L'Aisne avec DSK

13 mars 2011

Marre des classes moyennes !

Bonsoir à toutes et à tous,


Si les classes populaires sont séduites par le Front National, c'est surtout parce que depuis plusieurs années la gauche, le Parti socialiste en particulier, a orienté son discours vers les classes moyennes. Il est vrai que celles-ci constituent un enjeu électoral important, qu'aucun parti de gouvernement ne peut négliger. Il est vrai aussi que les sections socialistes ont pour l'essentiel une sociologie "classes moyennes". Mais historiquement, notre base sociale ce sont les catégories populaires, ouvriers et employés.

Ce peuple-là est quantitativement aussi important que les classes moyennes, mais il est devenu quasiment invisible dans notre société, dans les médias, dans nos représentations collectives, auprès des leaders d'opinion. C'est pourtant la partie de la population qui est la plus frappée par la crise, qui souffre le plus du libéralisme. Longtemps, elle a été représentée par le Parti communiste, quand il était puissant, que son idéologie était attractive. Aujourd'hui, c'est vers le FN qu'elle se tourne, c'est la xénophobie qui la tente, et c'est dramatique.

Le Parti socialiste doit prendre la mesure de ce drame, réactiver d'urgence un programme social, en commençant par ne plus cibler en priorité les classes moyennes. Ce sera difficile, puisqu'un groupe social a tendance à s'adresser à lui-même et à se méfier des autres catégories. Mais le maintien du socialisme se fera au prix de cet effort, de cette réorientation, tant il est vrai que les idées de droite n'ont jamais été aussi dominantes dans notre société que cette dernière décennie, et que nous sommes loin d'en avoir terminé (pour qui a connu les années 1970 voit tout de suite la différence).

Je ne nie bien sûr pas que les classes moyennes rencontrent des difficultés, que le Parti socialiste doit aussi solutionner. Mais elles sont sans équivalent avec les malheurs que subissent les classes populaires. Culturellement, les classes moyennes sont bien intégrées à notre système. Si elles craignent souvent le "déclassement", c'est précisément qu'elles jouissent d'un "classement" avantageux (mais bien inférieur aux classes bourgeoises). Elles ont un travail stable, peuvent se payer les services d'une femme de ménage ou d'une nounou, accèdent à la propriété, mettent de l'argent de côté, partent aisément en vacances ou en week-end, sortent dans la semaine sans trop regarder à leurs dépenses, poussent leurs enfants à des études supérieures.

Les catégories populaires sont étrangères à un tel mode de vie, ne profitent pas de pareilles conditions de travail. Elles sont mal payées, leur emploi est précaire quand elles ont la chance d'en avoir un, l'école, les vacances, les sorties, l'accession à la propriété, l'investissement des économies ne sont pas pour les employés et les ouvriers des évidences. Ceux-ci regardent avec une envie légitime les fonctionnaires, les cadres, les commerçants, les artisans, les petits patrons, qui ne sont pourtant pas sociologiquement si éloignés d'eux (rien à voir avec la supériorité absolue de la grande bourgeoisie et des hyper-riches) mais forment tout de même, à leurs yeux, un autre monde.

Prenez le juste mouvement pour la défense des retraites : c'était une mobilisation des classes moyennes (ce qui n'enlève rien à sa pertinence). Bien des ouvriers et employés aujourd'hui ne sont pas préoccupés d'abord par leur retraite mais plus basiquement par la recherche ou la conservation d'un emploi, par des conditions de travail durables et décentes, par un niveau de rémunération qui permette de nourrir la famille, de payer le loyer, d'assurer l'avenir des enfants. Vouloir le maintien du système par répartition, c'est très bien. Mais les revendications des classes populaires sont autrement plus urgentes et vitales.

J'attends du Parti socialiste et de son candidat aux présidentielles qu'ils parlent aux classes populaires. Les classes moyennes de toute façon suivront la dynamique générale, comme elles l'ont toujours fait dans notre histoire, pour le meilleur ou pour le pire. Parlons création d'emplois, politique salariale, réduction des inégalités, et nous pourrons reconquérir ces catégories sociales sans lesquelles il n'y a pas de socialisme. Sinon, les beaux jours de l'extrême droite continueront.


