Petit conseil, longue durée.
Bonjour à toutes et à tous.
C'était hier, à Saint-Quentin, le conseil municipal de rentrée. On allait voir de ce qu'on allait voir! Affaire Ribeiro, affaire Savelli, le mur de Debresie et tout le reste... On n'a rien vu! Pourtant, il y avait du monde au balcon, beaucoup plus de public que d'habitude, qui n'avait d'yeux que pour le transfuge qui a rejoint la droite et qui continue de siéger au côté de la gauche. Mais il ne s'est rien passé, seulement en fin de séance une question orale que l'opposition a voulu poser à propos de Ribeiro et qui a été étouffée dans le brouhaha.
Tout a commencé par une intervention de Michel Aurigny (Parti Ouvrier Indépendant) pour critiquer la télétransmission des documents administratifs, confiée aux collectivités et pas à l'Etat. Une remarque dans le droit fil de l'étatisme du POI. Le maire a répondu sèchement: "Je ne sais pas, vous avez certainement raison", et il a mis au vote le projet. Une entrée en matière froide et cinglante, du Pierre André tout craché.
Le maire a été plus doux mais pas plus tendre avec Carole Berlemont (PS), qui lui fait remarquer que le surclassement démographique de la ville, ouvrant droit à une augmentation de la dotation de solidarité urbaine, prouve que la ville est pauvre et que sa politique a donc échoué. Le premier magistrat retient seulement que Saint-Quentin bénéficie de moyens financiers supplémentaires, grâce à son amendement de la loi Borloo.
Lorsque Jean-Pierre Lançon (PS) émet des doutes sur les exonération fiscales en faveur des "jeunes entreprises innovantes", Pierre André rétorque que toutes les municipalités le font, pour attirer les entreprises et faire face à une concurrence maintenant européenne. Ce type d'entreprises lui semble préférable aux grands hangars de la logistique, qui occupent beaucoup d'espace pour peu d'emplois.
Michel Aurigny revient à la charge sur le prix de l'eau. Mon ancien collègue payait 1,25 francs le m3 sa facture de 1977, et 4,76 euros aujourd'hui. Ailleurs, selon lui, c'est beaucoup moins cher, surtout quand l'eau est en régie. L'opposition demande donc le retour à la régie municipale et l'abaissement du m3 à moins de 3 euros. Pierre André, à nouveau, ne ménage pas Aurigny, l'accusant de "mauvaise foi". Ses explications? Il faut payer les travaux d'assainissement, la station d'épuration. Et si on devait installer un réseau des eaux pluviales, dont Saint-Quentin aurait bien besoin, et remplacer les canalisations en plomb, les coûts seraient énormes.
Quant à la solution de la régie, le maire répond qu'on y est déjà, à 75%, seule l'exploitation (la station d'épuration) étant confié au privé, qui dispose du savoir faire nécessaire. Sur le projet politique d'un service public de l'eau, il est critique. La plupart des communes rurales ne sont pas assainies, le coût à nouveau va être gigantesque. Le principe de Pierre André: mieux vaut faire payer le consommateur que le contribuable. Valor'Aisne, syndicat départemental chargé de la gestion des déchets, ne prouve pas selon lui que les collectivités gèrent mieux ce type de problème que le secteur privé.
La seule et unique concession que va faire le maire à l'opposition fera suite à l'intervention de Nora Ahmed-Ali (Verts), qui propose la collecte des déchets ménagers au porte à porte, sans passer par les containers. Pierre André retient l'idée, suggère d'y réfléchir en associant l'opposition et annonce une consultation de la population.
Olivier Tournay (PCF) souligne que 1200 logements sociaux manquent à Saint-Quentin pour satisfaire les besoins. Un débat s'ensuit sur la politique du logement, avec des considérations diverses du maire sur la monoparentalité qui modifie la donne, l'occupation des HLM par ceux qui ne devraient pas en bénéficier et qui les libèrent quand des appartements de standing leur sont proposés, le coût de la rénovation qui rend préférable la destruction.
La séance s'est terminée sur trois questions orales, dont la dernière, sur Ribeiro, a été apparemment shuntée. Olivier Tournay a proposé que la Ville verse une subvention aux victimes de la tornade d'Haumont. Cette fois, le maire se replie sur la solidarité financière de l'Etat, convenant seulement d'une aide matérielle. Michel Aurigny, qui a ouvert le feu, a aussi conclu, pour condamner les suppressions de poste et les réductions d'horaires à la Poste de Saint-Quentin. Pierre André, au contraire, se félicite de la création d'une centaine d'emplois et de la suppression des heures où personne ne vient aux guichets.
