L'Aisne avec DSK

27 mars 2007

Le rêve et la réalité.

Bonsoir à toutes et à tous.

Enfant, j'aimais bien la chanson "L'Ile aux Enfants", générique d'une émission qui me fait penser aujourd'hui à... François Bayrou. Le rapport? Le candidat de l'UDF nous conduit dans un pays imaginaire et merveilleux , le "centrisme", qui n'existe nulle part. Et alors, me direz-vous, on a le droit de rêver! Je fais partie de ceux qui pensent que la politique doit s'appuyer sur ce qui existe et a fait ses preuves. Bayrou a un point commun avec Besancenot: leur projet ne renvoie à aucune réalité politique ou historique connue. Il est étrange que ces deux-là rencontrent une certaine popularité, alors que l'opinion publique est avide de "concret".

Prenez quelques pays modernes, USA, Angleterre, Italie, Allemagne. Les centristes y sont ultra-minoritaires, force d'appoint pour la droite ou la gauche, parti charnière, mais jamais la grande force droite-gauche que nous fait miroiter François Bayrou. Si cette dernière a pu exister, c'est en France dans les années 50, dans les échecs, l'impuissance et l'instabilité dont de Gaulle nous a sorti. Veut-on y retourner? Je vous conseille la lecture de Jacques Julliard dans Libération du 14 mars: "Ce centrisme imaginaire".

Mais Bayrou, ce n'est pas que du rêve, c'est une réalité. Laquelle? Très simple. Elle passe par un mot, une solution, une obsession: exonération.

- Le candidat de l'UDF veut pour les entreprises des exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, dont le taux serait majoré à 35%. On retrouve ici l'inspiration de Sarkozy: régler la question du pouvoir d'achat par les heures supp.

- Le candidat de l'UDF propose l'exonération des charges pendant cinq ans pour toute entreprise créant deux emplois nouveaux. Recettes perdues pour la Sécu et aubaine pour les patrons!

- Le candidat de l'UDF s'engage à exonérer de droits toutes les successions en ligne directe inférieures à 200.000 euros. Là encore, on retrouve l'intention sarkozyste de libérer l'héritage et donc de creuser les inégalités.

Le rêve et la réalité, à vous de voir, de réfléchir et de choisir. Moi c'est fait.

Bonne soirée.

5 Comments:

  • Le problème de la présidentielle, c'est que le président une fois élu, c'est aux partis de faire avec. Votre comparaison avec le petit facteur est aimable, mais l'homme au tracteur a pour ambition de gouverner la France, réellement, et il ne dépend que du vote des Français pour y parvenir. L'éthique sociale démocrate se base sur la reconnaissance du réel. Un devoir de vérité en quelque sorte. Il est contre productif d'argumenter d'une façon partisane. Cela fait plaisir aux camarades, mais cela plombe la confiance des électeurs autres.

    Pour ma part, après l'échec de Jospin, il n'y a rien de neuf au PS, à part le fait que j'y ai pris une carte. Il n'y a aucun moyen permettant de payer les 100 propositions du pacte présidentiel, et le scénario que je propose rentre dans une oreille ségolienne et ressort par l'autre. C'est amusant...

    Inventer et innover, c'est au départ du rêve. Ensuite il faut du courage politique pour le traduire dans la réalité. A ce moment actuel de la campagne, rien de concret n'est proposé quel que soit le candidat. J'attends.

    By Anonymous Anonyme, at 8:56 PM  

  • "Rien de concret n'est proposé quel que soit le candidat"? Cher JPB, vous y allez un peu fort... Je crains au contraire quelques mesures fort "concrètes" de certains candidats de droite, et je porte de sérieux espoirs dans d'autres propositions non moins "concrètes" de celle que DSK appelait "ma candidate préférée".

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:09 PM  

  • Le problème des propositions, surtout celles soutenues par DSK imposent de trouver leur financement. De trouver la machine de guerre économique qui nous permettra de les mettre en place. DSK a fait un excellent diagnostic, il faut de la croissance. Tout le problème est là, comment disposer d'entreprises nouvelles, faisant rentrer les euros à flot, créant des emplois hautement rénumérés, et permettant accessoirement de réaliser sur cette base une Europe économique.

