Un grand est passé.
Bonsoir à toutes et à tous.
Je n'aime pas les hommages post mortem. Ils sont souvent pleins d'affectation et d'hypocrisie. C'est de leur vivant qu'il faut apprécier et aimer les gens. Je préfère le silence et le recueillement. La pensée du disparu me suffit. C'est ma façon à moi de prier. Mais pour Philippe Séguin, je n'hésiterai pas à faire son éloge, parce que plusieurs fois sur ce blog j'ai parlé de lui, toujours en bien.
C'était un homme de droite, gaulliste orthodoxe, donc un adversaire politique. En 1981, il a combattu avec panache les réformes que mettait en place la gauche. En 1992, il s'est opposé à cette étape fondamentale de la construction européenne qu'était le traité de Maastrich. Et alors ? Ce sont ses qualités humaines et intellectuelles que j'estimais au plus haut point.
D'abord Séguin était un homme de conviction. Il n'y en a pas tant que ça en politique. Je me souviens de son débat avec Mitterrand pendant la campagne référendaire de 1992. Il s'est exprimé avec beaucoup de dignité devant un chef d'Etat terriblement malade, sans rien renier de ses prises de positions. Nous étions alors à un tout autre niveau d'échanges contradictoires que la détestable campagne de 2005.
Ensuite Séguin était un homme libre, sans aucune considération pour les décisions d'appareil. Sa liberté se vivait dans la fidélité. En 1995, il était sur le fameux balcon d'où Chirac célébrait sa première victoire présidentielle. Tout le monde n'y était pas, sur ce balcon ; suivez mon regard ...
Parce qu'il était un homme de conviction, parce qu'il était un homme libre, Philippe Séguin a connu un destin contrarié. Il a été seulement ministre alors qu'il pouvait espérer être le premier d'entre eux, et même le premier tout court, président ! Mais c'est le drame de la politique : la ligne droite des convictions s'accommode mal de la ligne sinueuse des opportunités, qui seule fait pourtant gagner, sauf dans les grandes occasions historiques. Ce qui a manqué à Séguin, c'est de rencontrer l'Histoire, parce que son époque, notre époque ne s'y prêtent pas vraiment, du moins en France.
Enfin, Séguin était un militant dévoué, à droite on dira plutôt un serviteur de l'Etat. La présidence de la Cour des Comptes est certes un militantisme de prestige. Mais c'est très loin des hautes fonctions politiques auxquelles il aurait pu aspirer. A ce poste, il a cependant oeuvré avec coeur et courage pour son pays, dans le sens de l'intérêt général. Il s'est rendu utile à cette République qu'il aimait tant. Après tout, c'est peut-être suffisant pour remplir une vie politique : montrer qu'on est utile à quelque chose.
Bonne nuit.
Je n'aime pas les hommages post mortem. Ils sont souvent pleins d'affectation et d'hypocrisie. C'est de leur vivant qu'il faut apprécier et aimer les gens. Je préfère le silence et le recueillement. La pensée du disparu me suffit. C'est ma façon à moi de prier. Mais pour Philippe Séguin, je n'hésiterai pas à faire son éloge, parce que plusieurs fois sur ce blog j'ai parlé de lui, toujours en bien.
C'était un homme de droite, gaulliste orthodoxe, donc un adversaire politique. En 1981, il a combattu avec panache les réformes que mettait en place la gauche. En 1992, il s'est opposé à cette étape fondamentale de la construction européenne qu'était le traité de Maastrich. Et alors ? Ce sont ses qualités humaines et intellectuelles que j'estimais au plus haut point.
D'abord Séguin était un homme de conviction. Il n'y en a pas tant que ça en politique. Je me souviens de son débat avec Mitterrand pendant la campagne référendaire de 1992. Il s'est exprimé avec beaucoup de dignité devant un chef d'Etat terriblement malade, sans rien renier de ses prises de positions. Nous étions alors à un tout autre niveau d'échanges contradictoires que la détestable campagne de 2005.
Ensuite Séguin était un homme libre, sans aucune considération pour les décisions d'appareil. Sa liberté se vivait dans la fidélité. En 1995, il était sur le fameux balcon d'où Chirac célébrait sa première victoire présidentielle. Tout le monde n'y était pas, sur ce balcon ; suivez mon regard ...
Parce qu'il était un homme de conviction, parce qu'il était un homme libre, Philippe Séguin a connu un destin contrarié. Il a été seulement ministre alors qu'il pouvait espérer être le premier d'entre eux, et même le premier tout court, président ! Mais c'est le drame de la politique : la ligne droite des convictions s'accommode mal de la ligne sinueuse des opportunités, qui seule fait pourtant gagner, sauf dans les grandes occasions historiques. Ce qui a manqué à Séguin, c'est de rencontrer l'Histoire, parce que son époque, notre époque ne s'y prêtent pas vraiment, du moins en France.
Enfin, Séguin était un militant dévoué, à droite on dira plutôt un serviteur de l'Etat. La présidence de la Cour des Comptes est certes un militantisme de prestige. Mais c'est très loin des hautes fonctions politiques auxquelles il aurait pu aspirer. A ce poste, il a cependant oeuvré avec coeur et courage pour son pays, dans le sens de l'intérêt général. Il s'est rendu utile à cette République qu'il aimait tant. Après tout, c'est peut-être suffisant pour remplir une vie politique : montrer qu'on est utile à quelque chose.
Bonne nuit.
posted by Emmanuel Mousset at
9:59 PM
9 Comments:
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
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Arthur Nouaillat, at 12:08 AM
C'était le ministre préféré de Mitterrand qui ne comprenanait d'ailleurs pas pourquoi il n'était pas de gauche.
