A gauche toute?
Bonjour à toutes et à tous.
Depuis quelques jours, depuis surtout la crise financière, les médias nous expliquent que le Parti socialiste vire à gauche, que les motions sont entrées dans une course à l'échalote pour savoir qui sera le plus à gauche. Notre aile gauche s'en réjouit, laissant croire ainsi que le débat tourne autour de ses propositions, mais se dépite aussi de voir piller ses idées. En fait, tout cela est faux, je vous dis pourquoi, c'est assez simple, et c'est nécessaire pour la clarté du débat:
1- Les motions ont été rédigées avant la crise financière. Celle-ci n'explique donc pas le prétendu gauchissement du Parti.
2- Il y a quelques semaines, les médias nous expliquaient que les trois motions principales étaient de même nature, sociale-démocrate, qu'elles se ressemblaient plus qu'elles ne différaient. Maintenant, on nous explique le contraire. Il faudrait savoir!
3- Dans ce gauchissement imaginaire, on vise particulièrement la motion Aubry. Mais elle n'a pas attendu la crise pour dénoncer le capitalisme financier et faire des propositions solidement de gauche. Je vous en cite quelques-unes: fonds souverain à la française pour le soutien de notre économie, système d'alerte au niveau du FMI, révision des normes comptables au plan international, nouvelles agences publiques de notation, lutte contre les paradis fiscaux, taxe mondiale pour ralentir les flux de capitaux, encadrement de la rémunération des acteurs financiers et des dirigeants.
Encore une fois, tout ça a été pensé et rédigé avant que la crise ne se manifeste spectaculairement. Aubry n'a en rien modifié sa stratégie: donner une claire identité de gauche à notre projet. C'est tout, c'est beaucoup, c'est essentiel, et ça n'a rien à voir avec le petit jeu idiot du "plus-à-gauche-que-moi-t'es-pas-cap". La motion D veut un tracé précis, conforme à notre passé, fidèle à notre héritage et ouvrant une perspective sur l'avenir. Pas besoin de jouer au faux gauchiste pour faire ça, il suffit d'être soi-même, de ne pas oublier d'où nous venons, pour qui et pour quoi nous luttons, dans quel objectif pour demain.
4- Le fond de l'air n'est pas rouge, ni au PS, ni dans la société. La grande crise de 1929 a engendré des mouvements radicaux, le communisme à gauche, le fascisme à droite. Rien de tel aujourd'hui. Au contraire, ce qui ressort de cette crise, c'est la pertinence des solutions sociales-démocrates, autour de ce concept qui leur est propre: la régulation. Ce n'est pas la gauche qui se gauchise, c'est la droite qui se social-démocratise! Je n'irai pas jusqu'à dire comme Chavez, loin de là, que Sarkozy est devenu socialiste. Mais il a manifestement du mal à rester libéral au moment ou le libéralisme financier prouve son ineptie et son incurie.
5- Qu'est-ce qui explique cependant cette impression, erronée, d'une gauchisation du PS? Un phénomène très simple, l'effet de contraste. Du fait de la crise, les motions mettent en avant leur critique du capitalisme. En tant ordinaire, elles n'auraient pas insisté sur ce qui va de soi, fait partie de nos fondamentaux. Nous aurions alors privilégié par exemple la culture, l'écologie, la fiscalité locale, l'Europe, qui sait la politique étrangère, etc. Mais comme notre société est sous l'influence des médias, c'est la crise financière qui a pris le pas. Et c'est d'ailleurs normal. Il ne faut pas en conclure que le PS aurait, par opportunisme, changé son discours. Nos adversaires ont le droit de le dire, c'est de bonne guerre. Nos militants ne le peuvent pas, ce serait un mauvais coup porté contre nous.
6- Pendant longtemps, au PS, un congrès s'est gagné à gauche. Aujourd'hui, nous savons que ce temps est fini. En 2005, les adhérents ont validé le oui à la Constitution européenne et n'ont pas suivi le non de l'aile gauche. En 2006, ils ont choisi Ségolène Royal et accordé à peine 20% au candidat de l'aile gauche, Laurent Fabius. Reims ne se gagnera pas à gauche toute, mais simplement, clairement à gauche, sans excès, sans abus, sans surenchère, sans besoin d'avoir à démontrer quoi que ce soit. En défendant ce que nous sommes, en préparant ce que nous serons. En commençant par être fiers de nous-mêmes, de notre bilan au gouvernement, que Martine Aubry incarne si bien. Je me souviens d'un temps pas si lointain où j'entendais des critiques très dures contre la politique de Jospin, venant des rangs mêmes du PS. Il faut assumer ce que nous avons fait.
Bonne matinée.
Depuis quelques jours, depuis surtout la crise financière, les médias nous expliquent que le Parti socialiste vire à gauche, que les motions sont entrées dans une course à l'échalote pour savoir qui sera le plus à gauche. Notre aile gauche s'en réjouit, laissant croire ainsi que le débat tourne autour de ses propositions, mais se dépite aussi de voir piller ses idées. En fait, tout cela est faux, je vous dis pourquoi, c'est assez simple, et c'est nécessaire pour la clarté du débat:
1- Les motions ont été rédigées avant la crise financière. Celle-ci n'explique donc pas le prétendu gauchissement du Parti.
