L'Aisne avec DSK

02 novembre 2006

La question du SMIC.

J'aime beaucoup cette formule de DSK qui traduit parfaitement sa philosophie du travail: "ce qui est dramatique, ce n'est pas d'être au SMIC un jour mais d'être au SMIC toujours".
Pour certains camarades, dont Laurent Fabius, le niveau du SMIC est en soi inacceptable, ce en quoi ils ont raison: vivre avec le SMIC, c'est difficile dans une société qui prône constamment l'hyperconsommation. Conséquence: ces camarades se fixent sur son augmentation. Dans l'idéal, ils ont encore raison. Cependant, il y a un souci: dans la vie, il y a l'idéal certes mais surtout la réalité.
Dans la réalité, le SMIC et les bas salaires existent. C'est regrettable, mieux vaudrait que chaque individu bénéficie d'un salaire correct. Mais que faire avec cette réalité? Augmenter le SMIC? Oui, et Laurent n'a pas tort, mais ce n'est pas le plus important. Pourquoi? Le SMIC à 1500 euros sur 5 ans, il faut bien sûr le faire, d'autant que c'est dans le Projet socialiste. Mais au bout du compte, cette amélioration ne transformera pas la vie du salarié ni fondamentalement son niveau de rémunération (un SMIC amélioré reste un SMIC, c'est à dire un très bas salaire).
Et ce n'est pas en commencant par une augmentation immédiate de 100 euros, comme le propose Laurent Fabius, que l'on va "changer la vie", pour reprendre le slogan socialiste des années 70 que j'aime beaucoup. C'est évidemment toujours mieux que rien, mais un socialisme exigeant et ambitieux ne peut pas se contenter d'un tel raisonnement.
Alors, que propose DSK? Faire en sorte que le travailleur ne soit plus "prisonnier" du SMIC, que la mobilité sociale lui permette d'évoluer, que la progression professionnelle soit facilitée. C'est le sens de sa formule: être au SMIC n'est pas scandaleux si c'est pour quelque temps. Cela devient inacceptable si c'est du début à la fin d'une "carrière". Pour mettre un terme à ce scandale, il ne faut pas être obnubilé par le seul SMIC et son augmentation, il faut traiter de l'ensemble des bas salaires et de leur évolution dans la longue durée. Et cette question ne pourra être abordée qu'à travers le dialogue social et la négociation.
Bonne soirée.