Un court débat, plus politique, a porté sur la privatisation de la Poste, le maire, malin, faisant porter la responsabilité à... Jospin et à l'Europe, tout en vantant le modèle allemand, le conseiller municipal d'opposition demandant le rétablissement du monopole d'Etat et refusant de confier aux superettes certaines tâches postales.
Mon impression sur ce conseil municipal de rentrée? Le barouf attendu par la presse n'a pas eu lieu, l'opposition s'est assagie, Pierre André n'a pas changé, les échanges ont été intéressants mais pas concluants, chaque conseiller municipal d'opposition y va de son registre, sans qu'on discerne vraiment une ligne politique générale. Mais peut-elle vraiment exister avec une telle hétérogénéité des appartenances?
Bref, un petit conseil sans éclats, pour une durée inhabituellement longue (2h35). Rien sur le mur Debresie (où en est-on?), rien sur les rémunérations des animateurs de la plage en deçà du Smic, rien non plus, à mon grand étonnement, sur les feux de poubelles et incendies de voitures qui perturbent la tranquillité de la ville depuis quelques jours, alors que la police municipale s'est installée depuis peu dans le quartier Europe.
Bonne matinée.
C'était hier, à Saint-Quentin, le conseil municipal de rentrée. On allait voir de ce qu'on allait voir! Affaire Ribeiro, affaire Savelli, le mur de Debresie et tout le reste... On n'a rien vu! Pourtant, il y avait du monde au balcon, beaucoup plus de public que d'habitude, qui n'avait d'yeux que pour le transfuge qui a rejoint la droite et qui continue de siéger au côté de la gauche. Mais il ne s'est rien passé, seulement en fin de séance une question orale que l'opposition a voulu poser à propos de Ribeiro et qui a été étouffée dans le brouhaha.
Tout a commencé par une intervention de Michel Aurigny (Parti Ouvrier Indépendant) pour critiquer la télétransmission des documents administratifs, confiée aux collectivités et pas à l'Etat. Une remarque dans le droit fil de l'étatisme du POI. Le maire a répondu sèchement: "Je ne sais pas, vous avez certainement raison", et il a mis au vote le projet. Une entrée en matière froide et cinglante, du Pierre André tout craché.
Le maire a été plus doux mais pas plus tendre avec Carole Berlemont (PS), qui lui fait remarquer que le surclassement démographique de la ville, ouvrant droit à une augmentation de la dotation de solidarité urbaine, prouve que la ville est pauvre et que sa politique a donc échoué. Le premier magistrat retient seulement que Saint-Quentin bénéficie de moyens financiers supplémentaires, grâce à son amendement de la loi Borloo.
Lorsque Jean-Pierre Lançon (PS) émet des doutes sur les exonération fiscales en faveur des "jeunes entreprises innovantes", Pierre André rétorque que toutes les municipalités le font, pour attirer les entreprises et faire face à une concurrence maintenant européenne. Ce type d'entreprises lui semble préférable aux grands hangars de la logistique, qui occupent beaucoup d'espace pour peu d'emplois.
Michel Aurigny revient à la charge sur le prix de l'eau. Mon ancien collègue payait 1,25 francs le m3 sa facture de 1977, et 4,76 euros aujourd'hui. Ailleurs, selon lui, c'est beaucoup moins cher, surtout quand l'eau est en régie. L'opposition demande donc le retour à la régie municipale et l'abaissement du m3 à moins de 3 euros. Pierre André, à nouveau, ne ménage pas Aurigny, l'accusant de "mauvaise foi". Ses explications? Il faut payer les travaux d'assainissement, la station d'épuration. Et si on devait installer un réseau des eaux pluviales, dont Saint-Quentin aurait bien besoin, et remplacer les canalisations en plomb, les coûts seraient énormes.
Quant à la solution de la régie, le maire répond qu'on y est déjà, à 75%, seule l'exploitation (la station d'épuration) étant confié au privé, qui dispose du savoir faire nécessaire. Sur le projet politique d'un service public de l'eau, il est critique. La plupart des communes rurales ne sont pas assainies, le coût à nouveau va être gigantesque. Le principe de Pierre André: mieux vaut faire payer le consommateur que le contribuable. Valor'Aisne, syndicat départemental chargé de la gestion des déchets, ne prouve pas selon lui que les collectivités gèrent mieux ce type de problème que le secteur privé.
