L'Aisne avec DSK

20 mars 2010

40 ans plus tard.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je ne vais pas ce soir vous parler politique. Non que je ne puisse pas : mon blog n'est pas une émanation officielle du Parti socialiste, et je ne suis pas candidat aux régionales. Je ne tombe donc pas sous le coup de la réglementation en vigueur, qui impose le silence aux blogs de ce type. Mais il est de tradition de laisser l'électeur libre de ses réflexions en cette période. Il n'est plus temps de militer une veille de scrutin.

Je vais donc vous parler d'autre chose. Mais de quoi ? Aucune hésitation : de l'événement qui marque cette soirée à Saint-Quentin, le retour du catch, après 40 ans d'absence. Le catch ! Moi aussi, ça me ramène 40 ans en arrière, dans mon Berry natale, la grand fête foraine annuelle où il y avait une baraque de catch pleine à craquer, et un arbitre qui ressemblait à Roger Lanzac.

Le catch, c'était aussi les soirées avec mon grand-père devant la télé en noir et blanc, et des drôles de noms que j'entendais prononcer : le Bourreau de Béthune, le Petit Prince, Cheri-Bibi. Il se disait autour de moi que les vainqueurs étaient désignés à l'avance, que tout ça était bidon mais bon à regarder. On me parlait aussi d'un catcheur qui avait bien tourné, qui était devenu un monsieur très respectable : Lino Ventura. Ça donnait au catch un côté sympa qu'il n'avait pas immédiatement.

Et puis, le catch s'est effacé de notre société, à Saint-Quentin, dans le Berry comme partout ailleurs, je n'en ai plus guère entendu parler, il avait plutôt mauvaise presse. Pour moi, cette pratique était d'avant Mai 68, elle appartenait à ce que les années 50 et 60 pouvaient avoir de plus ringard. Ni sport, ni spectacle de cirque, le catch ne faisait pas très sérieux dans un monde qui se voulait moderne, évolué, émancipé. Il renvoyait aux jeux du cirque de l'Empire romain, une sorte de sauvagerie simulée donc dérisoire. Les catcheurs dotés de surnoms invraisemblables et de tenues ridicules, le grotesque de leurs parades, toute cette mise en scène me semblait appartenir à une société révolue, dépassée, condamnée.

40 ans après, le revoilà ! Le Palais des Sports de Saint-Quentin sera ce soir bourré de monde, comme la baraque foraine de mon enfance. Si je m'attendais ! Avec quelques variantes : il y a maintenant des filles sur le ring, et les lutteurs peuvent être à plusieurs. Une société qui renoue avec le catch, ça a sûrement un sens. J'y réfléchirai.

Voilà, mon billet est fait, et j'ai réussi à ne pas parler politique. Car le catch, ses combattants de pacotille, ses revirements pour l'épate, ses coups bas, ses victoires programmées n'ont bien sûr strictement rien à voir avec la politique.


Bonne soirée,
et n'oubliez pas demain
d'aller voter.

8 Comments:

  • Ce qui a rajeuni le catch, c'est la mode des super-héros (qui n'ont jamais autant de succès que pendant les crises) et le culte du corps.

    Les catcheurs actuels ne sont plus les balourds des années 80 (sur Canal+). Aujourd'hui ils sont aussi forts que Batman et aussi sexy que les couvertures des magazines gays. Du coup, ça ratisse large !

    Dans l'école de mon neveu (Pyrénées Orientales), il est interdit aux enfants de ramener leurs cartes de catcheurs : les photos sont jugées trop érotiques !

    J'avais récemment fait un article à ce sujet, c'est ici : le triomphe de l'imagerie gay

    By Blogger Thierry D., at 8:44 PM  

  • Allons donc ! Je n'y comprends plus rien. Il y a 40 ans, le catch était un spectacle hyper macho, au sens le plus lourd et contestable du terme. Et voilà maintenant que ce serait une mode gay, si je comprends bien ! Mes Berrichons d'il y a 40 ans n'en reviendraient sûrement pas. Ou c'est moi qui vieillis mal et ne comprends plus rien.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:02 PM  

  • Tiens justement je lisais ce matin dans Libé Jean-Claude Carrière (un type que j'aime bien) :
    "J'ai un point commun - au moins - avec le président Chirac : j'aime le Sumo auquel m'initia Oshima, jadis, au Japon. Je partage ce goût avec ma femme et quelques amis. Le seul sport véritablement mythologique, où les combattants ne manifestent ni joie vaincre, ni déception d'être vaincus. Or, depuis deux ans les chaînes sportives ont renoncé à nous retransmettre les grands tournois de sumo. Sans nous dire pourquoi. A la place, un peu partout, on nous offre du wrestling (autrement dit du catch, en français), des pseudos combats poussifs et vulgaires, répétés à l'avance, qui sont du (mauvais) spectacle et non pas du sport.
    Une fois de plus le faux prend la place du vrai. La sous-culture américano-mexicaine l'emporte sur la longue tradition japonaise. De l'ersatz, là encore, du bidon, du pipeau. Et les commentateurs, sans vergogne, font semblant de prendre ça pour de la lutte."
    Je ne connais rien au Sumo et au catch mais il me semble qu'il dit quelque chose de fort sur la télé, et pas seulement sur la télé si vous lisez la suite de son papier.

    By Anonymous Thyl, at 9:12 PM  

  • *

    EM FRIMTOUILLE , niveau culturel zéro , la décadence de l'empire romain ..Et le théatre , la musique ... rien ... c'est vrai qu' avec un ersatz de MALRAUX à la culture on ne va pas progresser ... la boxe thaï à la place de pour qui sonne le glas ... et EM qui cherche dans la boue ce qui est dans le ciel ...

    *

    By Anonymous Anonyme, at 9:41 PM  

  • Thyl,

    Enfin un point commun entre nous : Jean-Claude Carrière, que j'apprécie depuis sopn travail de scénariste pour Bunuel.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:46 PM  

  • Heureusement qu'il nous reste
    l'excellent site
    http://www.sumofr.net/
    pour suivre le Haru Basho
    et les autres tournois.

    By Blogger grandourscharmant, at 10:27 AM  

  • Si, on peut faire un parallèle entre le catch et la politique: catch as catch can!

    By Anonymous Lormont, at 1:33 PM  

  • Le retour en France s'exprime a mon avis par la plus grand exposition du Catch US, désormais diffusé sur les chaînes de la TNT.

    A noter que la pratique est en forte hausse, mais faute d'un cadre fédéral, les enfants initiés le sont dans un cadre pour le moins "douteux" (carence de sécurité et de pédagogie notamment)

    By Anonymous Anonyme, at 11:52 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home