publics, il fallait aménager, composer, discutailler, tout le monde était consulté et personne n'était satisfait. L'interdiction pure et simple a tout réglé (je l'ai constaté dans mon établissement scolaire). Je demande la même simplicité, la même rigueur, la même efficacité pour faire respecter les limitations de vitesse sur les routes.

Ne croyez pas que celui qui vous parle soit un moraliste, un puritain ou un donneur de leçon : je roule vite, parfois plus qu'il n'est permis, je me laisse aller, parce que je suis pressé, parce qu'il y a une forme de griserie dans la grande vitesse. Mais je ne me refugie pas derrière des arguties, des excuses, des justifications à la con. J'essaie d'être responsable, de me corriger, d'admettre mes torts, d'en assumer toutes les conséquences. Et j'applaudis quand l'Etat m'y encourage, parce que c'est quand même son métier de faire respecter les lois.


Bonne journée,
roulez lentement.

24 mai 2011

Claude Gransard.



Bonsoir à toutes et à tous,


J'ai appris cet après-midi le décès de Claude Gransard, survenu la nuit dernière. Ancien instituteur, vice-président de la Fédération des Oeuvres Laïques de l'Aisne, maire de Mesnil-Saint-Laurent, Claude était un homme discret, doux, efficace, un serviteur modeste de la République. Sa grande taille lui donnait des allures de cow-boy silencieux et débonnaire, genre Gary Cooper.

Notre dernière rencontre, c'était le 28 avril, à Paris, où nous avions passé la journée ensemble, en compagnie des Amis de l'Ecole Publique, à qui j'avais fait visiter le cimetière du Père Lachaise. En vignette, devant le mur des fédérés, Claude est à ma droite, attentif aux explications. A table, nous avions discuté de son engagement d'élu, de premier magistrat d'une petite commune, qui lui était cher, dont il mesurait la grandeur et la difficulté.

Sur ce blog, j'avais relaté, dans un billet du 27 septembre 2 009, la cérémonie en l'Hôtel de Ville de Saint-Quentin, où Claude Gransard avait reçu les insignes de Chevalier dans l'Ordre National du Mérite. Je vous y renvoie. J'ai passé le 8 mai dernier dans son village de Mesnil-Saint-Laurent, pour un événement familial qui se déroulait dans la salle municipale. Les obsèques de Claude auront lieu vendredi, à 15h30, en l'église de Mesnil. J'ai ce soir une pensée particulière pour son épouse et sa famille, à qui j'adresse mes condoléances.


Bonne soirée.

Les choix des strauss-kahniens.

Bonjour à toutes et à tous,


Après discussions avec les uns et les autres, on comprend vite que les strauss-kahniens vont être dans les prochaines semaines confrontés à quatre choix :

1- Le choix idéologique : François Hollande, parce qu'il est le plus proche de la ligne social-démocrate, même si son personnage de "candidat normal" n'est pas fait pour exalter un strauss-kahnien.

2- Le choix tactique : Martine Aubry, parce que les strauss-kahniens, au congrès de Reims, se sont alliés avec elle et qu'elle a conclu un accord tacite avec DSK, dit "pacte de Marrakech".

3- Le choix identitaire : Pierre Moscovici, parce que c'est un strauss-kahnien pur jus et qu'il est toujours tentant de vouloir se faire plaisir. Mais est-ce bien politiquement raisonnable ?

4- Le choix unitaire : Laurent Fabius ou Bertrand Delanoë, au cas où la confrontation Hollande-Aubry tournerait à la foire d'empoigne. Le schéma est à la fois hypothétique et idéal, c'est-à-dire difficile sinon impossible.

Je ferai comme j'ai toujours fait en politique et ailleurs : je suis libre, je n'ai rien à gagner ni à perdre, je n'attends aucune consigne, je fais le choix des idées. Mes camarades strauss-kahniens se disperseront, c'est certain et c'est très bien. A l'heure où le parti socialiste se social-démocratise, il est bon pour la social-démocratie d'être partout présente, sans constituer de courant spécifique. Il ne faut pas se réunir en chapelle mais travailler pour toute l'église.

Déjà, au congrès de Reims, les strauss-kahniens avaient choisi trois options différentes : les reconstructeurs autour de Martine Aubry, les partisans de Moscovici, les anciens rocardiens avec Bertrand Delanoë. Le strauss-kahnisme est multiple.


Bonne journée.

23 mai 2011

Hollande versus Aubry.

