Dépasser les courants.
Bonsoir à toutes et à tous.
"Nous devons dépasser les courants pour conjuguer les engagements". C'est une phrase que vous pouvez lire à la fin de la motion conduite par Martine Aubry, c'est l'une des raisons, forte, pour laquelle j'en suis signataire. Le déroulement dramatique des municipales à Saint-Quentin m'a confirmé dans une idée ancienne, souvent argumentée sur ce blog: il faut en finir avec les "courants", devenus mortels pour le Parti socialiste. Je crois qu'une grande majorité de mes camarades, au niveau national, l'ont bien compris. Au plan local, chez moi, c'est hélas autre chose...
Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, à leur façon, qui n'est pas la mienne, contestent le système des courants. Mais ils le remplacent par le système des personnes, la présidentialisation du débat, qui n'est pas une bonne chose. Les courants doivent être "dépassés", pour reprendre l'expression de Martine Aubry, collectivement, par un travail d'équipe rassemblant des sensibilités différentes, et même il n'y a pas si longtemps opposées. C'est ce qu'il y a de fécond dans la démarche initiée par les Reconstructeurs et maintenant conduite par le maire de Lille.
Car un courant est un clan ou une écurie, pas une sensibilité d'idées. On les accuse principalement de diviser le Parti et on a bien sûr raison, mais il faut analyser plus loin la malfaisance de ce système des courants, qui au départ était bon, mais qui a été perverti pour trois raisons:
1- Tant que le PS a été un parti d'opposition, c'est-à-dire la majeure partie de son existence, les courants avaient leur pertinence, nourrissaient le débat idéologique, comme dans les années 70. Devenu à partir de 1981 parti de gouvernement, le PS a été accaparé par des tâches de gestion, dans lesquelles l'idéologie avait une part beaucoup moins grande, ce qui a conduit à une dévitalisation intellectuelle des courants.
2- La chute de l'idée révolutionnaire, le discrédit porté sur l'idéologie de la rupture précipitent également la disparition des courants, qui s'alimentaient abondamment à cette source de la radicalité. Les courants au PS ont surtout été vivants et actifs à sa gauche, très peu à sa droite.
3- La social-démocratisation généralisée, perceptible dans la nouvelle Déclaration de principes, favorise l'émergence d'une large majorité réformiste, non plus une fragmentation en courants très typés et rivaux.
Martine Aubry est celle qui est allée le plus loin dans le dépassement des courants, puisqu'on en retrouve quatre autour d'elle, qui effectuent leur mutation:
- Les strauss-kahniens, orphelin de leur leader, victime aussi d'une crise de croissance.
- Les fabiusiens, soucieux d'échapper à la marginalisation dans laquelle ils se trouvaient depuis trois ans.
- Les rénovateurs de Montebourg, laissant derrière eux un NPS trop traditionnel et un NPS trop "droitier".
- Les poperénistes (mais oui!), dont on parle très peu, mais dont la figure la plus emblématique, Alain Vidalies, a rejoint aussi Martine Aubry. Ce n'est pas pour m'étonner: il y a quelques mois, j'avais consacré un billet à la transformation du poperénisme en néo-poperénisme, bien différent de la pensée de son fondateur. On n'imagine par exemple pas Jean Poperen approuver, à Saint-Quentin, l'union avec trois organisation trotskiste.
De ce creuset peuvent naître un nouveau Parti socialiste, un réformisme moderne, une culture politique inédite, sur les cendres des vieux courants.
Bonne soirée.
"Nous devons dépasser les courants pour conjuguer les engagements". C'est une phrase que vous pouvez lire à la fin de la motion conduite par Martine Aubry, c'est l'une des raisons, forte, pour laquelle j'en suis signataire. Le déroulement dramatique des municipales à Saint-Quentin m'a confirmé dans une idée ancienne, souvent argumentée sur ce blog: il faut en finir avec les "courants", devenus mortels pour le Parti socialiste. Je crois qu'une grande majorité de mes camarades, au niveau national, l'ont bien compris. Au plan local, chez moi, c'est hélas autre chose...
Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, à leur façon, qui n'est pas la mienne, contestent le système des courants. Mais ils le remplacent par le système des personnes, la présidentialisation du débat, qui n'est pas une bonne chose. Les courants doivent être "dépassés", pour reprendre l'expression de Martine Aubry, collectivement, par un travail d'équipe rassemblant des sensibilités différentes, et même il n'y a pas si longtemps opposées. C'est ce qu'il y a de fécond dans la démarche initiée par les Reconstructeurs et maintenant conduite par le maire de Lille.
Car un courant est un clan ou une écurie, pas une sensibilité d'idées. On les accuse principalement de diviser le Parti et on a bien sûr raison, mais il faut analyser plus loin la malfaisance de ce système des courants, qui au départ était bon, mais qui a été perverti pour trois raisons:
1- Tant que le PS a été un parti d'opposition, c'est-à-dire la majeure partie de son existence, les courants avaient leur pertinence, nourrissaient le débat idéologique, comme dans les années 70. Devenu à partir de 1981 parti de gouvernement, le PS a été accaparé par des tâches de gestion, dans lesquelles l'idéologie avait une part beaucoup moins grande, ce qui a conduit à une dévitalisation intellectuelle des courants.
2- La chute de l'idée révolutionnaire, le discrédit porté sur l'idéologie de la rupture précipitent également la disparition des courants, qui s'alimentaient abondamment à cette source de la radicalité. Les courants au PS ont surtout été vivants et actifs à sa gauche, très peu à sa droite.
3- La social-démocratisation généralisée, perceptible dans la nouvelle Déclaration de principes, favorise l'émergence d'une large majorité réformiste, non plus une fragmentation en courants très typés et rivaux.
