Le pouvoir est triste.
Bonjour à toutes et à tous.
Très intéressante interview de Tony Blair hier soir chez Taddéï à l'occasion de la publication de ses mémoires, avec cette remarque de l'ancien Premier ministre britannique qui a retenu mon attention : il y a une "tristesse du pouvoir". On connaissait le mot de Mallarmé : "la chair est triste", ce qui d'ailleurs n'est pas vrai. Mais le pouvoir est triste, oui j'en suis persuadé, et pas seulement en écoutant Blair.
Observez les hommes de pouvoir en France aujourd'hui. Pouvez-vous m'en citer un seul qui soit ce qu'on appelle, au sens fort et précis, quelqu'un de joyeux ? Je n'en trouve pas. Fillon porte la tristesse sur son visage, c'est flagrant. Sarkozy est nerveux, pas joyeux. Borloo ou Bachelot ont un côté rigolo, mais on sent bien que ce n'est pas de la vraie joie.
A gauche, ce n'est pas mieux : Aubry n'est franchement pas une marrante, DSK est malicieux, facétieux mais pas jusqu'à être joyeux. Hollande peut-être se rapprocherait le plus de l'état de joie, mais par intermittence, et sous une forme plutôt humoristique. Non, la joie authentique, lumineuse, apaisante, n'est pas le lot de nos politiques.
C'est tout à fait normal, et pour plusieurs raisons :
1- La politique exige tellement de compromission, soumission, trahison qu'on ne peut pas y être soi-même. Or c'est l'une des clés de la joie : être soi.
2- La politique est une activité terriblement sérieuse, difficile, compliquée, qui exige énormément de travail. Tout ça ne peut pas être très gai.
3- Parvenu au sommet du pouvoir, on ne peut plus espérer aller plus loin, plus haut. C'est attristant. Et puis, on en découvre la réalité, moins belle et jouissive que son rêve.
4- Gouverner, c'est inévitablement décevoir. On y perd en popularité, on se fait rarement aimer, sauf exception.
Le pouvoir est donc triste. Mais moi au moins, qui n'ai pas le pouvoir mais fais de la politique, ne suis-je pas joyeux ? Non, absolument pas ! Mais j'ai des circonstances atténuantes : vu la situation, un socialiste saint-quentinois en joie ne pourrait être que cocaïné ou complètement idiot.
Bonne et joyeuse journée.
Très intéressante interview de Tony Blair hier soir chez Taddéï à l'occasion de la publication de ses mémoires, avec cette remarque de l'ancien Premier ministre britannique qui a retenu mon attention : il y a une "tristesse du pouvoir". On connaissait le mot de Mallarmé : "la chair est triste", ce qui d'ailleurs n'est pas vrai. Mais le pouvoir est triste, oui j'en suis persuadé, et pas seulement en écoutant Blair.
Observez les hommes de pouvoir en France aujourd'hui. Pouvez-vous m'en citer un seul qui soit ce qu'on appelle, au sens fort et précis, quelqu'un de joyeux ? Je n'en trouve pas. Fillon porte la tristesse sur son visage, c'est flagrant. Sarkozy est nerveux, pas joyeux. Borloo ou Bachelot ont un côté rigolo, mais on sent bien que ce n'est pas de la vraie joie.
A gauche, ce n'est pas mieux : Aubry n'est franchement pas une marrante, DSK est malicieux, facétieux mais pas jusqu'à être joyeux. Hollande peut-être se rapprocherait le plus de l'état de joie, mais par intermittence, et sous une forme plutôt humoristique. Non, la joie authentique, lumineuse, apaisante, n'est pas le lot de nos politiques.
C'est tout à fait normal, et pour plusieurs raisons :
1- La politique exige tellement de compromission, soumission, trahison qu'on ne peut pas y être soi-même. Or c'est l'une des clés de la joie : être soi.
2- La politique est une activité terriblement sérieuse, difficile, compliquée, qui exige énormément de travail. Tout ça ne peut pas être très gai.
3- Parvenu au sommet du pouvoir, on ne peut plus espérer aller plus loin, plus haut. C'est attristant. Et puis, on en découvre la réalité, moins belle et jouissive que son rêve.
4- Gouverner, c'est inévitablement décevoir. On y perd en popularité, on se fait rarement aimer, sauf exception.
Le pouvoir est donc triste. Mais moi au moins, qui n'ai pas le pouvoir mais fais de la politique, ne suis-je pas joyeux ? Non, absolument pas ! Mais j'ai des circonstances atténuantes : vu la situation, un socialiste saint-quentinois en joie ne pourrait être que cocaïné ou complètement idiot.