Des camarades sont inquiets : et si la défection de DSK entraînait de terribles divisions au PS ? Il est certain qu'en l'absence d'un candidat quasi naturel, se détachant très largement du peloton, le risque d'affrontement augmente. N'est-ce pas une réalité très ordinaire en politique ? A vrai dire, je suis plutôt optimiste, pour trois raisons :

1- Avec DSK, nous aurions eu de toute façon une primaire entre deux candidats, lui et Hollande. Il n'y a donc pas à se soucier plus que de mesure si un duel se prépare, entre Aubry et Hollande cette fois.

2- A la différence des dernières présidentielles, la primaire impliquera les sympathisants. Ce sont eux, et pas les militants, qui décideront du choix. Le vote débouchera par conséquent sur une légitimité forte du gagnant, que personne ne pourra contester.

3- Entre Hollande et Aubry, le débat serait néfaste s'il opposait seulement des personnes. S'il est une confrontation de lignes politiques, il devient alors salutaire : d'un côté une option social-démocrate, réformiste, de l'autre une option plus traditionnelle, plus à gauche. C'est ce qui semble se dessiner, c'est ce qui donne tout son sens à cette saine concurrence.

Quant à ceux qui soutiennent que Martine serait la candidate légitime parce qu'elle est la première secrétaire, qu'on pourrait même se dispenser des primaires, ils font descendre la politique au degré zéro : être à la tête du PS ne donne pas droit automatiquement à un ticket pour la présidentielle. On peut être doué pour diriger un parti sans l'être nécessairement pour diriger un pays. C'est la ligne qu'on défend qui compte, pas la position, y compris suprême, à l'intérieur du PS.


A demain.

Le cauchemar de DSK.

Bonsoir à toutes et à tous,


DSK a envoyé aujourd'hui un courriel aux employés du FMI, avec cette phrase très claire, très forte, sans aucune ambiguïté : "Je nie dans les termes les plus forts possibles les accusations auxquelles je suis aujourd'hui confronté : je suis convaincu que la vérité sera révélée et que je serai innocenté". Après ça, qui peut encore refuser de croire et de soutenir DSK ? Qui peut encore prétendre qu'il plaidera coupable, alors que tous ses propos depuis le début du scandale affirment le contraire ?

En attendant, certains ont cru bon de s'offusquer de l'argent utilisé par son épouse Anne Sinclair pour le tirer de prison et préparer sa défense. Parce qu'un innocent n'aurait pas le droit d'utiliser tous les moyens à sa disposition pour prouver son innocence ? La famille Sinclair est riche, elle emploie sa fortune à sa guise, qu'y a-t-il de choquant là-dedans ? Voudrait-on que le couple ne fasse rien, consacre son argent à autre chose ? Que ne dirait alors t-on pas devant cette démission qui serait un quasi aveu de culpabilité ! Et si c'est l'existence de gens riches qui gêne, pas moi : je ne veux pas en ce monde moins de riches mais moins de pauvres, voilà mon socialisme.

Je veux terminer par une étrange théorie, entendue ici ou là : Strauss aurait commis un acte manqué, un suicide délibéré, c'est son inconscient qui aurait parlé, c'est-à-dire la pulsion non refoulée venant détruire ce projet auquel au fond de lui il se refusait, devenir président de la République. La vérité du corps aurait désavoué l'illusion de l'esprit. Je n'en crois évidemment pas un seul mot. Cette théorie extravagante prouve seulement que notre société se soumet de plus en plus à la psychologie, adopte ses thèses et ses catégories alors que la politique ne s'y reconnaît pas : DSK avait envie d'être candidat puis président, il s'apprêtait à faire campagne et à gagner ; un vrai "cauchemar", selon les termes de son courriel au FMI, l'en a empêché.


Bonne soirée.

22 mai 2011

Un week-end formidable.




Bonsoir à toutes et à tous,


La programmation culturelle à Saint-Quentin a été l'objet d'une polémique ces temps-ci. Samedi soir, en tout cas, un très bon spectacle était proposé au théâtre Jean-Vilar : Mai 1968 vu par un auteur trentenaire. Avec un parti pris original : nous conduire dans les coulisses en y installant une sorte d'exposition, avant de nous mettre non pas devant mais derrière la scène, la salle et ses magnifiques balcons apparaissant au fond, lentement, dans un savant jeu de lumières, au fur et à mesure du spectacle.

Parmi le public, quelques soixante-huitards saint-quentinois, un syndicaliste cégétiste, des éducateurs sociaux, une bibliothécaire, une infirmière communiste, un prêtre progressiste ... Tout ce qui reste de notre électorat de gauche, ai-je plaisanté avec ma voisine (en vignette 1, le cocktail, pas molotov).