La seule et unique concession que va faire le maire à l'opposition fera suite à l'intervention de Nora Ahmed-Ali (Verts), qui propose la collecte des déchets ménagers au porte à porte, sans passer par les containers. Pierre André retient l'idée, suggère d'y réfléchir en associant l'opposition et annonce une consultation de la population.
Olivier Tournay (PCF) souligne que 1200 logements sociaux manquent à Saint-Quentin pour satisfaire les besoins. Un débat s'ensuit sur la politique du logement, avec des considérations diverses du maire sur la monoparentalité qui modifie la donne, l'occupation des HLM par ceux qui ne devraient pas en bénéficier et qui les libèrent quand des appartements de standing leur sont proposés, le coût de la rénovation qui rend préférable la destruction.
La séance s'est terminée sur trois questions orales, dont la dernière, sur Ribeiro, a été apparemment shuntée. Olivier Tournay a proposé que la Ville verse une subvention aux victimes de la tornade d'Haumont. Cette fois, le maire se replie sur la solidarité financière de l'Etat, convenant seulement d'une aide matérielle. Michel Aurigny, qui a ouvert le feu, a aussi conclu, pour condamner les suppressions de poste et les réductions d'horaires à la Poste de Saint-Quentin. Pierre André, au contraire, se félicite de la création d'une centaine d'emplois et de la suppression des heures où personne ne vient aux guichets.
Un court débat, plus politique, a porté sur la privatisation de la Poste, le maire, malin, faisant porter la responsabilité à... Jospin et à l'Europe, tout en vantant le modèle allemand, le conseiller municipal d'opposition demandant le rétablissement du monopole d'Etat et refusant de confier aux superettes certaines tâches postales.
Mon impression sur ce conseil municipal de rentrée? Le barouf attendu par la presse n'a pas eu lieu, l'opposition s'est assagie, Pierre André n'a pas changé, les échanges ont été intéressants mais pas concluants, chaque conseiller municipal d'opposition y va de son registre, sans qu'on discerne vraiment une ligne politique générale. Mais peut-elle vraiment exister avec une telle hétérogénéité des appartenances?
Bref, un petit conseil sans éclats, pour une durée inhabituellement longue (2h35). Rien sur le mur Debresie (où en est-on?), rien sur les rémunérations des animateurs de la plage en deçà du Smic, rien non plus, à mon grand étonnement, sur les feux de poubelles et incendies de voitures qui perturbent la tranquillité de la ville depuis quelques jours, alors que la police municipale s'est installée depuis peu dans le quartier Europe.
Bonne matinée.
4 Comments:
Emmanuel,
Etant moi-même délégué à Valor'Aisne, l'annonce du choix du tri sélectif "au porte à porte" contrairement à la démarche volontaire actuelle n'ai pas une surprise pour moi, et la consultation n'est pas utile hormis pour la communication; puisqu'à la dernière réunion (il y a une semaine et demi, environ), le délégué de la com d'agglo. avait déjà évoqué cette nouvelle orientation. Un problème de retransmission d'infos des délégués de la com d'agglo aux autres conseillers semble t'il.
Quant à la pertinence de valor'Aisne : sur les trois rivières, nous payons 24 euros la tonne traitée. Si St quentin avait choisi le tri sélectif au porte à porte, comme de nombreuses collectivités font depuis AU MOINS DIX ANS, la tonne à St Quentin serait peut être moins chère qu'aujourd'hui.
Donc Valor'Aisne est utile, il suffit de simplement savoir prendre le train en marche, et pas se focaliser sur la solution de l'incinération (beaucoup plus polluante et onéreuse que la solution tri - valorisation/enfouissement).
Voilà pour la petite histoire et le souci que Monsieur le Sénateur Maire a avec Valor'Aisne.
L.E.
By Anonyme, at 1:51 PM
Merci Laurent pour tes précieuses précisions. J'ai vu, dans tes précédents commentaires, que tu t'intéressais à la philo (jusqu'à avoir songé devenir prof!)? Tu viens quand dans mon prochain café-philo?
By Emmanuel Mousset, at 2:03 PM
Emmanuel,
Donne moi les dates et j'essaierai de venir. pas tout de suite, quand même, La politique prenant pas mal de temps, plus le travail, je profite un peu de temps que jai avec mon épouse et mon fils.
L.E.
By Anonyme, at 5:29 PM
Voilà ce que c'est que de se marier et de procréer! On ne peut plus rien faire...
Je t'envoie ça sur ta messagerie.
By Emmanuel Mousset, at 7:12 PM
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