L'Aisne avec DSK

01 mai 2010

Question d'unité.

Bonjour à toutes et à tous.


Je ne rate jamais une manif du Premier Mai. A chaque année son cru, grand ou petit, bon, médiocre ou mauvais. Et 2 010 ? Mes impressions sont mitigées. La participation à Saint-Quentin était plutôt correcte. 200, 300 ? Ça devait tourner autour de ça. J'ai connu une époque, il y a quelques années, où nous étions une cinquantaine à nous retrouver au coin de l'Hôtel de Ville. Une mobilisation syndicale est toujours difficile, ne nous plaignons donc pas. Et puis, les traditions se perdent dans la société moderne, de plus en plus déracinée : les salariés vont se rassembler puissamment quand il y a péril en la demeure, mais pas forcément dans un rituel tel que le Premier Mai.

Non, si mes impressions sont mitigées, c'est pour une autre raison. Car une manif, ce n'est pas seulement des chiffres de participation, c'est aussi et peut-être surtout une ambiance. Le soleil était de la partie, c'est déjà ça. Mais les coeurs étaient-ils ensoleillés ? Mon point de vue est forcément subjectif, et je ne demande qu'à le partager ou le confronter avec d'autres. La division m'a semblé palpable, dès le départ. Chacun rejoint son groupe ou son sous-groupe. Rien de plus naturel bien sûr que de se ranger sous ses drapeaux. Mais cela n'empêche pas, normalement, l'unité, dans laquelle chacun reste ce qu'il est tout en se mêlant aux autres. Là, j'avais le sentiment que les clans primaient sur le reste. Ça ne prive pas de se saluer et de discuter. Mais je n'ai pas senti de dynamique unitaire.

La CGT, principale organisatrice, est très divisée. Les territoriaux s'affrontent depuis le départ de Gayraud et la création d'une section SUD. Les communistes, très visibles avec leur banderole frappée de la faucille et du marteau bien rouges, sont également divisés, surtout depuis les régionales, entre les orthodoxes gremetziens et les légalistes du Front de Gauche. Le NPA, très présent l'an dernier, s'est fait cette fois-ci plus discret. Quant à mes camarades socialistes, en matière d'unité, je n'en dirais rien qui puisse aggraver la situation. Globalement, c'est la tristesse qui prévaut chez moi.

Je n'en suis pas pour autant accablé ou désespéré. C'est toujours la réalité qui a le dernier mot. L'échec lui-même est pédagogique. Plus que jamais, en ce Premier Mai, la question de l'unité est posée. Dans les divisions et les querelles de personnes, dans la lutte du pouvoir pour le pouvoir, on ne gagne pas. Sur l'unité, tout le monde sera d'accord avec moi. La divergence est dans le moment de cette unité. A mes yeux, l'unité est un préalable et pas une conséquence. Elle s'élabore dans la discussion collective, autour d'un projet politique, elle ne peut pas résulter d'un rapport de forces.

L'unité et la dynamique politique sont intimement liées. L'unité ne se décrète pas ni ne se proclame, elle se vit, se pratique. Elle ne s'établit pas dans l'alignement des uns sur les autres mais à travers la diversité des sensibilités et des individus. L'unité n'est pas une simple addition mais une multiplication. Le nombre ce matin y était à peu près, la dynamique faisait défaut. Je n'ai pas entendu de slogans revendicatifs repris en coeur avec vigueur. Il manquait le petit côté offensif des grandes manifs. A la fin, nous nous sommes séparés par groupes sur la grande place vide de l'Hôtel de Ville, sans que nos leaders syndicaux aient pris la parole, contrairement à la tradition. C'est à ce genre de détail qu'on mesure une situation.


Bon Premier Mai.

4 Comments:

  • ouais ...du folklore sans beaucoup d'intérêt et dont la forme commence à dater ( "le grand meting du métropolitain"): si ça servait à quelque chose ça se saurait;d'ailleurs tout le monde le reconnaît "on y va pour y aller" avec l'enthousiame du travailleur désabusé qui va au boulot parce qu'il faut bien gagner sa croûte.

    By Anonymous Anonyme, at 5:40 PM  

  • Une société a besoin de rites sinon elle s'effondre. Quand tout sera considéré comme du "folklore", plus rien ne pourra symboliser le vivre ensemble. Or une société ne vit pas que de pain mais aussi de symboles.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:43 PM  

  • Symboles mais aujourd'hui ; quels symboles et pour qui , les " jeunes " sont européens et même asiatiques et africains soit par leur style de vie ou leur origine , ce n' est pas une mauvaise chose mais le 1° MAI vécu franco - français est peut - être loin de toutes leurs traditions et de leur idéal ??

    By Anonymous Anonyme, at 7:05 PM  

  • Le Premier Mai est précisément la seule célébration qui soit internationaliste, ouverte à tous et organisée dans le monde entier (je parle bien sûr des célébrations de nature politique, pas celles de nature religieuse).

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:25 PM  

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