L'Aisne avec DSK

31 octobre 2008

Le devoir et le destin.

Bonjour à toutes et à tous.

Vincent Peillon était donc hier à Saint-Quentin. Ce que j'ai apprécié lors de sa conférence de presse, c'est son grand calme, sa sérénité, presque son détachement. Pas un mot plus haut que l'autre. C'est agréable, reposant de l'écouter, dans une salle qui ordinairement reçoit les échos de disputes et de gueulantes. Sur le fond, je me suis surpris, alors que Vincent soutient la motion Royal, à partager plusieurs de ses points de vue, surtout sur le Parti, son fonctionnement et sa nécessaire transformation.

J'ai même reconnu, dans son analyse et ses propositions, de fortes ressemblances avec la contribution thématique déposée par les rénovateurs de l'Aisne. Constat similaire d'un PS paralysé par ses clans, ses notables, ses opportunistes, son électoralisme, ses vieilles querelles, son cloisonnement, ses verrouillages d'appareil, son sectarisme. Quand je le dénonce, on me crie dessus, je suis le méchant. Quand Peillon dit la même chose, personne ne moufte. Ainsi va la vie, ainsi est le comportement des hommes, déférent envers les puissants. Il ne sert à rien de s'en plaindre, cette situation existe depuis au moins Jules César et Vercingétorix. Alors...

A Festieux, soirée fédérale de présentation des motions, c'était l'affluence des grands rendez-vous, devant Jean-Paul Planchou (motion A), Marie-Noëlle Lienemann (motion C), Claude Gewerc (motion D), Vincent Peillon (motion E). Tous ont été très bons, mais je ne vous dirai pas qui a été le meilleur. L'esprit militant, qui a ses grandeurs, a aussi ses misères. Généralement, un militant trouve formidable son leader, et moins bons tous les autres. Comme on ne fait pas plus con comme réaction, je préfère m'abstenir de tout jugement.

En revanche, je peux vous livrer quelques observations: Lienneman a été la plus proche du texte de sa motion, Planchou et Gewerc s'en sont un peu éloignés, Peillon a été très lyrique. Entre eux quatre, les ressemblances étaient plus fortes que les différences, à tel point que je me demande comment les militants vont faire pour les départager et choisir. Planchou et Gewerc ont été les plus consensuels, Lienemann et Peillon cultivant plus volontiers leur singularité, sans aller cependant jusqu'à une franche opposition.

C'est un signe des temps: la polémique passe mal, personne ne s'y risque, craignant d'y perdre des plumes, c'est-à-dire des voix. La société est ainsi faite, ainsi devenue. Je ne sais pas si c'est un bien ou un mal. Il y a un art honorable de la polémique, qui est le sel de la démocratie. Notre époque préfère manifestement le sucré, au risque paradoxal de tout affadir.

La campagne dans l'Aisne est quasiment terminée, du moins dans sa partie visible. Place aux ultimes courriers, aux envois électroniques et à la surchauffe des téléphones! Moi, je pars dès demain quelques jours dans le Berry. J'ai fait mon devoir, je laisse maintenant faire le destin.


Bonne matinée.

10 Comments:

  • On peut organiser le politique selon un mode sociologique, partir des humains et les grouper entre eux, ou selon une approche idéale, proposer une conception qui permette de rassembler ceux qui s'y reconnaissent.

    À l'évidence le PS groupe d'abord et essaie de dégager une idéologie fluctuante ensuite. Cela entraîne les motions, les débats d'idée qui tournent en rond, et comme tu le notes si bien, le constat d'un PS paralysé par ses clans, ses notables, ses opportunistes, son électoralisme, ses vieilles querelles, son cloisonnement, ses verrouillages d'appareil, son sectarisme.

