Strauss le recours.

Bonsoir à toutes et à tous.


A quoi reconnaît-on un grand politique ? Au respect qu'il inspire. Qui se traduit comment ? Par l'attitude déférente des journalistes à son égard. Apathie ce matin a été un peu comme ça avec DSK, en tout cas moins mordant qu'avec ses autres invités. Les médias ont retenu de cette intervention que Strauss ne rejetait plus absolument la question de sa candidature aux prochaines présidentielles. Ce n'est pourtant pas complètement nouveau, même si un pas supplémentaire a été accompli ce matin. Et puis, le fait d'aller à l'émission d'Apathie est en soi un marqueur politique. Mais l'essentiel est ailleurs, dans son analyse et son positionnement économique.

D'abord il y a cette prudence qui tranche avec l'optimisme intéressé de Sarkozy : non, la crise n'est pas terminée. Certes, les banques ont été renflouées et la croissance reprend. Mais le chômage est encore là et toujours menaçant. Le système libéral a cru s'en sortir à bon compte parce que les gouvernements l'ont soutenu à bout de bras et évité son effondrement. Mais l'emploi demeure un problème pour les peuples, après que les dirigeants aient échappé à la catastrophe. C'est l'objectif que se donne DSK : combattre le chômage.

Ensuite, il y a ce que les politiques feignent d'oublier, dont ils parlent peu pour certains et qui est pourtant crucial : la dette publique, les affolants déficits, mettant tout autant en péril le système que le crash financier. Là aussi, c'est une tâche à laquelle DSK veut s'astreindre, tout en rejetant toute tentation protectionniste. Il déplore au passage l'échec de la stratégie de Lisbonne et du sommet de Copenhague, qui démontrent que la dimension européenne et planétaire ont encore du mal à s'imposer.

Strauss-Kahn est aujourd'hui, et depuis longtemps déjà, la seule personnalité d'envergure à gauche qui soit pleinement social-démocrate, dans un cheminement intellectuel très rigoureux. On l'a encore vu ce matin quand Apathie a voulu le titiller sur les retraites. Sans condamner les gouvernements, parfois socialistes comme en Espagne, qui allongent la durée de cotisations, il a précisé que le problème n'était pas celui de l'âge légal mais de l'âge réel de départ en retraite.

Strauss sera-t-il le recours pour le PS ? En l'état des choses, nul ne le sait, pas même lui. S'il le devenait, ce ne pourrait être qu'une candidature de rassemblement, non de rapport de force contre d'autres candidats, surtout pas contre Martine Aubry. DSK a trop à donner pour se perdre dans cette stratégie, qui est celle qu'on choisit quand on n'a rien d'autre et qu'on est affaibli.


Bonne soirée.