L'Aisne avec DSK

29 avril 2010

BB+

Bonjour à toutes et à tous.


BB+ : c'est l'appréciation qu'a reçue l'économie grecque par les fameuses agences de notation. Ce qui signifie que la situation va très mal, que le pays est livré à la spéculation. Et d'autres seraient ainsi menacés d'un tel verdict, ou approchant. A gauche, nous sommes prompts à nous insurger contre ces agences. Nous n'avons pas tort : leur indépendance est discutable, elles participent du système qu'elles sont pourtant en charge d'évaluer, leur comportement pendant la crise financière a été contestable ... et contesté.

DSK a eu un mot définitif à leur propos : les agences de notation sont utiles mais ne doivent pas être non plus trop prises au sérieux. Il n'empêche que pendant la campagne des régionales, le Conseil régional de Picardie a mis en avant les jugements d'une agence de notation pour faire état de la bonne santé de ses finances contestées par la droite.

Derrière le problème économique, il y a une question culturelle, que très peu abordent. Pour qui est allé en Grèce ou connaît un peu ce pays sait que son économie est frappée par la corruption. Dans beaucoup de pays méditerranéens, c'est une façon de vivre, un modus vivendi, un rapport à l'argent, à l'échange qui sont étrangères à la culture anglo-saxonne, puritaine et rigoureuse, influençant largement les institutions européennes et les agences de notation. Au-delà du péril financier, c'est presque un problème de civilisation qui est posé.

Il n'y a pas à désespérer. Dans les années 70, Grèce, Espagne et Portugal semblaient condamnés à une culture politique antidémocratique, autoritaire, cléricale, archaïque. On a vu à quel point, pacifiquement et assez vite, ces pays ont su moderniser leurs institutions. Il en ira de même pour leurs économies. Dans cette affaire, on constate combien l'Europe (et le FMI) jouent un rôle fondamental.

Il en va de même pour la Belgique. Là, ce n'est pas l'économie mais l'identité nationale qui pose problème. Là encore, c'est du côté de l'Europe que se trouvera la solution. Athènes ou Bruxelles, c'est d'Europe dont ces pays ont besoin, pas de nationalisme ou d'anticapitalisme. Car la Grèce et le royaume belge sont aussi responsables de la situation dans laquelle ils se trouvent.

DSK compare souvent le FMI à un médecin ou un pompier, et l'institution financière ne peut être que cela. Mais l'Europe aussi, trop souvent, joue ce rôle alors qu'on attend d'elle autre chose : un rôle de leader, une position de "patron", de décideur. Nous en sommes hélas encore loin. C'est pourquoi l'aide européenne à la Grèce est un indispensable premier pas qui ne saurait cependant en rester là.


Bonne soirée.

8 Comments:

  • EM expliquez vous clairement :

    Pour qui est allé en Grèce ou connaît un peu ce pays sait que son économie est frappée par la corruption. Dans beaucoup de pays méditerranéens, c'est une façon de vivre, un modus vivendi, un rapport à l'argent, à l'échange qui sont étrangères à la culture anglo-saxonne, puritaine et rigoureuse,


    ce n'est donc pas Goldmann Sachs qui a magouillé avec la Gréce ... et qui sont ils ; des Anglo - SX semble- t il ?

    By Anonymous Anonyme, at 6:56 PM  

  • Je ne sais pas qui a magouillé avec qui, je ne me prononce pas sur ces sujets obscurs. En revanche, je sais qu'il existe une intransigeance anglo-saxonne en matière de corruption, qui ne signifie pas que ce mal soit inconnu dans les pays de culture puritaine, mais il est caché et moins généralisé que dans d'autres pays. Probablement parce que le culte de la loi (voir l'Amérique et l'Allemagne) y est plus fort qu'ailleurs. Je n'en tire aucune conclusion de supériorité morale mais simplement un constat et une explication.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:06 PM  

  • L’hyper-puissance américaine

    est optimiste, court-termiste et a l’esprit "gambler"... Elle vit à crédit aux crochets du monde entier tout en préservant le rêve américain aussi bien pour le petit employé qui veut une maison avec "2.5 bathrooms" que pour l’entrepreneur qui veut devenir "billionaire"... C’est la force et la faiblesse de ce grand pays et de son économie puissante : rien ne devrait le faire changer...


