Peur sur la ville.
Bonsoir à toutes et à tous.
Lecteurs attentifs et fidèles de ce blog, vous le savez: je m'intéresse de près, et depuis longtemps, au phénomène sociologique de la rumeur. Celle-ci exprime toujours une souffrance qui ne peut pas, qui ne veut pas se dire. C'est souvent un pur fantasme dont il faut rechercher le sens, car une rumeur n'est pas gratuite, elle est révélatrice de quelque chose. Ces derniers jours, la rumeur court que Villepin intégrerait le gouvernement, à la tête d'un ministère forcément important. Rien n'étaie cette "information", aucun fait, même ténu, ne la corrobore. Et pourtant, elle court, elle court... Face à la crise financière mondiale, la droite rêve d'unité nationale, Fillon l'a proclamé. Pour rassembler les autres, il faut d'abord se rassembler soi. D'où ce fantasme d'un retour de Villepin, que les villepinistes sont trop heureux de laisser filer, ne démentant rien, nourrissant ainsi la rumeur.
Mais mon intérêt ce soir va ailleurs, se porte sur cette incroyable rumeur de mardi, dans ma bonne ville de Saint-Quentin. Une quarantaine de jeunes du quartier Europe s'apprêtaient, armés de barre de fer, devant le lycée Condorcet, à affronter 300 skinheads supposés s'attaquer à ce quartier populaire, en cette fin de ramadan. 300, rien que ça, venant soi-disant par le train ou en voiture, d'on ne sait où, puisqu'il n'existe peut-être même pas 30 malheureux skinheads dans toute l'Aisne. Un délire absolu, des policiers mobilisés pour rien: pas le début de l'ombre d'un crâne rasé!
Le plus fou dans cette affaire, c'est que nous ne sommes pas en présence de jeunes qui jouent à se faire peur, mais de toute une partie de la population qui a marché et qui a paniqué. Le commissaire de police David Boileau l'explique au Courrier Picard d'hier: "C'est impressionnant comme ça a pris. Nous avons reçu des centaines d'appels de personnes qui nous signalaient que des bagarres allaient avoir lieu. Des appels d'élus, de médiateurs, de gardiens de l'OPAC, de chefs d'établissement." A ce stade, impliquant des adultes sérieux et responsables, il n'est pas exagéré de dire que nous avons vécu une vraie psychose collective sur la ville. Mais pourquoi?
Depuis plusieurs semaines, le quartier Europe et quelques points de la ville sont la proie d'incidents qui ont nettement augmenté, poubelles incendiées, voitures brûlées. Comment ne pas faire un lien entre cette multiplication de méfaits et la rumeur qui s'est abattue sur la ville? Le maire le répète, l'opposition le confirme: Saint-Quentin est une ville pauvre. Malgré l'afflux des subventions, malgré la rénovation du cadre de vie, le chômage, la précarité, les bas salaires, la pauvreté sont toujours là. La droite semble installée pour l'éternité, la gauche paraît condamnée à s'opposer. Le mal dont souffre une partie de la population, c'est la désespérance. Les jeunes sont frappés plus que d'autres. Dans ces conditions, comment s'étonner que naissent des pathologies sociales dont la rumeur est le symptôme? Saint-Quentin guérira de la peur qu'en retrouvant ce qu'elle a perdu: l'espoir.
Bonne soirée.
Lecteurs attentifs et fidèles de ce blog, vous le savez: je m'intéresse de près, et depuis longtemps, au phénomène sociologique de la rumeur. Celle-ci exprime toujours une souffrance qui ne peut pas, qui ne veut pas se dire. C'est souvent un pur fantasme dont il faut rechercher le sens, car une rumeur n'est pas gratuite, elle est révélatrice de quelque chose. Ces derniers jours, la rumeur court que Villepin intégrerait le gouvernement, à la tête d'un ministère forcément important. Rien n'étaie cette "information", aucun fait, même ténu, ne la corrobore. Et pourtant, elle court, elle court... Face à la crise financière mondiale, la droite rêve d'unité nationale, Fillon l'a proclamé. Pour rassembler les autres, il faut d'abord se rassembler soi. D'où ce fantasme d'un retour de Villepin, que les villepinistes sont trop heureux de laisser filer, ne démentant rien, nourrissant ainsi la rumeur.
