L'Aisne avec DSK

22 mars 2010

Une victoire est une victoire.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je ne rate jamais une soirée électorale à la télé. C'est toujours un grand moment de vérité. A 20h00, il faut être devant son poste, voir les visages résister à la décomposition de la défaite ou à la jubilation de la victoire. Tout un art ! Mes camarades socialistes ont joué sur la sobriété et la mise en perspective de la victoire, notamment Delanoë et Fabius. C'est ce que j'attendais d'eux. A droite, la leçon avait été bien apprise : reconnaître que la gauche avait gagné ... tout en minimisant notre victoire. C'est malin mais c'est faux. Une victoire est une victoire. Je vous explique pourquoi :

1- L'argument de l'abstention, qui ne rendrait pas significatif le résultat, est antidémocratique. Les citoyens font ce qu'ils veulent, voter ou rester chez eux. Un résultat est un résultat. Une faible participation n'affaiblit pas ce résultat. Le suffrage universel n'est pas amoindri ou illégitime dans son expression parce que les abstentionnistes sont nombreux. On peut certes le regretter, on doit l'analyser, il faut le corriger, mais la victoire n'en est pas atténuée pour autant.

2- L'argument de la dimension strictement régionale, qui n'affecterait pas la politique nationale, ne tient pas. Toute élection, même locale, a une dimension nationale, dont les responsables doivent tirer les leçons. Quand des villages tranquilles votent massivement FN, ce n'est pas local, c'est national. Et c'est bien un désaveu de la ligne Sarkozy qui s'est manifesté hier dans les urnes.

3- L'argument des élections intermédiaires toujours perdues par le pouvoir est un constat et pas une raison valable. Si les Français étaient satisfaits du gouvernement et critiques envers les exécutifs régionaux, ils auraient soutenu le premier et sanctionné les seconds. Ce n'est pas le cas. Exciper d'une constante pour en faire une règle qui absout l'échec revient plutôt à une excuse trop facile, un simple prétexte.

4- L'argument du grand chelem raté est idiot. Martine Aubry s'est donnée un objectif dynamisant, un idéal mobilisateur qui n'ont pas été complètement atteints. Et alors ? Ça ne ternit pas l'éclat de la victoire. Car qu'est-ce que vaincre en politique ? Obtenir la majorité. Le PS a remporté la très grande majorité des régions. C'est donc, grand chelem ou pas, une superbe victoire.

5- L'argument de la continuité avec le précédent scrutin se retourne contre lui-même. C'était un tour de force en 2 004 de remporte la quasi totalité des régions, ça l'est encore plus six ans plus tard. L'usure aurait pu jouer contre les sortants, d'autant que l'échelon régional est mal connu et ne passionne guère. C'est le contraire qui s'est produit.

Les arguments de la droite n'altèrent donc en rien la belle victoire de la gauche. Et puis, qu'est-ce qui importe en politique ? Avoir le pouvoir. Le reste n'est que commentaire oiseux. Même s'il est recommandé de se demander ce qu'on fait d'une victoire et du pouvoir. Ne serait-ce que pour le conserver le plus longtemps possible ...


Bonne soirée.

20 Comments:

  • GREVE GENERALE
    GREVE GENERALE
    GREVE GENERALE

    By Anonymous Anonyme, at 8:12 PM  

  • mais c'est une erreur que de vouloir le pouvoir à tout prix.
    c'est cette soif de pouvoir qui gache les volontés des politiques et qui me parait même contradictoire avec le fait de vouloir faire de la politique.
    la politique doit avant tout proposer des réformes "pour un monde meilleur" avec un partage plus égalitaire du pouvoir.
    c'est au peuple d'avoir le pouvoir, pas au politique.

    les politiques ne doivent que se "soumettre ou se démettre" à ce pouvoir du peuple, en agissant et non pas en voulant obtenir un pouvoir qui n'a pas lieu d'être entre leurs mains.

    By Anonymous Anonyme, at 8:17 PM  

  • *



    à combien de grammes EM FRIMTOUILLE ??? continues tes discours de OUF et l' AISNE sera la prochaine fois à 40 % FN et MARINE prédidente en 2010 ; alors lis l'analyse d'un des meilleurs politologues chti !!

    < Oui, l'abstention est un véritable fléau mais les élus oublieront très vite qu'ils doivent leur poste à une très faible participation. Le résultat du scrutin se trouve forcément tronqué sauf à admettre que nous vivons une sorte de démocratie censitaire où seuls les élites, les initiés et les intéressés (dans tous les sens du terme !) participent au vote. On nous clame donc que la gauche réunie a gagné haut la main. Certes. Cependant, puisque la moitié des citoyens ne s'est guère exprimée, cela ne peut signifier que la France soit majoritairement à gauche. Ainsi, dans la Région, la gauche a triomphalement gagné mais n'a obtenue le soutien actif que de 26% des inscrits. Nuance...