    Si nous partons de nos idéaux de toujours, et que nous jugeons par rapport à eux «Le bien-être pour tous et l'augmentation de l'autonomie pour chacun » tout un ensemble de règles empiriques telles que motions, lutte des classes, prolétariat, j'en passe et des meilleures, perdent toute signification. Cela permet surtout de rassembler, au lieu de chercher sans cesse de nouveaux clivages, et des fragmentations à l'infini qui finissent sur l'atomisation, et au final que deux militants quelconques finissent tôt ou tard par s'opposer, se disputer et s'engueuler. Avec cette image, les Français polis disent "Non merci... "

    On peut donc reprocher que la notion même de congrès n'ait pas été revisitée lors de la refondation de l'identité du PS ayant fait suite aux forums de la rénovation. Le travail a été fait à moitié.

    Il est alors peu probable qu'il sorte quelque chose de bon du congrès de Reims, les mêmes causes conduisant aux mêmes erreurs.
    Tu comprendras alors que je me tienne à distance de ce sac d'embrouilles, j'en reste aux idéaux, car seuls eux rassemblent. ;-)

    By Blogger jpbb, at 12:17 PM  

  • Bonjour Emmanuel,

    Sur les "ressemblances" entre le discours de Peillon et la contribution thématique déposée par les rénovateurs de l'Aisne :
    Ne fais pas le naïf... Vraiment, tu découvres que la motion E a la même conception du Parti que l'ex-NPS, que Royal, et que les rénovateurs de l'Aisne ?
    Relis notamment le compte-rendu de la 2e réunion des Rénovateurs de l'Aisne, puis revois cette vidéo de Royal qui parle du fonctionnement du PS (dès 1992 !) et enfin relis le texte de la motion E... ensuite, cherche les différences !

    Liens :
    - la 2e réunion des Rénovateurs : http://segolaisne.canalblog.com/archives/2008/06/01/11173400.html
    - la vidéo de 1992 : http://segolaisne.canalblog.com/archives/2008/01/12/11173624.html

    By Anonymous Anonyme, at 2:30 PM  

  • Bonjour Thierry.

    Non, bien sûr, ce n'est pas une totale découverte, mais dans la bouche de Peillon, c'était particulièrement bien dit.

    Ceci reconnu, ça ne suffit pas pour que je délaisse Martine pour rejoindre Ségolène!

    Et puis, dire c'est bien, faire c'est mieux. Dans l'Aisne, la mise en place de ce nouveau Parti socialiste ne sera évidente.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 4:38 PM  

  • Si tout le monde se met au travail dans l'intérêt général et non partisan, si certains veulent bien voir plus loin que leur ombril, ce nouveau parti est possible, souhaitable et nécessaire pour changer notre image et nous inscrire dans une vraie rénovation. Le congrés de Reims doit être le point de départ d'un projet nouveau qui propose une transformation de nôtre pays au niveau économique, social, écologique, éducatif et culturel. un projet d'espoir, un projet de propositions et non d'opposition, un projet d'ouverture vers l'autre et non sectaire. C'est à ces conditions qu'un nouveau PS est possible dans l'aisne et au niveau national.

    Mourad

    By Anonymous Anonyme, at 5:19 PM  

  • Mourad,

    Je suis d'accord avec tout ça... mais y'a du boulot, surtout chez nous!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:33 PM  

  • Emmanuel,
    les photos, les photos, les photos....! (moi et lui, toi et lui, heum....)
    merci d'avance

    By Anonymous Anonyme, at 8:05 PM  

  • Patience, patience, Claudine, tout vient à point pour qui sait attendre.

    Toi et lui, surtout. Moi, ça compte pour du beurre. Et n'oublie pas ce que je t'ai dit hier, sur l'exploitation non politique que tu peux faire de cette photo... Eh, eh, eh...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:25 PM  

  • votre échange souligne bien la difficulté, pour des dirigeants axonais de mettre les actes en accord avec les paroles...

    Doit-on considérer les socialistes axonais comme des adeptes du suivisme.

    Peu importe ses idées je suis derrière le chef.

    By Anonymous Anonyme, at 11:00 PM  

  • une façon comme une autre de présenter la démocratie.
    Tant qu'on est tous d'accord et qu'on pense la meme chose,
    il ne peut pas y avoir de problemes.

    By Blogger grandourscharmant, at 3:01 AM  

  • A l'UMP, vous en savez quelque chose. Parole d'expert!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:38 PM  

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