L'Aisne avec DSK

03 février 2007

Sarkozy et son Jules.

Bonjour à toutes et à tous.

La FSU, premier syndicat chez les enseignants, terminait hier son congrès et Nicolas Sarkozy, le même jour, prononçait un discours sur... l'Ecole et les enseignants. Intervention d'importance, politiquement et stratégiquement: les personnels de l'Education nationale sont nombreux, jouent un rôle déterminant dans une élection et sont marqués à gauche. Que leur a donc dit Sarkozy?

Ce que la droite répète depuis longtemps: il faut revenir à la bonne vieille Ecole de Jules Ferry, au temps béni où nos jeunes savaient lire, écrire et compter. Mai 68 a tout cassé, les "pédagogues" ont détruit l'Ecole, revenons vite au respect et à l'autorité. Les enseignants sont formidables, donnons leur les moyens de travailler plus pour gagner plus.

Ce discours est, au sens propre, réactionnaire: allons vers l'avenir inquiétant en regardant le passé rassurant. Rien de nouveau sous le soleil de la droite: son idéologie scolaire est bien rodée. Ce que je lui reproche? Essentiellement d'être une idéologie, une vision nostalgique et régressive déconnectée de la réalité. On ne reviendra pas à Jules Ferry, qui avait ses limites, on n'effacera pas Mai 68, qui a été bénéfique.

L'Ecole ne cesse jamais de se contruire, parce que l'émancipation de l'humanité est un combat permanent (oui, je sais, mon propos passera pour grandiloquent mais l'Ecole a cette ambition). La réalité, c'est d'adapter l'enseignement secondaire et universitaire à sa massification, de lui redonner un sens et une efficacité, alors que l'Ecole de Jules Ferry ne se préoccupait que de l'enseignement primaire. Le reste n'est que du discours pour séduire les parents et flatter les enseignants.

Dans ce dernier registre, l'intervention de Sarkozy peut hélas porter ses fruits. Les enseignants demeurent ancrés à gauche, mais moins qu'on ne le croit et surtout moins qu'il y a une trentaine d'années. Les rappels à l'ordre et à l'autorité, la dénonciation de la chienlit "pédagogiste", le maniement habile de la carotte des rémunérations supplémentaires et le bâton du retour à la discipline peuvent exercer leur charme vénéneux. C'est à la gauche de replacer le débat scolaire sur le terrain du réel et des valeurs progressistes.

Bon week-end.

4 Comments:

  • Je ne crois pas une seconde que le discours de Sarozy portera chez les enseignants, du moins dans le sens où il lui premettra de déplacer les lignes.

    Par contre, je pense qu'un certain nombre de profs peuvent eventuellement approuver son discours mais ne voteront pas pour autant pour lui, à cause de lui justement.

    Dire que l'école est, depuis 30 ans, dirigé par une bande de pédagogues un peu allumés n'est pas à 100% faux...

    Un bayrou par contre peut plaire davantage et grignoter sur Ségolène...

    By Anonymous Anonyme, at 4:59 PM  

  • A ceux parmi les enseignants qui sont tentés de voter François Bayrou, je rappelle qu'il fut ministre de l'Education nationale et qu'il se fit remarquer par sa remise en cause de la loi Falloux, favorisant ainsi l'enseignement privé. Son ministère fut également remarquable d'immobilisme, grâce à une prudente et tactique entente avec le SNES. Bayrou, non merci!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:19 PM  

  • AH le mythe de la cogestion avec le SNES...un certain lionel J. en a fait autant, je crois aussi.

    Cela dit y a du vrai je pense. C'est vrai que Bayrou n'a pas été parfait, mais c'est le dernier qui n'a pas été plus que ça contesté et ça, les profs s'en souviennent...

    Et puis surtout, le passage de ségolène n'a pas été apprécié du tout, d'où les réticences des salles de profs et voter pour sarko semblent pour bcq impossible...Tout ceci explique la côte de Bayrou actuellement mais finira par se dégonfler...

    heuresement pour ségo qu'elle n'a pas de concurrance sérieuse à gauche, imagine une cadidature sérieuse en face d'ellle...un kouchner la balaie....

    Sylvain

    By Anonymous Anonyme, at 8:08 PM  

  • Bonsoir Sylvain.
    Tu as raison, Lionel Jospin a cogéré lui aussi, mais avec le SNI,ce qui conduisit en 1989 à une revalorisation financière du métier d'instituteur. En revanche, la cogestion de Bayrou avec le SNES (mythique ou pas)n'a rien apporté aux certifiés et aux agrégés, sinon de leur laisser une paix royale (ce que j'appelle l'immobilisme). Toi et moi en savons quelque chose et c'est pourquoi je ferai grève jeudi, pour la revalorisation de nos rémunérations.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:21 PM  

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