L'Aisne avec DSK

28 février 2007

Poids et mesures.

Bonjour à toutes et à tous.

Ce n'est pas qu'un fait divers, c'est aussi un fait de société, l'incident jugé "grave" entre l'animateur de télévision Jean-Luc Delarue et le personnel naviguant d'un avion. A cette occasion, j'apprends que les "incivilités" (c'est à dire la petite délinquance, pour parler clairement) sont en nombre grandissant lors des vols aériens. Pourtant, s'il y a un lieu où l'on ne s'attend pas à trouver de délinquance, c'est bien dans l'espace confiné et relativement confortable d'un avion (surtout en classe affaires!), dont les occupants sont rarement des banlieusards miséreux.

Bien sûr, Jean-Luc Delarue n'a ni incendié ni volé (il ne manquerait plus que cela!). Il a, sous l'emprise de l'alcool mêlé à des médicaments, agressé verbalement et physiquement des employés, avec atteintes sexuelles, et semé à tel point le désordre qu'il a fallu le menotter.
Si j'évoque cette affaire qui ne regarde que la Justice, c'est qu'elle confirme un point de vue politique que j'ai déjà exprimé sur ce blog: les "incivilités" ne sont pas le fait exclusif de jeunes des cités populaires à forte présence immigrée mais un mal, une détérioration du lien social qui atteint toute notre société et dont les banlieux ne sont que l'expression la plus spectaculaire.

Pourtant, sur RTL, à l'émission dont je vous ai parlé hier, des auditeurs se montrent étrangement indulgents envers Jean-Luc Delarue: un très long voyage, les effets du décalage horaire, le stress de l'avion, l'espace restreint, l'influence de l'alcool, le personnel pas toujours très aimable, etc, tout cela conduirait à atténuer la sévérité de notre jugement.
Non, non et non. Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures, le gamin qui brûle une voiture et qu'on sanctionne durement et la célébrité qui agresse et perturbe mais dont la condamnation serait beaucoup plus douce et compréhensive.

J'ajoute autre chose. Delarue est un animateur affable, courtois, attentif, un homme de dialogue dont l'excellente émission "Ca se discute" prône les vertus du respect, de l'ouverture et de la tolérance. Il y a donc une brutale contradiction entre l'image publique et le comportement privé. Ne lui jetons pas la pierre. Qui n'a pas fauté, qui n'a pas réagi excessivement, qui n'a jamais, comme on dit aujourd'hui, "pêté les plombs"?
Mais Delarue, parce qu'il est un homme public, parce que son émission est populaire, parce que les jeunes l'apprécient, se doit sinon de donner le bon exemple, du moins de ne pas donner le mauvais. Il doit, en ce sens, être plus exemplaire qu'un simple anonyme dont le comportement critiquable n'influence que les proches.

Je me souviens du "coup de boule" de Zidane qu'aucun homme politique n'avait à ma connaissance condamné sévèrement. "Ordre juste" à gauche, "tolérance o" à droite, si vous voulez, mais pour tout le monde.

Bonne journée, aimable et courtoise.