    J'ai participé samedi au 50 anniversaire du PES, à Paris en présence de Jacques Delors et Nyrup Raslmussen, et je peut t'affirmer ne pas avoir entendu de la bouche de Ségolène Royal les mots de « capital risque, créations d'entreprises de taille européennes basées sur l'innovation, réalisation d'un lieu permettant de concrétiser cette réalisation, projet d'une future capitale économique culturelle et politique permettant de la concrétiser, désir de l'implanter en Moselle pour des raisons historiques, Kanfen » même le nom de Robert Schuman n'a pas été prononcé... horreur. Le Père Fondateur de l'Europe.

    Il y a donc encore du chemin à parcourir pour atteindre l'Élysée. Le gagnant sera celui qui prononcera les bons mots dans le bon ordre. Tu vois donc bien cher Emmanuel que j'y vais fort. ;-)

    By Anonymous Anonyme, at 1:30 PM  

  • Je crois qu'il y a, dans votre théorie du rêve Bayrou, des erreurs qui sont particulièrement grossières. A commencer par la supposée ultra minorité du centrisme en Allemagne, Angleterre et Italie. En effet, en Italie, le centre participe au gouvernement de Romano Prodi (qui, lui même, est du centre-gauche). En Allemagne, la Droite et la Gauche se sont rassemblées pour travailler ensemble, menant une politique de réformes efficaces qui a le soutien des allemands. Ils font une politique du centre. Enfin, en Angleterre, des centristes sont aussi, comme la gauche, dans le gouvernement Blair. Si le centrisme est supposé ultra-minoritaire, comme vous le dites, alors il ne serait pas dans les gouvernements. Quoiqu'il en soit, je suis assez déçu par la volonté de la gauche d'ignorer volontairement et en connaissance de cause le centrisme pour de basses motivations électoralistes. Car en agissant comme tel, celles et ceux qui le vivre la pensée et philosophie centriste n'existent pas, ou alors sont ultra-minoritaires, ce qui excuse, aux yeux de la gauche cette ignorance. Et bien, je dis non. Je dis stop ! Si l'on veut rassembler, on ne peut ignorer une catégorie de la population !

    Concernant François Bayrou, je ne m'en cache pas, je voterais pour lui. Pourtant, comme vous, je suis de gauche. Le candidat socialiste aurait été Strauss-Kahn, la question ne se posait même pas : il avait tout mon soutien. Cependant, je ne me reconnais absolument pas dans Ségolène Royal. Au contraire, je me reconnais davantage dans le côté politique centre-gauche que prône François Bayrou. Quant à la question de savoir si nous souhaitons retourner dans les années 50, je la trouve dérisoire et franchement démagogue. Il n'est pas question de retourner dans le passé, mais de sortir la France du cercle vicieux dont elle est la victime depuis plus de 30 ans, suite aux alternances droite/gauche. Regardez les campagnes électorales précédentes, qui ont amenées les victoires soit de la gauche, soit de la droite. Les problèmes sont les mêmes qu'en 81, 86, 88, 93, 95, 97, 2002 : chômage, pouvoir d'achat, insécurité, questions sociales, immigration (pour les plus récentes). Si les problèmes restent inchangés, c'est la preuve incontestable de l'échec de la politique menée depuis 25 ans par la gauche et la droite. C'est l'échec d'une alternance, créée par le système de la Vème République.

    Alors aujourd'hui, faut il voter pour que, dans 5 ans, les problèmes soient encore les mêmes que ceux d'aujourd'hui ? Pour que dans 5 ans, ce soit la droite qui revienne aux affaires (si la gauche gagne cette année) ? Non. Bien sur, vous me répondrez que la gauche et Ségolène Royal incarne le changement, pour diverses raisons. Argument peu crédible. Regardez, la gauche est exactement la même qu'il y a 10 ans ! Les mêmes têtes, les mêmes idées, les mêmes principes. La gauche, en 1997, c'était DSK, Jospin, Royal, Lang, Fabius... La gauche en 2007 c'est... DSK, Jospin, Royal, Lang, Fabius. Bref, le rêve se trouve plutôt du côté socialiste. Vous rêvez d'incarner ce changement dont notre pays a rudement besoin, mais vous même vous n'avez pas changé, vous êtes resté les mêmes ! Et si François Bayrou est, selon vous, le rêve du centrisme, alors je préfère rêver. Car rêver, c'est entretenir, au plus profond de soi même, cet espoir qui nous fait croire. Je préfère rêver, pour croire, que de porter ce pessimiste ambiant qui traine depuis 25 ans dans notre pays, face aux échecs des gouvernants successifs.

