A quoi sert une manif ?
Bonjour à toutes et à tous.
Beaucoup de monde hier dans la rue, encore une mobilisation très réussie, en attendant celle du 12 octobre. Mais à quoi sert de manifester ? A rien, seulement à manifester, c'est-à-dire à défendre des intérêts et à exprimer un point de vue, en l'occurrence le maintien du départ à la retraite à 60 ans. Seulement à ça ? Eh oui, et c'est en soi énorme, surtout quand il y a beaucoup de monde comme hier.
Mais alors, manifester c'est inutile, ça ne rapporte rien ? Non, ça ne rapporte rien, et quand s'ajoute en semaine la grève, ça coûte une journée de paye. C'est pourquoi il faut débrayer et manifester avec discernement, quand la négociation a échoué ou n'a pas eu lieu. Et puis, c'est quoi cette société qui réduit tout à des enjeux purement utilitaires ? Vivre, savons-nous à quoi ça sert et si c'est vraiment utile ? Pour une manif, c'est pareil ...
Et le fameux "rapport de force" dont Mélenchon a dit hier qu'il était "du côté de la gauche et des syndicats" ? Un peu de sérieux s'il vous plaît. Mélenchon, c'est la gauche "rapport de force", c'est-à-dire la gauche protestataire, la gauche-qui-perd. Le seul rapport de force que je connaisse en politique et qui soit réel, c'est d'avoir le pouvoir ; le reste, c'est pipeau. Sarkozy a le pouvoir, quasiment tous les pouvoirs, il ne renoncera pas aux 62 ans, sauf à lâcher quelques aménagements, des mignardises pour la galerie. Croire que la rue le fera reculer, c'est se mettre profond le doigt dans l'oeil.
Quand même, me direz-vous, on a vu des gouvernements renoncer à des projets sous la "pression de la rue". Combien de fois ? Rarement, exceptionnellement, et surtout quand les gamins sont dans la rue, parce que papa et maman, de droite ou de gauche, votent et n'aiment pas voir fifilles et fistons enfumés par les CRS et encore moins matraqués. C'est l'épisode du CPE. A part ça, le pouvoir ne recule pas devant une manif même importante. Il se sent investi d'un mandat, il n'y renonce pas. La liste des mobilisations qui n'ont rien donné est longue ...
Est-ce que c'est désespérant ? Pas du tout ! Je n'attends rien de la droite, je n'espère rien de Sarkozy, je sais qui il est, d'où il vient, qui il défend et qui le soutient, je ne me fais aucune illusion à son sujet. Et je manifeste malgré tout ? Oui, hier, aujourd'hui, demain, depuis toujours et jusqu'à la fin. Par plaisir de me retrouver dans une manif, par souci de revendiquer quelque chose, par fidélité à des conviction. Ça me suffit, je n'ai pas besoin d'autres raisons.
Mais comme vous n'êtes que quelques centaines à me lire chaque jour et un peu moins le dimanche (week-end oblige), il faut que je vous fasse un aveu : je manifeste aussi pour des raisons politiques, je veux que ce gouvernement soit battu en 2 012. Et pour ça il faut que les socialistes descendent dans la rue, soient visibles et rappellent leur engagement : le retour aux 60 ans en cas de victoire.
Dans la rue, mais pas n'importe comment. Hier, en fin de manif, une conseillère régionale PS m'a interpellé gentiment en me demandant pourquoi je ne restais pas avec les socialistes tout au long de la manif. Facile : il ne faut surtout pas rester entre soi ! Quatre malheureux derrière deux drapeaux, ça rime à quoi ? Une manif se parcourt de long en large et même en travers. Il faut rencontrer, saluer, discuter. Surtout ici à Saint-Quentin, où nous avons tout un électorat à reconquérir.
J'ai le drapeau de mon syndicat en main (je suis d'abord là pour ça) et l'autocollant de mon parti près du coeur, c'est suffisant pour m'identifier. Car les électeurs et sympathisants socialistes sont dans tous les syndicats, au milieu de tout le cortège. C'est vers eux qu'il faut aller, leur montrer qu'on est présent, pas en restant avec une poignée d'adhérents à parloter. C'est pour moi une évidence, mais j'ai souvent remarqué dans la vie que les évidences ne le sont pas pour tout le monde. C'est pourquoi j'ai tenu à m'en expliquer et autant de fois qu'il le faudra.
Bon dimanche.
Beaucoup de monde hier dans la rue, encore une mobilisation très réussie, en attendant celle du 12 octobre. Mais à quoi sert de manifester ? A rien, seulement à manifester, c'est-à-dire à défendre des intérêts et à exprimer un point de vue, en l'occurrence le maintien du départ à la retraite à 60 ans. Seulement à ça ? Eh oui, et c'est en soi énorme, surtout quand il y a beaucoup de monde comme hier.
Mais alors, manifester c'est inutile, ça ne rapporte rien ? Non, ça ne rapporte rien, et quand s'ajoute en semaine la grève, ça coûte une journée de paye. C'est pourquoi il faut débrayer et manifester avec discernement, quand la négociation a échoué ou n'a pas eu lieu. Et puis, c'est quoi cette société qui réduit tout à des enjeux purement utilitaires ? Vivre, savons-nous à quoi ça sert et si c'est vraiment utile ? Pour une manif, c'est pareil ...