    *

    By Anonymous Anonyme, at 9:01 PM  

  • De toute façon Manue, à mon niveau la politique c’est bien entendu tout le système politique appartite, c’est les comptes de l’état et sa gouvernance du navire de la patrie quelqu’en soit d’ailleurs l’identité nationale, et c’est pourquoi bien au-delà à de tout çà, et allergique à une politique de comptoir, moi je me guide suivant le personnage le plus charismatique, meneur, fort de conviction et fidéle à le démocratie par les votes, son aurea, et aujourd’hui j’en ai le ferme conviction que c’est de çà que recherche la population

    By Anonymous Anonyme, at 9:36 PM  

  • A 8.17 :

    Je suis d'accord avec vous. Le pouvoir n'a de sens que si on en fait quelque chose. Hélas, certains occupent le pouvoir dans le seul but narcissique de la représentation, quand ce n'est pas pour des intentions pécuniaires.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:27 PM  

  • A 9.36 :

    Il faut se méfier des personnages charismatiques. Ils nous conduisent souvent à rien, c'est-à-dire seulement à eux-mêmes.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:29 PM  

  • le commentaire de 8.17, je n'ai pas fait attention et je l'ai posté en anonyme...
    " Sans le pouvoir, les idéaux ne peuvent être réalisés ; avec le pouvoir, ils survivent rarement. "
    il me semble que ce que dit Castro ici montre bien qu'il y a une réelle ambiguité voire même un paradoxe en ce qui concerne le pouvoir : en politique, celui qui a le pouvoir peut plus facilement mettre à bien ses projets, mais étant donné que le pouvoir appelle le pouvoir, celui qui le détient ne pense plus qu'à ça et oublie donc ses idéaux.

    By Anonymous Camille, at 10:40 PM  

  • Monsieur de La Palice l'avait bien dit :
    une victoire est une victoire,
    Une table est une table,
    Un lapin est un lapin
    Un imbécile est un imbécile
    Une pipe est une pipe (encore que là ça peut se compliquer)
    Un radis, un radis
    Et un radotage idem.

    Et bien je trouve que Dany, ce soir, au lancement de l'appel Europe-Ecologie 22mars était plus intelligent quand il a dit qu'il n'y a pas de victoire quand on n'arrive pas à déplacer vers les urnes les 2/3 de l'électorat des zones qui souffrent le plus et les 2/3 de la jeunesse. Les politiques qui ne veulent pas analyser leurs responsabilités dans cette abstention massive sont des apprentis sorciers et des jeanfoutres. Ils réduisent la politique au spectacle souvent misérable qu'en donnent les médias les soirs d'élections.

    By Anonymous Thyl, at 12:53 AM  

  • Camille,

    Je pense que ce paradoxe du pouvoir rejoint bien des paradoxes de la vie. Mais il n'y a pas de malédiction ni de fatalité : le pouvoir peut échoir entre de bonnes mains et servir à une bonne politique.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:21 AM  

  • Thyl,

    La Palice est un philosophe secondaire qui mériterait d'être un peu plus écouté tant l'être humain fuit les évidences.

    Quant à Dany, il est forcément formidable, contrairement à Monsieur de La Palice. Surtout quand il lance son appel du 22 mars, à propos d'une "coopérative politique" qui ne veut pas dire grand-chose mais qui est toujours plaisante à entendre.

    Et puis, comment ne pas songer au "mouvement du 22 mars" ? Ca nous rajeunit tous, sauf les plus jeunes qui devront aller consulter l'internet pour savoir de quoi il s'agit ...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:26 AM  

  • Le 22 mars "qui nous rajeunit tous" c'était pour le "joke", les idées nouvelles elles sont sur :

    http://europeecologie22mars.org/

    By Anonymous Thyl, at 9:48 AM  

  • *


    Le bourrage est un bourrage

    AUBRY championne

    du bourrage pour diriger le PS

    du « débourrage »( abstention ) pour " gagner " des élections

    du labourage des classes populaires au profit de LE PEN

    avec tout ça la récolte pour 2012 sera bien difficile !!

    *

    By Anonymous Anonyme, at 9:54 AM  

  • *

    appels du 22 MARS

    appel du 18 JUIN

    cherchez l'erreur

    *

    By Anonymous Anonyme, at 10:20 AM  

  • A 9.54 :

    Vous m'avez l'air bourrin ou bourré.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:26 AM  

  • *

    bourrin :
    (nom masculin)

    Ecouter la définition...
    [familier] Cheval.
    [familier] Moteur de voiture automobile.

    bourré :

    ça vpus connaissez bien et vous ne pouvez que progresser encore ...