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Arthur Nouaillat, at 12:08 AM
Face à quelqu'un de cette trempe, la question des étiquettes (gauche-droite) se brouille un peu. Ce qui est sûr c'est qu'il n'était ni un conservateur, ni un réactionnaire, ni un poltron discipliné ou galloné, espèces assez courantes dans toutes les familles (et ce n'est pas une spécialité des seules familles politiques). Il me semble que le mot "discipliné" qu'emploie Emmanuel l'aurait beaucoup fait rire, c'était, au beau sens qu'avait ce mot dans ma jeunesse, un français libre. Et pas le genre de liberté, le brouhaha des "moi-je", qui est de mode aujourd'hui, une liberté plus exigeante pour le bien public, pour des convictions ou des combats plus forts que les attachements.
En écoutant ses biographies politiques j'ai été personnellement ému d'apprendre que j'aurais pu le croiser dans l'UNEf de la résistance à la guerre d'Algérie.
Deux choses me peinent aujourd'hui : le souvenir qu'il ait consenti plusieurs fois à servir de marchepied (mais sans servilité), à un personnage si médiocre que Chirac. Et puis le spectacle si révulsant de l'hypocrisie des familles recomposées autour des enterrements (je ne parle pas de ses vrais amis dont l'émotion était palpable). Je taquinais hier Emmanuel sur les revenants mais finalement je dois bien convenir que les défunts qui prennent le temps d'engueuler les hypocrites comme de venir prendre par l'épaule ceux qui les ont aimés, ont bien du talent.
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Thyl, at 2:22 AM
A 3 A 3
Quelque soit l'hommage personnel , politique , celui de la nation , c'est avec un grand respect que nous nous inclinons devant Philippe SEGUIN ...
Sur A2 hier soir , une émouvante rétrospective avec des interviews , a montré un Philippe SEGUIN comme « un permanent » au service de la république ; un de ses mots est révélateur , devant un problème , il n’ y a ni GAUCHE , ni DROITE , mais l’ intérêt général ….
Il faut nuancer toutefois le BILLET de EM : << Ce qui a manqué à Séguin, c'est de rencontrer l'Histoire >>
Mais l’ histoire était venu le chercher à moins de un an ….
Et il fut décoré à 6 ans en recevant la médaille décernée à titre posthume à son père ( sa Maman était institutrice de la République … ) , l’ histoire ne
l’a donc pas quitté , et les lignes ci-dessous expliquent ce qu’il a exprimé dans des interviews , lui pupille de la nation ; il disait la nation a des devoirs envers les pupilles , mais ce grand homme lui a bien rendu et sans se ménager jusque au dernier jour …
Robert SEGUIN :
Philippe Séguin était le fils de l'aspirant Robert Séguin, tué le 7 septembre 1944, alors qu'il combattait au sein du 4ème régiment de tirailleurs tunisiens pour la Libération de la France. Il tomba au col de Ferrière, à proximité de Clerval (Doubs), laissant derrière lui, à 22 ans, une jeune veuve et un fils, Philippe, né le 21 avril 1943. Cette absence du père fut l'un des grands traits de la personnalité de Philippe Séguin.
Un demi-siècle plus tard, maire d'Epinal et député des Vosges, il parvint à convaincre le ministre de la Défense François Léotard de rebaptiser le 170 ème régiment d'infanterie, qui tient garnison à Epinal, en 1er régiment de tirailleurs. Ce fut fait le 1er mai 1994. Les traditions de l'Armée d'Afrique était relevée et le 1er Tir possède sa nouba, ses tenues de tradition nord-africaines et son bélier.
A l'époque, les régiments d'infanterie mécanisée possédaient des chars AMX-30 et l'un d'entre eux portait le nom d'aspirant Séguin.
V d V
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Anonyme, at 6:31 AM
A 3
à EM
Comme rang dans la nation ; il a été le numéro 4 en tant que Président de l'Assemblée et hier Jean - Marc AYRAUT a exprimé combien il l'avait apprécié dans cette fonction au sommet de
l'état .... Philippe Séguin avait beaucoup donné aussi à cette époque en modernisant cette institution ...
V d V
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Anonyme, at 7:02 AM
Jospin sur RTL
"DSK, directeur général du Front NATIONAL International."
Que doit-on y comprendre ?
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Anonyme, at 2:22 PM
A ma connaissance, il n'a jamais chialé pour avoir les palmes académiques : indiscipliné et anti-breloques.
ça nous change de l'abonné aux lapsus avec son front national international : soutien de la viticulture française ?
Pauvre DSK.
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Anonyme, at 5:35 PM
A 2.22 :
Que certains lapsus, comme en convient Freud, ne sont pas révélateurs.
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Emmanuel Mousset, at 10:42 PM
A 3
Je persiste et signe :
si on considère que c' est la constitution qui donne le 2 au PDT du Sénat , et que vu le rôle beaucoup moins évident du premier ministre depuis
F MITERRAND ( sous la V ° ) le Pdt de l' ASSEMBLEE qui a
d'énormes responsabilités dans le fonctionnement de la REPUBLIQUE , est donc pratiquement le 2° personnage de l' état !!!
et reconnu comme tel à
l'international
donc avec sa carrure
P SEGUIN était bien au sommet ; n'en déplaise aux amateurs de la politique ...
et c' est pourquoi certains le voyaient comme un locataire possible de l'ELYSEE comme aussi R BARRE , mais leurs caractères trop affirmés et leur énorme potentiel technique déplaisaient aux monde politique correct par définition tout au moins en SURFACE ....
V d V
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Anonyme, at 8:48 AM
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