Bonne soirée.

12 Comments:

  • Bonsoir,

    Autant je suis un adepte des titres de billet accrocheurs voire légèrement polémiques, mais là pour le coup, le votre est aberrant et peut avoir des impactes importants.

    Outre la forme, le contenu pardonnez-moi, est tout à fait invraisemblable. Il existe plusieurs rangs au sein de la classe moyenne : classe moyenne inférieure et classe moyenne supérieure. Donc quand je lis que les classes moyennes peuvent se payer une femme de ménage, c'est légèrement surréaliste.

    Vous semblez croire que le déclassement n'est pas un drame pour les classes moyennes et qu'après tout, ce n'est pas grave car ils ont déjà une situation confortable. Et puis, vous raisonnez mal, en vous écoutant, on pourrait croire que les classes populaires et moyennes sont antagonistes alors que non. Vous savez, un couple d'ouvriers qualifiés avec un enfant à charge vivra mieux qu'une fonctionnaire seule, à charge de plusieurs enfants.

    Je note que vous avez une définition bien réductrice de la classe moyenne, notamment quand vous omettez d'y inclure les agriculteurs qui pour la plupart vivent sous le seuil de pauvreté aujourd'hui. C'est l'exemple aussi des petits patrons qui sont étranges par des politiques fiscales hallucinantes et notamment en ce qui concerne la taxe foncière.

    De plus, je vous rappelle accessoirement que les classes populaires bénéficient d'aides sociales importantes en terme de bourses et d'allocation notamment pour les enfants d'ouvriers, employés, contrairement aux classes moyennes qui n'ont quasiment aucune aide. Alors oui, vous dîtes que les classes moyennes accèdent à la propriété. Mais quand celles-ci sont modestes et elles voient leur taxe foncière flambée et qu'elles ne peuvent pas s'en sortir, comment-font elles ?

    En mettant volontairement de côté les classes moyennes qui sont le pilier de l'économie de notre pays, vous faites automatiquement monter le Front National. Je vous rappelle que ce sont les classes moyennes qui tirent les couches populaires vers le haut et non l'inverse. Par conséquent, c'est d'abord les classes moyennes qui doivent voir leur pouvoir d'achat augmenter et leurs salaires revalorisés. Ce sont les classes populaires qui les suivront et non l'inverse.

    Non, la solution pour élever les classes populaires est simple. Il faudra à l'avenir que les français travaillent plus. De toute façon, si on poursuit votre logique, ça voudrait dire qu'il faudrait que les classes populaires atteignent le même niveau de vie que les classes moyennes. Donc, qu'ils aient les mêmes salaires. Sauf que c'est injuste, on tend vers une forme d'égalitarisme en opposition à la méritocratie. Vous avez l'air de penser que la disparité entre les classes moyennes et populaires est grande, mais en fait non.contrairement aux classes populaires, les classes moyennes composés de profs, fonctionnaires, cadres moyens ont fait parfois de moyennes et longues études. Il est normal qu'ils aient une situation plus confortable.

    Alors qu'on améliore le salaire, les conditions de vie etc.. des classes populaires d'accord, mais alors qu'on le fasse aussi pour les classes moyennes, pour le meilleur mais pas pour le pire vous le dîtes.

    By Blogger Arthur Nouaillat, at 9:33 PM  

  • J'ai réagi en socialiste, mais je reconnais qu'on peut avoir un autre point de vue. Une simple précision : je n'oppose pas classes moyennes et classes populaires, j'ai même dit dans mon billet qu'un parti de gouvernement devait s'appuyer sur les deux. Mais il y a des choix à faire, des priorités à pointer. Et quand on est socialiste, on commence par les classes populaires. Je déplore que le "politiquement correct", de droite comme de gauche, ne fasse les yeux doux qu'aux classes moyennes. D'où ce billet d'humeur, sans doute à nuancer. Mais l'humeur est bien là !

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:28 PM  

  • Vous êtes largués tous les deux ....

    La lutte des classes ou la notion de classe est dépassée ....

    C'est un des facteurs du marasme actuel et de la montée du FN ...