    Anglo–SX ou cartésiens décadent ??

    rien n’est tout noir ou tout blanc EM !!!
    Culturellement, ceci n’aurait sans doute pas pu avoir lieu en Europe continentale et en France en particulier : il est vrai que, chez nous, seul l’Etat a le droit de s’endetter au-delà du raisonnable... Il n’arrive, d’ailleurs, même pas à payer les intérêts de sa dette sans emprunter à nouveau et augmenter ainsi son niveau d’endettement ! Le "subprime", c’est finalement "petit joueur" à côté !
    Les Etats-Unis se remettront, on peut en être sûr, de cette crise qu’ils ont d’ailleurs fait financer, pour partie, par le reste du monde. Quant à l’Etat français, l’asphyxie lente de ses finances publiques permet de maintenir l’illusion que nous sommes plus raisonnables que les Ricains ! Est-ce vraiment le cas ? Vaut-il mieux une grosse crise de temps en temps ou un déclin lent et inexorable ?

    By Anonymous Anonyme, at 7:27 PM  

  • Elle a bon dos la "culture anglo-saxonne puritaine et rigoureuse", les agences de notation sont le plus souvent juges et parties. Ce qui est en jeu c'est la rapacité financière toujours à l'oeuvre. Ils rétrogradent la Grèce pour s'en mettre plein les poches, comme ta banque quand elle t'accule aux crédits revolving à taux usuraires. Comme les banques quand elles refilent à leurs clients les produits financiers pourris dont elles veulent se désengager.
    Ce qui est hallucinant c'est le champ que les tergiversations de l'Europe ont laissé à ces gens là, bon d'accord ça bouge un peu aujourd'hui mais quand on pense à la dette que l'on a envers la Grèce (l'invention de l'Europe et de l'idée démocratique ça n'est pas rien), la dette allemande par rapport à ce pays (c'est aussi leur principale destination touristique)... C'est bien lamentable, c'est la mise en oeuvre progressive (avec la menace de partition en Belgique) du plan B que nous annonçait Fabius il y a quelques années.

    By Blogger Ane-Vert, at 1:05 AM  

  • Suite : je suis germanophile mais en ce moment j'ai honte pour l'Allemagne.
    Si l'Europe continue sur cette lancée ce qui nous attend ensuite c'est une spéculation mastoc sur l'Irlande puis le Portugal puis l'Espagne, puis la France. La rapacité financière a besoin de pauvres, de toujours plus de pauvres, donc quand il n'y en a plus assez elle en décrète de nouveaux, c'est la base de sa prospérité.
    Monsieur Nouillat qui aimme les valeurs viriles et patriotardes a bien raison d'admirer Laurent Fabius, à ce rythme il n'est pas impossible qu'on doive bientôt réouvrir les tranchées sur la Somme et sur le Chemin des Dames, et, comme il a l'âge de partir en chantant la fleur au fusil ça lui fera de belles histoires à raconter (s'il en revient)

    By Blogger Ane-Vert, at 1:22 AM  

  • quelle belle idée qu'une Europe solidaire..mais que le moindre accroc se présente et l'on voit chaque état rentrer dans sa coquille protectionniste:dès qu'on parle d'argent la morale "fout l'camp" et c'était prévisible:il était évident 1) que faire une Europe monétaire avant une Europe sociale ne résisterait pas à la prémière alerte 2) d'avoir élargi à 27 états sans avoir consolidé ce qui éxistait était un pari hasardeux ( il fallait éviter bien sûr que les pays " récupérés" ne passent chez Poutine tout à son projet de reformer cette URSS dont il a été un fidèle et zélé serviteur au KGB) et 3) d'avoir été laissé la direction de la BCE à cet incapable de JC Trichet focalisé sur " l'euro, l'euro ,l'euro"..bref chronique annoncée "du merdier"

    By Anonymous MF, at 3:51 PM  

  • je ne partage pas l'analyse , un peu cliché, voire image d'épinal de la grèce et des pays méditerranéens corrompus. le problème grec vient tout simplement des grandes banques américaines qui ont aidé l'ancien gouvernement à falsifier leurs comptes publics. de plus, des économistes indépendants mettent en garde sur l'inutilité de ce sauvetage européen qui pourrait être trés préjudiciable aux sauveteurs car après les subprimes, il y a toujours l'opacité des placements pourris, bombe à retardement. val

    By Anonymous Anonyme, at 6:50 PM  

  • En fait depuis 1918 et le traité de VERSAILLES les US ont toujours le sort du monde entre leurs mains , une des causes de la dette grecque est son sur - armement pour établir un potentiel contre la TURQUIE etc... On retrouve des schémas conflictuels dans beaucoup de partie de notre planète , et partout les US interviennent soit militairement , soit financièrement mais toujours à leur profit exclusif … ET bien souvent aussi indirectement avec des factions plus ou moins ( et plutôt moins que plus ) agissantes à visage découvert ……….

    By Anonymous Anonyme, at 9:25 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home