Primaires ou pas ?

Bonsoir à toutes et à tous,


Alors ces primaires, on les fait ou on laisse tomber ? Du calme et réfléchissons. A l'origine, pourquoi les socialistes ont-ils voulu ce dispositif complètement nouveau ? Pour deux raisons : d'abord, il y a deux ans, face à l'absence de leadership et aux risques de division, il fallait une procédure qui désigne de façon incontestable un présidentiable. D'où le recours à nos électeurs pour trancher : voilà le premier motif des primaires.

Le second, dans le cadre de la rénovation de notre Parti , de ses structures et pratiques, c'était d'ouvrir les portes et fenêtres pour faire venir à nous du monde, de ne plus se replier sur des effectifs de sections maigres à faire peur, des réunions qui peuvent dans certains endroits se tenir dans un salon, quand ça ne tourne pas parfois à la rencontre familiale ou amicale. L'objectif, à terme, c'était d'aller vers un parti de masse, bien ancré dans la population, réellement représentatif, avec des modalités nouvelles de liaison entre l'appareil et les sympathisants.

Où en sommes-nous aujourd'hui ? Le leadership, nous l'avons, il s'appelle Strauss-Kahn. On peut ne pas partager sa sensibilité social-démocrate, ce que je comprends parfaitement. Mais nous sommes bien obligés d'admettre que c'est lui qui est en situation, à moins d'être fou ou idiot, ce qui ne devrait pas être permis à un socialiste. Si c'est Strauss, pourquoi le faire concourir avec un autre ou plusieurs autres ?

C'est peine perdue, tâche inutile, énergie gaspillée, qu'il faudrait mieux économiser, tant qu'à faire, pour combattre la droite. Si DSK est le seul candidat au final, Hollande et Royal ayant l'intelligence de renoncer, les autres partis de gauche refusant notre dispositif, pourquoi alors maintenir des primaires ? Il serait stupide de s'entêter. Ce qui est bon un jour ne l'est pas toujours, surtout en politique.

Mais voilà, il y a le second motif, la rénovation du Parti : et ça j'y tiens. Et puis, il y a le respect d'un vote, celui des adhérents qui ont voulu les primaires, auquel je tiens plus que tout, parce qu'en démocratie une consultation ne doit pas être une mascarade (j'ai trop vu la cata qui résultait d'une décision majoritaire non suivie). Alors oui, coûte que coûte, tout strauss-kahnien que je suis, je me dis qu'il faut maintenir le système des primaires.

Et la montée de l'extrême droite ? Ce n'est pas en supprimant les primaires qu'on y remédiera, c'est en se donnant un bon candidat, porté par notre électorat. Quant à Le Pen, il faut la virer des médias et la diaboliser aux yeux de l'opinion, en faire une sorcière infréquentable, même si le politiquement correct, bouche en cul de poule, nous presse de la normaliser. Mon éducation politique m'a transmis une pulsion, la seule que je partage avec l'extrême gauche : "les fachos dehors !" Depuis ma première prise de conscience politique il y a 37 ans, j'en suis resté là, je n'en démordrai pas : on ne discute pas avec l'extrême droite, on la combat.


Bonne soirée.