L'Aisne avec DSK

05 avril 2007

Devoir de citoyen.

Bonjour à toutes et à tous.

Je ne sais pas s'il vous arrive la même chose qu'à moi mais je suis énormément sollicité pour des votes par procuration. Heureusement que la loi n'autorise qu'une seule procuration par personne! J'ai l'impression, sinon, que je passerais une bonne partie du dimanche présidentiel à voter!

Normal me direz-vous: les deux tours tombent en période de vacances scolaires et le droit au vote par procuration s'est assoupli. Avant, il n'y a pas si longtemps, il fallait de bonnes raisons pour en bénéficier, des cas réels d'incapacité à voter ce jour-là. Aujourd'hui, comme l'a dit sans gêne un auditeur sur une radio, "on aurait tort de ne pas en profiter".

Eh bien je ne trouve pas ça normal du tout. Ce n'est pas la première fois que des élections tombent pendant des vacances. Tout le monde ne part pas en vacances. Surtout (désolé de jouer les rabat-joie), je crois qu'il faut se faire une haute idée du vote. Cet acte mérite qu'on diffère, retarde, raccourcisse, interrompt ou même annule ses vacances. Des vacances, il y en aura d'autres, et dans peu de temps... Le vote qui commencera dans trois semaines est unique et c'est le destin de notre pays qui est en jeu, pas celui de notre petite vie le temps des vacances!

Je n'irai pas jusqu'à dire que voter est sacré (rien n'est sacré en République, pas même la loi qu'on peut toujours changer) et qu'il faut tout sacrifier pour le jour du vote. Mais le geste mérite le respect. Accepter systématiquement et sans raisons sérieuses les procurations, c'est banaliser ce geste puisqu'un autre, n'importe qui, peut l'effectuer à votre place. Le vote devrait rester une démarche solennelle, personnelle, unique qui ne se partage avec personne d'autre.

J'ajoute que la facilité de la procuration porte atteinte à un principe majeur du suffrage, le secret du vote. Et aussi à sa sincérité: même si l'ami qui vote pour vous est honnête et respecte votre choix, la confiance repose sur la subjectivité. Le vote doit reposer intégralement sur des principes, dont celui-ci: "un homme, une voix" et pas, sauf exceptions rigoureusement définies, "un homme, deux voix".

Je n'ai pas la nostalgie de l'époque où l'on venait "endimanché" dans le bureau de vote, avant la messe ou après la partie de pêche, et en famille pour montrer l'exemple aux enfants. Je ne veux pas passer pour un républicain à la romaine, citoyen austère et quelque peu stoïcien. Mais il y a des choses du passé, lointain et récent, sur lesquelles on peut méditer.

Bon après-midi (et bonne méditation).


PS: voter n'est pas essentiellement un droit comme un autre, c'est un devoir.