La gauche doit être présente.

Bonjour à toutes et à tous.


En revenant de la manif, je lis dans L'Aisne Nouvelle que l'opposition municipale va finalement présenter lundi un candidat au poste de maire de Saint-Quentin. Très bien. Je craignais qu'elle ne se range au faux argument du "c'est joué d'avance", comme pouvaient le laisser entendre ses premières réactions. L'important, en démocratie, c'est qu'il y ait face à la droite une alternative de gauche, y compris au niveau local (sauf dans les villages, où l'enjeu politique est moins flagrant).

Que ce candidat soit la tête de liste des dernières municipales, rien là aussi que de très normal. C'est d'ailleurs ce que j'avais répondu à un commentaire posté à la suite de mon billet du 30 septembre. Quelle sera maintenant la teneur de son discours lundi prochain, c'est une autre histoire ... Je suis en désaccord avec la ligne politique de cette opposition, trop liée à l'extrême gauche, donc dépourvue de cohérence politique.

Mais la situation peut évoluer. La preuve, les réactions au départ de Pierre André ont été plutôt modérées, allant jusqu'à saluer son sens du débat, ce qui est quand même un très net infléchissement (dans l'Aisne, seul René Dosière a émis une critique en parlant de "l'autoritarisme " du sénateur-maire). De là à penser que l'opposition pourrait se défaire de ses alliances, renoncer à sa ligne de radicalité, s'ouvrir à la société civile, adopter un projet de gauche modéré, rassembleur et moins partisan, je le souhaite mais je n'y crois pas trop.

Une simple petite remarque d'Olivier Tournay, dans L'Aisne Nouvelle d'aujourd'hui, me le confirme. A la question du journaliste Jérôme Poinsu sur la "discrétion" de l'opposition dans la vie locale, la réponse d'Olivier est la suivante : "plutôt que de vouloir être pris en photo lors d'inaugurations, notre rôle est d'être aux côtés des retraités pour défendre leurs pensions". Ça peut paraître un détail mais ça ne l'est pas : en matière de méthode, je suis en amicale divergence avec Olivier et cette opposition. Et je vous explique pourquoi :

1- Il n'y a pas contradiction à manifester et à être présent dans les inaugurations. Les deux vont ensemble. Et quand on est de gauche, la manif c'est le minimum syndical qui ne dispense pas de tout le reste.

2- Si la population a mandaté des élus d'opposition, c'est aussi pour que ceux-ci la représentent dans des activités qui n'appartiennent pas qu'à l'équipe municipale mais à l'ensemble des Saint-Quentinois. Quand des artistes exposent, quand une rue est réaménagée, quand une fête ouvre ses portes, les élus de gauche doivent être là, parce que c'est l'argent des contribuables qui est utilisé, parce que c'est aussi l'occasion de rencontrer et de discuter avec la population, ne serait-ce que pour exprimer parfois son désaccord avec l'objet de l'inauguration.

3- La remarque d'Olivier sur "vouloir être pris en photo" est surprenante. N'est-ce pas l'objectif de tout politique que de vouloir communiquer, montrer qu'il est présent, qu'il s'intéresse aux Saint-Quentinois ? Le journal est un des moyens, qui n'a rien de déshonorant ou de méprisable. Et quelle idée de suggérer que la photo dans le journal ne répondrait qu'à des impératifs de vanité ou de narcissisme !

A la différence d'Olivier et de ses amis, je pense que la gauche doit être présente, et dans la presse, et dans les inaugurations, sans délaisser bien sûr les manifs. Laisser le champ libre à la droite, lui abandonner le terrain et les médias, c'est pour moi une faute politique. Non, la gauche ne deviendra crédible et ne l'emportera à Saint-Quentin que par un engagement très fort dans le monde associatif et la vie de la cité.


Bonne journée,
bonnes manifs.