    *

    By Anonymous Anonyme, at 6:54 PM  

  • Entièrement d'accord avec votre billet,qui fait écho à mes propres réflexions depuis les résultats.Je ne sais pas si vous avez remarqué mais un nombre non négligeable de personnes s'appliquent à dire depuis dimanche que "non non,ce n'est pas une victoire du PS" et "surtout,évidemment,ce n'est pas une victoire de Martine Aubry".
    Evidemment c'est d'abord une victoire des présidents de région.Mais je ne sais pas ce qu'il aurait fallu pour que ce soit aussi celle d'Aubry.Qu'elle ait impérativement le grand chelem(mot qu'elle n'a jamais employé et qui apparait aujourd'hui comme une évidence pour tous ces éminents observateurs,comme si ça n'était plus un exploit assez inaccessible d'obtenir toutes les régions)? que le PS fasse un score de 75 pour cent?

    Minimiser cette victoire de la première secrétaire c'est normal et banal de la part de la droite.Chez ses adversaires internes la tactique se renifle à plein nez aussi:évidemment ce sont toujours les mêmes,dont on peut quand même interroger la cohérence, car je ne me souviens pas qu'au moment des européennes ils aient cherché à atténuer la responsabilité de la patronne,forcément écrasante à ce moment-là....
    Mais c'est chez les observateurs,journalistes éditorialistes et autres,que ce constat assez unanime de leur part interroge.On a le sentiment que dans leur regard c'est toujours beaucoup plus facile pour certains que pour d'autres.Par exemple si on compare avec Sarkozy dans sa phase ascendante,à la présidence de l'UMP.A l'époque quoi qu'il fasse tout était forcément mirifique.Et qu'a-t-il vraiment fait quand on fait le bilan? la sécurité dont on voit les résultats huit ans après? le si génial programme du travailler plus pour ganer plus? le reste était formidable aussi:"moi je peux tout",médiatisation à l'écoeurement,pipolisation...et qu'a-t-il remporté comme victoire électorale pendant cette période? rien de rien,il en a même perdu une majeure,à savoir le référendum européen(à l'époque on avait accablé Chirac et le PS, lui avait été totalement épargné...).
    De plus,certes les chiraquiens ont cherché à l'abattre,mais à part ça l'ensemble de la droite lui a très vite fait allégeance,rien à voir avec le PS où on vous remet toujours en cause de tous côtés,victoire électorale ou pas.

    Michèle C.

    By Anonymous Anonyme, at 8:08 AM  

  • Michèle,

    J'ajouterai simplement à votre excellente analyse que la victoire en politique est toujours collective : le leader n'est rien sans son parti, et le parti ne peut pas gagner sans un bon leader.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:46 AM  

  • Je continue ici mon commentaire précédent,je craignais de ne plus avoir assez de place.

    Pour comparer encore avec Sarkozy,vu par ceux dont la parole est censée faire autorité.Quand il a remporté la présidentielle avec 53% des voix,certes c'était un très bon score,certes la participation était excellente,mais quand même.A ce moment là,c'était forcément une adhésion extraordinaire,sans précédent,à ses idées,à sa vision,et surtout à sa géniale personne.Très peu ont songé à atténuer tout cela par le matraquage médiatique sans équivalent en sa faveur,écrasant toute autre personnalité depuis 2002,ceci étant favorisé par l'allégeance de très nombreux médias dont tous les patrons sont ses meilleurs amis.D'autre part,alors qu'on nous explique aujourd'hui qu'il n'y a nullement adhésion à la gauche mais uniquement rejet de la droite,personne n'a songé à suggérer en 2007 que Sarkozy avait été pas mal aidé par la fragilité de son adversaire Ségolène Royal qui parvenait à paine à convaincre son propre camp.

    Bref quand on compare les attitudes des observateurs vis à vis du leader de chacun des camps, on a l'impression que Sarkozy,quelque soient ses habituelles tentatives pour se faire plaindre,a eu un chemin pavé de roses(sans jeu de mot)par rapport à la chef du Ps,qui même après avoir amené son camp au meilleur score de la gauche depuis 1958(c'est ce qui a été dit),se voit encore minimiser sa propre contribution à celui-ci,alors même que le PS était en miettes il y a peu de temps.

    C'était beaucoup trop long je m'en excuse,je suis partie dans des développements sans pouvoir m'arrêter.C'était un petit coup de gueule contre tous ces faiseurs d'opinion dont j'ai vraiment le sentiment après leurs réactions de ces jours-ci que ça va être un chantier titanesque d'apaiser leurs sarcasmes en vue de 2012.

    Michèle C.

    By Anonymous Anonyme, at 10:15 AM  

  • Visiblement,
    le président a craqué,
    quand on n'a rien à dire de plus,
    il vaut mieux se taire quand rien n'impose de parler.

    Quand on est inaudible,
    qu'on ait tort ou raison,
    on se tait et on bosse.

    By Anonymous Anonyme, at 12:00 PM  

  • Michèle,

    Ce n'est jamais trop long quand c'est intéressant.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:53 PM  

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