Mais mon intérêt ce soir va ailleurs, se porte sur cette incroyable rumeur de mardi, dans ma bonne ville de Saint-Quentin. Une quarantaine de jeunes du quartier Europe s'apprêtaient, armés de barre de fer, devant le lycée Condorcet, à affronter 300 skinheads supposés s'attaquer à ce quartier populaire, en cette fin de ramadan. 300, rien que ça, venant soi-disant par le train ou en voiture, d'on ne sait où, puisqu'il n'existe peut-être même pas 30 malheureux skinheads dans toute l'Aisne. Un délire absolu, des policiers mobilisés pour rien: pas le début de l'ombre d'un crâne rasé!
Le plus fou dans cette affaire, c'est que nous ne sommes pas en présence de jeunes qui jouent à se faire peur, mais de toute une partie de la population qui a marché et qui a paniqué. Le commissaire de police David Boileau l'explique au Courrier Picard d'hier: "C'est impressionnant comme ça a pris. Nous avons reçu des centaines d'appels de personnes qui nous signalaient que des bagarres allaient avoir lieu. Des appels d'élus, de médiateurs, de gardiens de l'OPAC, de chefs d'établissement." A ce stade, impliquant des adultes sérieux et responsables, il n'est pas exagéré de dire que nous avons vécu une vraie psychose collective sur la ville. Mais pourquoi?
Depuis plusieurs semaines, le quartier Europe et quelques points de la ville sont la proie d'incidents qui ont nettement augmenté, poubelles incendiées, voitures brûlées. Comment ne pas faire un lien entre cette multiplication de méfaits et la rumeur qui s'est abattue sur la ville? Le maire le répète, l'opposition le confirme: Saint-Quentin est une ville pauvre. Malgré l'afflux des subventions, malgré la rénovation du cadre de vie, le chômage, la précarité, les bas salaires, la pauvreté sont toujours là. La droite semble installée pour l'éternité, la gauche paraît condamnée à s'opposer. Le mal dont souffre une partie de la population, c'est la désespérance. Les jeunes sont frappés plus que d'autres. Dans ces conditions, comment s'étonner que naissent des pathologies sociales dont la rumeur est le symptôme? Saint-Quentin guérira de la peur qu'en retrouvant ce qu'elle a perdu: l'espoir.
Bonne soirée.
2 Comments:
Le quartier europe représente 1/5 de la population saint quentinoise, c'est aussi un quartier trés jeune et qui se sent complétement abandonné par les pouvoirs publique. Bien sûr ceci ne justifie en aucun cas les violences de ces dérniers jours que je condamnes, mais si des projets étaient menés en concertation avec les habitants, avec des personnes du terrain, si les jeunes se sentaient impliquaient dans la vie de leur quartier ces incivilités n'auraient peut être pas lieu. Ils ont déja prouver qu'ils étaient capable de monter de grands projets ( création d'association "AJE" en 2000 en partenariat avec la maison du CIL et la ville de saint quentin). Xavier Bertrand disait l'orsqu'il était conseiller general "c'est un quartier qui peut exploser du jour au lendemain" hélas le temps lui da donné raison. Mais les solutions existent et elles sont simples.
mourad
By Anonyme, at 11:19 AM
C'est bien pourquoi je ne comprends pas que la situation préoccupante du quartier Europe, pour toutes les raisons que tu as rappelées, n'ait pas été l'objet d'un débat lundi soir en conseil municipal.
By Emmanuel Mousset, at 11:41 AM
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