En parlant de gauche : des féministes et des femmes de gauche ( pléonasme ?) ont manifesté aujourd'hui devant Beaubourg contre "le sexisme décomplexé" qui s'afficherait dans les médias à l'occasion de l'affaire DSK. Dénoncer le harcèlement que subissent les femmes, oui mille fois oui. Mais quel rapport avec DSK ? Encore aujourd'hui, son avocat a confirmé qu'il plaiderait non coupable, que son client clamait son innocence et que le procès déboucherait sur un acquittement.

Au nom de quoi irais-je contre ça ? Si DSK était ce que la rumeur dit de lui, il y a bien longtemps que plusieurs plaintes auraient été déposées, que de nombreux témoignages se seraient manifestés (en quarante ans de vie politique, Strauss a dû croiser pas mal de femmes !). Alors, pas de confusion, pas d'amalgame, pas de "on dit".

La droite, pour terminer : je ne sais qui m'a fait bénéficier d'un abonnement d'essai de quinze jours au Figaro. Merci à l'inconnu(e). Dans le numéro d'hier, il y avait un encart formidable (vignette 2). Regardez bien, lisez, méditez, appréciez : la joie du journal à constater que "l'ISF est maintenu !" (goûtez à sa juste valeur le point d'exclamation).

Et puis le conseil qui suit, immédiat, spontané, impératif : "Allégez-le sans attendre". La joie est si grande qu'elle est impatiente. Une photo vient illustrer ce grand bonheur : un homme jeune, polo vert tendre, à la barre d'un voilier. Comme si le bénéfice de l'ISF allégé était déjà investi ! Cerise sur le gâteau : la possibilité de gagner un week-end dans un Relais et Châteaux ! (et toujours l'exclamation). Les bourgeois sont formidables, Le Figaro aussi.


Bonne soirée formidable.

21 mai 2011

L'image d'un maire.

Bonjour à toutes et à tous,


Un maire se fait apprécier, devient populaire d'abord par ses réalisations mais aussi par son image. La personne compte autant que la politique. Quelle est l'image du nouveau maire de Saint-Quentin, Xavier Bertrand, après un peu plus de six mois de mandat ? Pas facile pour lui de succéder à la forte personnalité, haute en couleurs, de Pierre André.

D'abord, ce qui frappe, c'est sa présence, sa disponibilité pour sa ville. Ministre, il pourrait être lointain, absent. Non, il est là, comme avant. Il prend bien soin de ne pas jouer au ministre. C'est tout un art : ne pas montrer ce qu'on est. Pas trop besoin d'ailleurs : tout le monde sait. L'un des aphorismes préféré du maire : opposer le bureau au terrain, en privilégiant bien sûr le second. Et ça marche. Comme l'inauguration ce matin à 11h00 d'un distributeur automatique de billet, rue Jacques Blanchot, dans le quartier Neuville. Le concret, il n'y a que ça de vrai !

Ensuite, il y a le comportement du maire face à l'opposition, lors des séances du conseil municipal. Saignant ! A la façon de Pierre André, il ne laisse rien passer, attaque, renverse les rôles en questionnant les élus d'opposition, les somme de s'expliquer, les renvoyant à leur passé ou à leurs contradictions. Bref, le majoritaire agit comme un opposant ! Mais à la différence de Pierre André, il n'y a chez Xavier Bertrand aucune complicité dans l'adversité, aucune indulgence, aucune sympathie pour son opposition, souvent de l'ironie et parfois de la cruauté, jamais d'estime ou de reconnaissance. Conseiller municipal d'opposition, un métier de chien qui décourage les vocations ...

Enfin, et c'est sans doute le plus marquant, Xavier Bertrand a la manie du détail, se préoccupe des moindres petites choses, sur le modèle de Nicolas Sarkozy. En visite dans une résidence, il va jusqu'à tenter de régler le problème de douche de l'occupante. A la bibliothèque municipale, il fait remarquer que la verrière n'est pas très propre et que certaines peintures sont écaillées. Devant le lycée Henri-Martin, il contrôle le vendeur de glaces Martinez pour savoir s'il a une autorisation. Et, last but not least, de passage sur mon stand au Festival des associations, il me reproche, ministre de la Santé oblige, d'offrir des bonbons au lieu de mandarines.

Je crois que son image auprès des Saint-Quentinois va se jouer là-dessus : soit Xavier Bertrand sera apprécié comme un maire qui fait le job, efficace, utile et exigeant, soit il sera perçu comme un casse-bonbon qui se mêle de ce qui ne le regarde pas vraiment. Résultat dans trois ans, aux élections municipales. Mais comme la politique est aussi un combat d'images, tout dépendra de celui ou de celle que la gauche se choisira pour lui disputer la place de premier magistrat de la ville.


Bonne journée.