Et le fameux "rapport de force" dont Mélenchon a dit hier qu'il était "du côté de la gauche et des syndicats" ? Un peu de sérieux s'il vous plaît. Mélenchon, c'est la gauche "rapport de force", c'est-à-dire la gauche protestataire, la gauche-qui-perd. Le seul rapport de force que je connaisse en politique et qui soit réel, c'est d'avoir le pouvoir ; le reste, c'est pipeau. Sarkozy a le pouvoir, quasiment tous les pouvoirs, il ne renoncera pas aux 62 ans, sauf à lâcher quelques aménagements, des mignardises pour la galerie. Croire que la rue le fera reculer, c'est se mettre profond le doigt dans l'oeil.
Quand même, me direz-vous, on a vu des gouvernements renoncer à des projets sous la "pression de la rue". Combien de fois ? Rarement, exceptionnellement, et surtout quand les gamins sont dans la rue, parce que papa et maman, de droite ou de gauche, votent et n'aiment pas voir fifilles et fistons enfumés par les CRS et encore moins matraqués. C'est l'épisode du CPE. A part ça, le pouvoir ne recule pas devant une manif même importante. Il se sent investi d'un mandat, il n'y renonce pas. La liste des mobilisations qui n'ont rien donné est longue ...
Est-ce que c'est désespérant ? Pas du tout ! Je n'attends rien de la droite, je n'espère rien de Sarkozy, je sais qui il est, d'où il vient, qui il défend et qui le soutient, je ne me fais aucune illusion à son sujet. Et je manifeste malgré tout ? Oui, hier, aujourd'hui, demain, depuis toujours et jusqu'à la fin. Par plaisir de me retrouver dans une manif, par souci de revendiquer quelque chose, par fidélité à des conviction. Ça me suffit, je n'ai pas besoin d'autres raisons.
Mais comme vous n'êtes que quelques centaines à me lire chaque jour et un peu moins le dimanche (week-end oblige), il faut que je vous fasse un aveu : je manifeste aussi pour des raisons politiques, je veux que ce gouvernement soit battu en 2 012. Et pour ça il faut que les socialistes descendent dans la rue, soient visibles et rappellent leur engagement : le retour aux 60 ans en cas de victoire.
Dans la rue, mais pas n'importe comment. Hier, en fin de manif, une conseillère régionale PS m'a interpellé gentiment en me demandant pourquoi je ne restais pas avec les socialistes tout au long de la manif. Facile : il ne faut surtout pas rester entre soi ! Quatre malheureux derrière deux drapeaux, ça rime à quoi ? Une manif se parcourt de long en large et même en travers. Il faut rencontrer, saluer, discuter. Surtout ici à Saint-Quentin, où nous avons tout un électorat à reconquérir.
J'ai le drapeau de mon syndicat en main (je suis d'abord là pour ça) et l'autocollant de mon parti près du coeur, c'est suffisant pour m'identifier. Car les électeurs et sympathisants socialistes sont dans tous les syndicats, au milieu de tout le cortège. C'est vers eux qu'il faut aller, leur montrer qu'on est présent, pas en restant avec une poignée d'adhérents à parloter. C'est pour moi une évidence, mais j'ai souvent remarqué dans la vie que les évidences ne le sont pas pour tout le monde. C'est pourquoi j'ai tenu à m'en expliquer et autant de fois qu'il le faudra.
Bon dimanche.
3 Comments:
Si vivre ne sert à rien et est inutile
arrêtez.
By Anonyme, at 12:36 PM
Sur nos désaccords en matière sécuritaire (que tu as repris dans un papier récent) : si j’ai « fustigé », comme tu dis, les quelques socialistes qui ont surfé sur les thèmes sécuritaires en juillet, ce n’est pas que je pense qu’il faut laisser les problèmes de sécurité à la droite, réduction bien dérisoire que tu opères. C’est qu’il est assez odieux, dans le contexte émotionnel qui était celui de fin juillet, de disputer à Sarkozy son petit bout de gras d’esbrouffe émotionnelle. Le risque zéro n’existe que dans la promotion de l’imaginaire de la mort physique, sociale et politique. Combattre les attentats meurtriers, le crime organisé, est un travail sérieux qui ne s’accommode pas des effets de manche et d’estrades et si, chaque fois qu’un schizophrène tue quelqu’un dans la rue, qu’un malfrat assassine un policier, qu’un môme vole 20 euros, ou qu’un groupe clandestin échappe à la vigilance des services de renseignement, nous tentons de faire croire qu’un coup de clairon « de gauche » répondant à un coup de clairon « de droite » réglera le problème, et bien nous prendrons notre part d’un système où un policier se pense autorisé à tarifer de deux balles bien ajustées un vol de 20 euros, et où la peur de l’autre est la justification de tous les abandons de nos libertés et publiques et solidarités concrètes. Sauf bien entendu pour les candidats à l’évasion fiscale et les rapaces de la finance dont les parachutes et boucliers en tous genres seront sans cesse perfectionnés.
By Claude, at 12:50 PM
A 12.36 :
Au contraire, c'est parce que la vie est un petit miracle de gratuité qu'il faut continuer et ne pas soumettre son existence à des visées utilitaires.
By Emmanuel Mousset, at 12:56 PM
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