Bonne et joyeuse journée.
posted by Emmanuel Mousset at
9:09 AM
13 Comments:
Je ne partage vraiment pas votre analyse et je me demande si vous ne cherchez pas à justifier votre propre état et à vous rassurer.
En effet le pouvoir est fait d'une succession de joies et de tristesses, comme la vie d'ailleurs.
Enfin vous parlez de gens dont vous ne connaissez pas l'intimité.
Martine Aubry par exemple, pour ceux qui la connaissent bien, et tout le monde vous le dira,est certes sérieuse et professionnelle quand elle parle de politique, mais c'est une personne incroyablement marrante et rigolote dans le privé.Elle n'est en rien malheureuse.
Je crois que vous ne vous attachez qu'à l'écume des choses sur ce point et à une image extérieure.
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Anonyme, at 11:44 AM
1- Concernant votre première remarque, je n'ai pas de réponse, n'étant pas psychologue et me penchant assez peu sur moi-même. D'autre part, ce billet ne s'applique pas à moi puisque je n'ai pas le pouvoir et ne cherche pas à l'avoir.
2- Je ne m'intéresse pas à "l'intimité" mais à la vie publique des hommes politiques.
3- "Tout le monde", je n'ai jamais su ce que c'était.
4- Ne pas être joyeux ne signifie pas être malheureux. Ceux qui sont au pouvoir en jouissent mais ce n'est pas ce qu'on appelle de la joie.
5- L'écume des choses fait aussi partie des choses.
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Emmanuel Mousset, at 12:54 PM
Je ne sais plus lequel de nos présidents de la république disait:"La place est bonne, mais il n'y a pas d'avancement"
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Lormont, at 2:01 PM
circonstances exténuantes ?
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Anonyme, at 3:59 PM
Non au contraire : circonstances stimulantes.
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Emmanuel Mousset, at 4:11 PM
Je ne veux pas polémiquer exagérément mais quand même:
1)Lorsque vous dites"moi qui n'ai pas le pouvoir, ne suis-je pas joyeux? Absolument pas" Vous parlez bien de vous non?
2)La joie ne se divise pas, elle n'est pas publique ou privée. La joie c'est la joie.
3)"tout le monde" c'est ceux qui la connaissent bien.
4) OK malheureux n'est pas le contraire de joyeux, disons triste alors.
5)Dire que "l'écume des choses fait aussi partie des choses" c'est reconnaitre explicitement que votre billet donne un peu dans la pipolisation contrairement à votre point 2.
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Anonyme, at 8:12 PM
Finalement, ce que vous dites commence à me rendre joyeux. Continuez !
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Emmanuel Mousset, at 9:22 PM
C'est normal la compréhension des choses apporte toujours une grande joie.
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Anonyme, at 10:22 PM
Savez-vous que ce que vous dites là, c'est du Spinoza ? Etes-vous spinoziste ?
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Emmanuel Mousset, at 10:41 PM
Bien sur "tout ce qui donne de la joie est bon"
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Anonyme, at 1:15 PM
Lire l' "Ethique", cinquième partie.
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Emmanuel Mousset, at 1:24 PM
Est-ce qu'on peut imaginer Carla séduite par notre président en dehors des ors de la présidence ? Et pourquoi si peu de nos hommes et femmes de pouvoir détellent-ils de leur plein gré et avant que leur système hormonal vienne à faiblir ?
N'est pas, hélas, Saint-Simon (dont les titres - faut-il le rappeler ?- étaient en Vermandois à deux lieues de la bonne ville de Saint-Quentin) qui le veut. Il y faudrait une férocité de plume qui se hausse à au niveau de férocité de nos grands fauves. Et puis les conditions matérielles d'une grande cour ouverte comme était Versailles au temps de Saint-Simon. La privatisation des petites cours locales produit inévitablement des petites chroniques que les gens de pouvoir donnent à lire à leurs domestiques à des fins purement statistiques.
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Ane-Vert, at 2:54 PM
En voyant en interview ANNE HIDALGO, la première adjointe de Paris, j'ai pensé à ce billet que je venais de lire. En entendant sa voix,si calme lisse et toujours égale,je trouvais qu'elle dégageait une sérénité impressionnante.Vous qui connaissez les responsables socialistes EM, cette femme fait-elle partie des rares personnalités politiques joyeuses? si c'est le cas elle a bien du mérite,malgré la satisfaction du pouvoir, car étant issue de l'immigration elle n'a pas du avoir une vie facile
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Anonyme, at 5:47 PM
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