La victoire au centre ?

Bonsoir à toutes et à tous,


L'Aisne Nouvelle se livre, dans son édition d'aujourd'hui, à une analyse du scrutin cantonale dans Saint-Quentin Centre, sous la plume d'Eric Leskiw. Il en ressort que la victoire de la gauche est possible, ce que je crois aussi (contrairement à ce qui se dit en ville, où c'est plutôt dans le canton nord qu'on attend la défaite de la droite, alors que cette perspective sera très difficile). Quelques réflexions :

1- Contrairement au nord, le centre a un passé de gauche, et même récent. Certes, le journaliste souligne que le manque de notoriété du candidat socialiste, Stéphane Andurand, est "un handicap certain". Moi aussi, j'aurais préféré qu'Anne Ferreira soit candidate, car élue et connue. Et puis, une possible victoire aurait été pour elle un tremplin pour les scrutins à venir, auxquels elle a déjà annoncé se préparer (essentiellement les municipales). Mais voilà : entre la logique de la notoriété et la logique de la nouveauté, il fallait choisir. A vrai dire, nul ne sait dans ces circonstances quelle sera la stratégie gagnante. Réponse dans une semaine.

2- Stéphane Andurand a joué très habilement : il s'est acquis les faveurs du Parti et de l'aile gauche, alors qu'il s'était montré très critique envers celle-ci lors des dernières municipales. S'il devient conseiller général, il sera peut-être le leader que se cherche la gauche locale, premier depuis treize ans à battre la droite. Mais il ne faut pas vendre la peau de l'ours : Colette Blériot est bien implantée, très présente, son théorème de campagne est imparable : "Pour aider les gens, il faut les aimer", déclare-t-elle dans L'Aisne Nouvelle. Son sourire désarmant est peut-être plus efficace que les meilleures rhétoriques. Attention Stéphane !

3- A cette victoire de la gauche, il y a une condition, pas impossible à remplir : une triangulaire avec le Front National. Sinon la sortante, soutenue par la Municipalité, gardera toutes ses chances de l'emporter. Mais avec un candidat FN au second tour, ce sera beaucoup plus difficile, et c'est dans cette configuration que le PS pourrait espérer vaincre. En 2 004, quelques voix avaient manqué à l'extrême droite pour se maintenir. Cette fois, avec l'effet Marine Le Pen, ce pourrait être bon pour eux. Et du coup, désolé de cette vérité, bon pour nous (à la différence du canton nord, où la triangulaire est handicapante pour la gauche).

4- Il faut aussi s'arrêter un peu sur la candidature d'Olivier Tournay, qui s'est fondu dans le Front de Gauche, même si sa section critique cette stratégie au plan national. Son objectif est de passer "devant les socialistes". On peut rêver mais ça me semble impossible. En revanche, Olivier peut faire un bon score, puisque sa présence au sein de l'opposition municipale, jeune, dynamique, pédagogue, profite au PCF local.

5- Stéphane Monnoyer, candidat pour le MoDem, ne se reconnaît pas dans les idées et les valeurs de l'UMP mais affirme : "J'ai beaucoup d'estime pour Colette Blériot". Ok, ce genre de dialectique, où on dit quelque chose sans le dire tout en le disant, je connais, et je sais comment ça se termine. Rendez-vous dans l'entre-deux tours.

6- Un autre qui est très dialecticien, c'est Daniel Wargnier, écolo d'un parti que tout le monde a oublié, Génération Ecologie, et qui affirme : "Quand on voit ce que l'on voit, et que l'on entend ce que l'on entend, on a bien raison de penser ce que l'on pense". C'est aussi un théorème, très différent de celui de Colette Blériot, mais avec un fond philosophique qui n'aura échappé à personne.


Bonne soirée.