Dure dure la durée.
Bonjour à toutes et à tous.
Olivier Besancenot n'a pas tort de dire que cette sixième journée nationale contre la réforme des retraites est "probablement historique". Si la mobilisation se maintient à son niveau, le gouvernement devra forcément s'interroger et bouger. Le plus sage serait l'ouverture de négociations. Sinon, le mouvement risque de basculer dans l'irrationnel : entêtement du pouvoir, psychose autour du manque de carburant, montée de la violence, radicalisation politique, débordement des syndicats, fuite en avant dans des mots d'ordre hystériques. La semaine en décidera, mais le pire n'est vraiment pas à souhaiter.
En attendant, une polémique s'est installée ces dernières heures à propos de la mesure de Martine Aubry d'allongement de la durée de cotisation. Jean-Luc Mélenchon, hier soir en meeting, a soutenu qu'elle rapprochait le PS de la droite. Bien sûr que non. La réforme de Nicolas Sarkozy n'est pas la nôtre, et ce n'est pas l'allongement de la durée de cotisation qui y change grand chose. Il faut répartir les efforts sur l'ensemble des cotisants, et pas en appeler au maintien du système et à la seule contribution du capital (nécessaire, juste mais financièrement insuffisante).
C'est ce qui sépare le PS de Mélenchon et de l'extrême gauche. Sociaux-démocrates, nous sommes dans un système du donnant-donnant : afin de préserver la retraite à 60 ans, pour laquelle nous irons manifester aujourd'hui, il faut faire des concessions, dont l'allongement de la durée de cotisation. Pour conserver un acquis, il faut aussi en payer le prix. Qui peut penser qu'un parti de gouvernement, qui n'est ni un syndicat, ni un parti protestataire, voit les choses autrement ? Et puis, un projet de réforme se juge dans sa globalité, pas sur un seul point, aussi important soit-il, en l'occurrence la durée de cotisation.
Au fond, sur les 62 ans, je crois que bon nombre de dirigeants socialistes auraient été prêts à étudier cette hypothèse de travail. Mais pas à n'importe quel prix, tout est là. La politique est de ce point de vue comme la vie : les choix sont multiples, tout dépend ensuite le prix qu'on veut y mettre. L'opinion publique elle-même n'est pas forcément hostile à un relèvement de l'âge légal de départ, mais pas dans n'importe quelles conditions : si la pénibilité n'est pas prise en compte, si la mesure s'impose à tous sans discernement, si le capital n'est pas suffisamment sollicité, si les syndicats ne sont pas associés, on ne peut que dire non, et c'est ce que nous répéterons durant toute cette journée dans les rues.
Le lapsus de Martine Aubry évoquant il y a quelques mois la possibilités des 62 ans, le mot de DSK sur les 60 ans qui ne sont pas un "dogme" me semblent suffisamment révélateurs. Quoi de plus normal d'ailleurs ? Tous les autres partis sociaux-démocrates sont allés vers ça, mais dans un tout autre cadre et avec d'autres moyens que la réforme Sarkozy. Mais la politique n'est pas une guerre de position (où chacun résiste dans sa tranchée), c'est une guerre de mouvement (évolutive, adaptatrice, faisant plus cas des circonstances que des convictions). Dans le contexte français actuel, devant une droite idéologiquement déterminée, les socialistes n'avaient guère d'autre choix que défendre leur bébé, les 60 ans. Il faut désormais nous y tenir, c'est notre ligne politique, de même en ce qui concerne l'allongement de la durée de cotisation.
C'est pourquoi je ne peux pas être d'accord avec Benoît Hamon qui, ce matin chez Apathie, a remis en cause cette disposition en suggérant qu'elle pourrait être renégociée en cas de victoire en 2 012. Car si c'est le cas, pourquoi alors ne pas imaginer revenir sur d'autres points de notre projet ? C'est à n'en plus finir et l'électorat est désorienté. Non, une position a été arrêtée, il faut en rester là. A force de subtilités (comme entre âge légal et âge réel de départ en retraite) et de conjectures (parier sur une embellie économique), on finit par ne plus être lisible et crédible. La politique n'est pas qu'une guerre de mouvement, c'est aussi un discours de constance et de clarté.
Bonne journée de manifestation.
Olivier Besancenot n'a pas tort de dire que cette sixième journée nationale contre la réforme des retraites est "probablement historique". Si la mobilisation se maintient à son niveau, le gouvernement devra forcément s'interroger et bouger. Le plus sage serait l'ouverture de négociations. Sinon, le mouvement risque de basculer dans l'irrationnel : entêtement du pouvoir, psychose autour du manque de carburant, montée de la violence, radicalisation politique, débordement des syndicats, fuite en avant dans des mots d'ordre hystériques. La semaine en décidera, mais le pire n'est vraiment pas à souhaiter.
