L'Aisne avec DSK

14 octobre 2010

On fait quoi maintenant ?

Bonsoir à toutes et à tous.


Avec trois millions de personnes dans la rue et des manifs qui s'annoncent encore importantes samedi, on fait quoi maintenant ? Le gouvernement est sans doute tenté de laisser pourrir le mouvement. La politique du chien crevé au fil de l'eau est la plus dangereuse qui soit, pour le gouvernement lui-même. Il en restera toujours des traces. Alors quoi ? Simple : il faut né-go-cier. Sur quoi ? Évidemment sur le projet tel qu'il est en train d'être discuté au Parlement. Puisqu'il faut bien partir de quelque chose, c'est de ce texte-là.

Je ne suis pas pour le coup de force. La rue s'exprime et elle est raison, mais ce n'est pas elle qui fait la loi. Sinon nous ne sommes plus dans une République parlementaire et représentative. Il y a une majorité qui a été mandatée par le peuple et un président élu par lui. Je n'ai voté ni pour l'une ni pour l'autre, mais le peuple les a voulus. Il faut donc respecter cette légitimité, sauf à basculer dans un autre type de régime, ce que je ne souhaite pas.

C'est pourquoi demander le retrait pur et simple du texte de loi sur les retraites est un non sens, hormis le fait que le pouvoir ne peut pas de toute façon reculer. Croire qu'on puisse repartir de zéro est une illusion. Quant au fameux rapport de force, on en a vu d'autres dans l'histoire, beaucoup plus puissants, qui n'ont pas fait plier le gouvernement. Jean-Marc Ayrault a tracé la ligne la plus juste : "tout n'est pas forcément à rejeter", il faut "trouver un compromis". François Hollande, lui aussi, a prononcé les mots qu'il faut, en demandant "une discussion sur la base du projet actuel". Manuel Valls a abondé dans ce sens, qui est le bon.

Quelle est la marge de négociation ? Où un compromis est-il possible ? C'est aux organisations syndicales d'en décider. La plupart ont été suffisamment responsables pour ne pas exiger le retrait du projet, car une telle posture aggraverait l'épreuve de force et déboucherait sur une désespérante impasse. Il ne le faut pas. Alors quoi ? Je ne pense pas que la droite bougera sur les 62 ans. Mais sur les 67 ans pour un départ à taux plein, il y a là un excès que les Français n'acceptent pas. S'il y a un point où quelque chose pourrait bouger, ce serait là.

Car l'âge de départ est un aspect très relatif ; l'important, c'est le niveau de la retraite. D'autres points bien sûr méritent qu'on y revienne, qu'on les revoit : pénibilité, taxation du capital, retraite à la carte. Mais ces 67 ans qu'on doit attendre pour avoir une retraite normale, à laquelle on a droit, me paraît la plus grande injustice, le vrai scandale de cette réforme. Il faudra bien accepter, pour les uns et pour les autres, le donnant-donnant.

Dans un grand pays moderne, comment pourrait-on admettre qu'une réforme d'une telle ampleur, qui concerne tout le monde, ne fasse pas l'objet d'un compromis ? Si cela ne se faisait pas, c'est le dialogue social, la crédibilité des syndicats et le moral des salariés qui en seraient affectés pour longtemps. La politique, la social-démocratie, la vie, c'est le compromis, pas la guerre sociale ! Ou alors c'est le désespoir et la mort au bout du chemin ...


Bonne soirée.