    Continuez dans des schémas de ce type et UMP et PS seront hors jeux ...

    By Anonymous Anonyme, at 11:06 PM  

  • "le Parti socialiste en particulier, a orienté son discours vers les classes moyennes"

    Vous rigolez ?

    Les classes moyennes sont les vaches à lait du PS : les classes populaires sont choyées par électoralisme, et parce que de toute façon elles sont trop pauvres pour qu'on les pressure encore un peu ; les classes supérieures sont ménagées car influentes (médiatiques, culturelles, économiques...) : ce sont les classes moyennes qui subissent à chaque fois la plus grande baisse de leur pouvoir d'achat.

    Il n'est pas facile de faire partie des classes populaires, mais il ne l'est plus non plus de faire partie des classes moyennes.

    Vous avez failli me mettre d'accord avec Arthur Nouillat, mais heureusement tout risque d'une telle atrocité s'est vite éloigné quand j'ai lu qu'il considérait que les agriculteurs sont dans leur majorité à la fois dans les classes moyennes et en-dessous du seuil de pauvreté.

    Dites, M. Mousset, si vous en êtes encore à tirer sur les classes moyennes, il va falloir actualiser votre logiciel, hein... C'est une idée des années 80, ça. Et encore, je suis gentil, mais ça c'est ma nature.

    By Anonymous Pour un PS vraiment socialiste., at 12:32 AM  

  • A 11:06 :

    Je ne suis pas particulièrement marxiste mais je pense que les classes sociales existent et que leurs luttes d'intérêts sont un fait éclairant pour notre vie politique, que je ne réduis évidemment pas à ça. Quant à la montée du FN, elle n'est pas liée à la lutte des classes mais à la xénophobie.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:31 PM  

  • A 12:32 :

    Désolé pour votre gentillesse mais je persiste à penser que les classes populaires sont prioritaires. Mais peut-être n'êtes-vous pas socialiste ? Auquel cas je comprendrais votre réaction.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:34 PM  

  • je n'ai pas de femme de ménage, donc je fais partie des classes populaires et non moyennes. Pourtant, j'ai une machine à laver le linge, une autre pour laver la vaisselle, un sèche linge, une plaque à induction, un aspirateur, un sèche cheveux, un écran plasma, un ipad, un ordi avec abonnement internet, 2 téléphones portables, une voiture avec des roues qui tournent, mais je n'ai pas de femme de ménage ni de nounou.
    Quelle horreur, même pas de résidence secondaire !

    By Anonymous Anonyme, at 12:50 PM  

  • C'est peut-être tout simplement que vous êtes crade et sans enfant.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:21 PM  

  • le ps est surreprésenté par des fonctionnaires.
    Saint Quentin est à ce titre un exemple, la section locale est menée essentiellement par des personnes travaillant dans le secteur public.
    Je regrette cette situation, il faut s'efforcer que le parti soit à l'image de la société. Il doit, surtout localement, représenter à travers ses leaders la diversité des catégories sociales et professionnelles des citoyens.

    By Anonymous Anonyme, at 6:58 PM  

  • "Mais historiquement, notre base sociale ce sont les catégories populaires, ouvriers et employés."

    Il serait peut-être temps de revenir vers eux, n'est-ce-pas ?

    By Anonymous Anonyme, at 11:49 AM  

  • A 11:06

    "La lutte des classes ou la notion de classe est dépassée .... "

    Ca, c'est ce que l'on veut vous faire penser: vous savez, la pensée unique néo-libérale !!! Le capitalisme vu comme la fin de l'histoire etc...

    La lutte des classes est pourtant bien d'actualité, et la notion de classe n'est toujours pas dépassée: demandez aux habitants de l'Inde et leur système toujours bien vivant des castes.

    Et sans aller aussi loin, regardez ici en France: il n'y a jamais eu autant d'inégalités, autant d'injustices sociales. Il faudrait simplement que vous changiez de lunettes ou de cerveau car le votre est embrumé par l'idéologie UMP.

    By Anonymous Anonyme, at 11:55 AM  

  • A 11:49 :

    On dit qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 12:04 PM  

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