En attendant, une polémique s'est installée ces dernières heures à propos de la mesure de Martine Aubry d'allongement de la durée de cotisation. Jean-Luc Mélenchon, hier soir en meeting, a soutenu qu'elle rapprochait le PS de la droite. Bien sûr que non. La réforme de Nicolas Sarkozy n'est pas la nôtre, et ce n'est pas l'allongement de la durée de cotisation qui y change grand chose. Il faut répartir les efforts sur l'ensemble des cotisants, et pas en appeler au maintien du système et à la seule contribution du capital (nécessaire, juste mais financièrement insuffisante).
C'est ce qui sépare le PS de Mélenchon et de l'extrême gauche. Sociaux-démocrates, nous sommes dans un système du donnant-donnant : afin de préserver la retraite à 60 ans, pour laquelle nous irons manifester aujourd'hui, il faut faire des concessions, dont l'allongement de la durée de cotisation. Pour conserver un acquis, il faut aussi en payer le prix. Qui peut penser qu'un parti de gouvernement, qui n'est ni un syndicat, ni un parti protestataire, voit les choses autrement ? Et puis, un projet de réforme se juge dans sa globalité, pas sur un seul point, aussi important soit-il, en l'occurrence la durée de cotisation.
Au fond, sur les 62 ans, je crois que bon nombre de dirigeants socialistes auraient été prêts à étudier cette hypothèse de travail. Mais pas à n'importe quel prix, tout est là. La politique est de ce point de vue comme la vie : les choix sont multiples, tout dépend ensuite le prix qu'on veut y mettre. L'opinion publique elle-même n'est pas forcément hostile à un relèvement de l'âge légal de départ, mais pas dans n'importe quelles conditions : si la pénibilité n'est pas prise en compte, si la mesure s'impose à tous sans discernement, si le capital n'est pas suffisamment sollicité, si les syndicats ne sont pas associés, on ne peut que dire non, et c'est ce que nous répéterons durant toute cette journée dans les rues.
Le lapsus de Martine Aubry évoquant il y a quelques mois la possibilités des 62 ans, le mot de DSK sur les 60 ans qui ne sont pas un "dogme" me semblent suffisamment révélateurs. Quoi de plus normal d'ailleurs ? Tous les autres partis sociaux-démocrates sont allés vers ça, mais dans un tout autre cadre et avec d'autres moyens que la réforme Sarkozy. Mais la politique n'est pas une guerre de position (où chacun résiste dans sa tranchée), c'est une guerre de mouvement (évolutive, adaptatrice, faisant plus cas des circonstances que des convictions). Dans le contexte français actuel, devant une droite idéologiquement déterminée, les socialistes n'avaient guère d'autre choix que défendre leur bébé, les 60 ans. Il faut désormais nous y tenir, c'est notre ligne politique, de même en ce qui concerne l'allongement de la durée de cotisation.
C'est pourquoi je ne peux pas être d'accord avec Benoît Hamon qui, ce matin chez Apathie, a remis en cause cette disposition en suggérant qu'elle pourrait être renégociée en cas de victoire en 2 012. Car si c'est le cas, pourquoi alors ne pas imaginer revenir sur d'autres points de notre projet ? C'est à n'en plus finir et l'électorat est désorienté. Non, une position a été arrêtée, il faut en rester là. A force de subtilités (comme entre âge légal et âge réel de départ en retraite) et de conjectures (parier sur une embellie économique), on finit par ne plus être lisible et crédible. La politique n'est pas qu'une guerre de mouvement, c'est aussi un discours de constance et de clarté.
Bonne journée de manifestation.
3 Comments:
Le parti socialiste fait penser à un orchestre symphonique aux pupitres tenus par d'excellents musiciens accompagnant de brillants solistes mais qui ne jouent pas la même partition, d'où cacophonie. De plus, malgré les sourires de commande, la guéguerre des cheftaines n'arrange pas les choses!
By Lormont, at 5:25 PM
FR3 à LONGUEAU
Une réponse d’ un gréviste SNCF au journaliste :
on veut plus que en 36 et en 68 ....
certains ne comprennent pas que ce n' est pas un plus qui est possible mais un plan de sauvegarde des retraites ; exactement comme pour une entreprise en grande difficulté où il faut rééquilibrer les ressources et les dépenses ....
By Anonyme, at 7:35 PM
Lormont,
Jamais le PS, ces dix dernières années, n'a été aussi uni qu'aujourd'hui, grâce à l'action rassembleuse de Martine Aubry. Bien sûr, les sensibilités existent, il y a une mouvance social-démocrate et une aile gauche. Mais c'est normal, c'est la vie démocratique du Parti.
By Emmanuel Mousset, at 7:42 PM
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