Martine Aubry est celle qui est allée le plus loin dans le dépassement des courants, puisqu'on en retrouve quatre autour d'elle, qui effectuent leur mutation:
- Les strauss-kahniens, orphelin de leur leader, victime aussi d'une crise de croissance.
- Les fabiusiens, soucieux d'échapper à la marginalisation dans laquelle ils se trouvaient depuis trois ans.
- Les rénovateurs de Montebourg, laissant derrière eux un NPS trop traditionnel et un NPS trop "droitier".
- Les poperénistes (mais oui!), dont on parle très peu, mais dont la figure la plus emblématique, Alain Vidalies, a rejoint aussi Martine Aubry. Ce n'est pas pour m'étonner: il y a quelques mois, j'avais consacré un billet à la transformation du poperénisme en néo-poperénisme, bien différent de la pensée de son fondateur. On n'imagine par exemple pas Jean Poperen approuver, à Saint-Quentin, l'union avec trois organisation trotskiste.
De ce creuset peuvent naître un nouveau Parti socialiste, un réformisme moderne, une culture politique inédite, sur les cendres des vieux courants.
Bonne soirée.
8 Comments:
quand un courant n'existe plus,
cela ne doit pas être bien difficile à faire de le dépasser.
Il est à noter que ce sont ceux qui n'appartiennent pas à un courant, qui n'ont pas de courant à leur nom ou qui ont vu leur courant imploser qui dénoncent ce système.
Et souvent parce qu'ils n'arrivent pas à se mettre d'accord avec les courants existants qui sont eux structurés et organisés.
Donc, il est reproché à ceux qui sont capable de se structurer et de se rassembler afin de peser dans le parti de le faire.
Vouloir pénaliser ceux qui travaillent au détriment de ceux qui n'en font pas assez me semble être la marque de fabrique d'une partie des socialistes.
Eux sont meilleurs que nous parce qu'ils bossent mieux et plus,
empêchons les de mieux et plus travailler, ainsi on rétablira l'équilibre.
Mon courant d'idée parce qu'il ne le veut pas ou ne le peut pas n'arrive pas à exister ou à être animé contrairement à d'autres courants, plutôt que de faire ce qu'il faut pour que ça fonctionne.
Supprimons les courants.
Heureusement que je dois être encore un train d'halluciner.
Et je comprends votre désarroi, en plus ces courants refusent de travailler avec vous à l'animation de la section.
Enfin, c'est plutôt vous qui êtes de mauvaise volonté et qui ne voulait pas travailler avec eux, mais c'est quand même de leur faute,
ils n'existeraient pas vous n'auriez pas à devoir composer avec
et comme vous ne voulez pas composer avec eux, autant qu'il n'existe plus.
Sinon vous seriez obligé de devoir descendre de votre piédestal, de faire des compromis et de devoir partager le pouvoir.
Or, le pouvoir vous le voulez, uniquement si vous n'avez pas à le partager.
Au sein meme de ce qui devrait etre votre courant, vous n'arrivez meme pas à vous mettre d'accord entre vous et vous reprochez aux autres de réussir à le faire.
Encore et toujours des plaintes sur les autres, ce qu'ils font, ce qu'ils pensent,
une diversion pour éviter de vous demander à vous-même ce que vous faites et ce que vous pensez..
Vouloir changer le systeme pourquoi pas si c'est pour l'améliorer, mais c'est ceux qui ont le pouvoir qui peuvent le modifier.
Et vous ce que vous demandez c'est que le pouvoir modifie le systeme pour que le systeme vous devienne plus favorable.
Vous voudriez que la cigale ait droit à la moitié des réserves de la fourmi, parce que la fourmi a été fourmi et la cigale cigale.
La fourmi étant ce qu'elle est,
ce serait discriminatoire et inégalitaire pour la cigale.
By grandourscharmant, at 8:24 AM
M. Mousset est partisan du courant d'air !
" nous partîmes 500, et nous fûmes 2 en arrivant au port "
les s-kahniens ayant disparu, il faut bien se racrocher à qq chose !
Est-ce la girouette qui impose la direction du vent, ou le vent qui agit sur la girouette ?
By Anonyme, at 9:44 AM
François,
Je conteste le système des courants depuis bien longtemps, bien avant que le courant strauss-kahnien ne se divise.
Les strauss-kahniens n'ont pas disparu, ils se sont multipliés et dispersés. Pour le plus grand bonheur de DSK? C'est le courant qui a disparu, pas les hommes.
By Emmanuel Mousset, at 10:03 AM
L'ours,
Ne parlez pas des courants, à l'UMP vous ne savez pas ce que c'est: tout le monde derrière le chef!
By Emmanuel Mousset, at 10:21 AM
Et c'est sans doute pour cela qu'elle est forte!
By Anonyme, at 1:07 PM
C'est l'un des éléments de sa force, auquel il faut ajouter sa cohérence idéologique et son adaptation à la société moderne, ce à quoi les socialistes ne sont pas encore parvenus.
Mais en ce qui concerne le "chef", nous ne sommes pas obligés de copier la droite. Ce qui est vrai en revanche, c'est qu'il n'y a pas d'action politique sérieuse et efficace sans un leader.
Au niveau national comme à Saint-Quentin, nous souffrons de cette absence de leader. Espérons que la situation ne soit que provisoire.
By Emmanuel Mousset, at 1:31 PM
et moi qui pensait qu'au ps, il n'y avait que des leaders et aucun suiveur.
By grandourscharmant, at 4:01 PM
Des suiveurs, j'en connais des tonnes. Mais peut-on faire autrement en politique?
By Emmanuel Mousset, at 8:16 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home