    By Anonymous Anonyme, at 3:12 AM  

  • Mmm... Il ne voulait pas de mon second commentaire hier, le bougre de blogger ! :-)

    Pour en revenir à votre argumentation concernant l'exonération, j'aimerais vous contredire. Premièrement, sur les droits de succession. Saviez vous que plus de 80% des successions échappent à l'impôt, grâce notamment aux abattements et aux liens de parentés ? Il n'y a que 20% d'héritiers qui payent des droits de successions. Et savez vous combien coûte une succession ? Moi même, j'ai du refuser la succession de ma grand-mère (constitué de deux maisons dont une à l'abandon et complètement surévaluée) car je n'avais pas assez de moyens pour m'acquitter des droits de succession ! Aujourd'hui, ces maisons, celles de mes grands-parents, ont été bradées aux enchères à des inconnus ! Alors l'exonération des droits de succession est une bonne chose. J'irais même plus loin : il faut les supprimer, car (trop) nombreux sont les français qui ne peuvent s'en acquitter pour toucher leur héritage.

    Ensuite, sur l'exonération des charges pour la création de deux emplois pendant 5 ans. Vous dites aubaine pour les patrons, mais avez vous pensé aux salariés ? Ne serait-ce pas une aubaine aussi, pour eux, de trouer (ou retrouver) un emploi car leur employeur n'aura pas à payer les charges sur leur salaire, charge qui peut représenter jusqu'à 1,5 fois le salaire de l'employé ? C'est, je trouve, une mesure concrète qui peut créer réellement de l'emploi, et ainsi réduire réellement le chômage (pas comme la droite !). Le tissu d'entreprise français est composé de plusieurs millions de petites entreprises, qui ne comptent souvent que 1 à 2 salariés (souvent un couple). Pour pouvoir se développer économiquement, ces entreprises ont besoin d'embaucher des gens qualifiés. Seulement, embaucher quelqu'un n'est pas si facile, car tous les mois c'est une grosse somme qu'il faut débourser. Somme qui n'est pas forcement dans les poches de toutes nos petites entreprises.

    Par exemple, pour un salaire inférieur à 1500 euros, l'entreprise doit débourser 3000 euros ! 3000 euros, pour une entreprise familiale, c'est beaucoup puisque 2 salaires ! L'idée de François Bayrou, en reprenant cet exemple, est de verser juste le salaire de 1500 euros à l'employé, l'entreprise gagne 1 salaire ! Salaire qui pourra, après, servir à l'investissement, à l'embauche d'une autre personne, etc. En économisant 1 salaire « charges » sur chacun des deux salaires « employés », l'entreprise pourra créer de la richesse par l'investissement. Et après, c'est bien connu : plus d'investissement, c'est plus de croissance et donc plus d'emploi. Et qui dit plus d'emploi, dit plus de prélèvement type CSG pour la sécurité sociale. Enfin, l'exonération de charge sur les heures supplémentaires. On en revient à notre petite entreprise familiale (qui compose, si ma mémoire est bonne, plus de 80% des entreprises françaises). Si un salarié veut travailler plus, c'est son droit. Seulement, si l'entreprise ne peut lui payer ses heures supplémentaires, alors il ne pourra en faire.

    Navré de me citer encore comme exemple, mais moi même je travaille dans une entreprise familiale, gérée par un frère et une soeur. C'est une entreprise renommée localement, qui travaille également sur des marchés dans la région parisienne. Son activité se développe, mais elle ne peut embaucher car elle ne rentrerait pas dans ses frais. De fait, pour faire face, à un moment donné, au travail qu'il fallait faire, alors j'ai du, avec les gérants, faire des heures supplémentaires, et même bosser quelques jours de repos. Seulement, ces heures supplémentaires et jours de repos travaillés n'ont pas été payées, l'entreprise n'en avait pas les moyens (précision : j'étais entièrement d'accord, en connaissance de cause). Si la mesure de Bayrou permet à l'entreprise d'une part de se développer « légalement » sans passer par le travail au noir et/ou sans payer les heures supplémentaires et, d'autre part, me permet d'être payé, alors je signe de suite ! D'ailleurs, je signe le 22 avril :-) !

    By Anonymous Anonyme, at 2:22 PM  

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