Un avion a disparu.

Bonjour à toutes et à tous.

Une tragédie aérienne est un moment révélateur de notre société. Depuis hier, j'écoute France-Info, d'autant que je suis passionné d'aéronautique (et de conquête spatiale). Que nous apprennent l'événement et les réactions qu'il a suscitées :

1- Nous vivons, comme jamais dans l'histoire de l'humanité, une période de sécurité. Où trouve-t-on la plus grande sécurité ? Là où elle devrait être absente, dans les airs. Les accidents d'avion sont rarissimes. La route est beaucoup plus dangereuse. Qui a pris comme moi quelquefois l'avion pour de grandes distances au dessus de l'océan a été frappé, j'en suis certain, par le puissant sentiment d'extrême sécurité qui nous envahit, une fois passées les opérations de décollage .

Il y a une extraordinaire quiétude dans un voyage aérien, qui transforme l'appareil en quasi cocon, alors que l'extérieur est un milieu hostile et dangereux à l'homme. C'est pourquoi une catastrophe aérienne est toujours un grand scandale, beaucoup plus que les victimes d'une guerre (où la mort semble sinon normale du moins attendue).

2- Nous vivons, comme jamais dans l'histoire de l'humanité, une période de prouesse technologique, la plus grande d'entre toutes étant de s'élever dans l'espace, d'aller jusqu'à la Lune. C'est un prodige, un miracle, qui nous laisse croire, faussement, que la technique est toute puissante. C'est pourquoi on s'étonne, on s'interroge, on se demande qu'est-ce qui a fait que la performance a été prise en défaut. On croit avoir totalement, par la machine, dominé la nature. Ce n'est pas le cas.

Il y a quelques mois, un avion a failli s'écraser du côté de Manhattan à cause d'un vol d'oiseaux ! Alors pourquoi pas la foudre ... L'orage, le tonnerre, c'est ce qui faisait peur à nos très lointains ancêtres, qui y voyaient un signe de la colère des dieux. Ils avaient tort d'être superstitieux, mais nous avons aujourd'hui tort d'être tombés dans une autre superstition, celle du progrès, de la technique et de la science tout puissants.

Partageons ensemble ce moment de compassion, profitons-en aussi pour méditer sur ce qu'est devenue notre civilisation, pour s'en féliciter, parfois pour s'en inquiéter, toujours pour en tirer une forme de sagesse.


Bon après-midi.