2- Il y a quelques semaines, les médias nous expliquaient que les trois motions principales étaient de même nature, sociale-démocrate, qu'elles se ressemblaient plus qu'elles ne différaient. Maintenant, on nous explique le contraire. Il faudrait savoir!
3- Dans ce gauchissement imaginaire, on vise particulièrement la motion Aubry. Mais elle n'a pas attendu la crise pour dénoncer le capitalisme financier et faire des propositions solidement de gauche. Je vous en cite quelques-unes: fonds souverain à la française pour le soutien de notre économie, système d'alerte au niveau du FMI, révision des normes comptables au plan international, nouvelles agences publiques de notation, lutte contre les paradis fiscaux, taxe mondiale pour ralentir les flux de capitaux, encadrement de la rémunération des acteurs financiers et des dirigeants.
Encore une fois, tout ça a été pensé et rédigé avant que la crise ne se manifeste spectaculairement. Aubry n'a en rien modifié sa stratégie: donner une claire identité de gauche à notre projet. C'est tout, c'est beaucoup, c'est essentiel, et ça n'a rien à voir avec le petit jeu idiot du "plus-à-gauche-que-moi-t'es-pas-cap". La motion D veut un tracé précis, conforme à notre passé, fidèle à notre héritage et ouvrant une perspective sur l'avenir. Pas besoin de jouer au faux gauchiste pour faire ça, il suffit d'être soi-même, de ne pas oublier d'où nous venons, pour qui et pour quoi nous luttons, dans quel objectif pour demain.
4- Le fond de l'air n'est pas rouge, ni au PS, ni dans la société. La grande crise de 1929 a engendré des mouvements radicaux, le communisme à gauche, le fascisme à droite. Rien de tel aujourd'hui. Au contraire, ce qui ressort de cette crise, c'est la pertinence des solutions sociales-démocrates, autour de ce concept qui leur est propre: la régulation. Ce n'est pas la gauche qui se gauchise, c'est la droite qui se social-démocratise! Je n'irai pas jusqu'à dire comme Chavez, loin de là, que Sarkozy est devenu socialiste. Mais il a manifestement du mal à rester libéral au moment ou le libéralisme financier prouve son ineptie et son incurie.
5- Qu'est-ce qui explique cependant cette impression, erronée, d'une gauchisation du PS? Un phénomène très simple, l'effet de contraste. Du fait de la crise, les motions mettent en avant leur critique du capitalisme. En tant ordinaire, elles n'auraient pas insisté sur ce qui va de soi, fait partie de nos fondamentaux. Nous aurions alors privilégié par exemple la culture, l'écologie, la fiscalité locale, l'Europe, qui sait la politique étrangère, etc. Mais comme notre société est sous l'influence des médias, c'est la crise financière qui a pris le pas. Et c'est d'ailleurs normal. Il ne faut pas en conclure que le PS aurait, par opportunisme, changé son discours. Nos adversaires ont le droit de le dire, c'est de bonne guerre. Nos militants ne le peuvent pas, ce serait un mauvais coup porté contre nous.
6- Pendant longtemps, au PS, un congrès s'est gagné à gauche. Aujourd'hui, nous savons que ce temps est fini. En 2005, les adhérents ont validé le oui à la Constitution européenne et n'ont pas suivi le non de l'aile gauche. En 2006, ils ont choisi Ségolène Royal et accordé à peine 20% au candidat de l'aile gauche, Laurent Fabius. Reims ne se gagnera pas à gauche toute, mais simplement, clairement à gauche, sans excès, sans abus, sans surenchère, sans besoin d'avoir à démontrer quoi que ce soit. En défendant ce que nous sommes, en préparant ce que nous serons. En commençant par être fiers de nous-mêmes, de notre bilan au gouvernement, que Martine Aubry incarne si bien. Je me souviens d'un temps pas si lointain où j'entendais des critiques très dures contre la politique de Jospin, venant des rangs mêmes du PS. Il faut assumer ce que nous avons fait.
Bonne matinée.
16 Comments:
1)Certes les motions ont été rédigées avant la crise sauf que certaines demandaient un report du congrès de Reims pour mettre à jour leur motion.
2)les médias expliquent au contraire à juste titre, parce qu'ils le constatent, que les trois motions dites principales changent leur discours pour se rapprocher d'Hamon.
3)La motion Aubry n'est pas particulièrement visée(n'a t elle pas Fabius dans ses bagages)mais plutot Ségolène ou Delanoé.
Par honnêteté dans les propositions de gauche de la motion Aubry vous auriez pu citer les contre-exemples. N'est ce pas DSK qui était pour les fonds de pension pour les retraites?... dont on voit aujourd'hui le résultat pour les retraités aux USA et en Angleterre.
4)Pour la pertinence des solutions sociales-démocrates dont nous avons le résultat devant les yeux, relisez les commentaires de Sylvain ou de L.E.qui"amènent de l'air frais" et qui vous font réfléchir en tout cas.
5) effet de contraste ou pas , relisez les motions et vous verrez celles qui parlent du retour de la puissance publique, de la fiscalité ou de l'Europe.
6)En 2005 les adhérents ont ratifié le oui à la constitution européénne mais en revanche les Français non à 55%...Et peut être il vous échappe que Fabius est dans la même motion qu'Aubry.
Comme vous dites on ne peut pas expliquer tout et le contraire. Il faudrait savoir.
By Anonyme, at 1:40 PM
1- La motion D n'a jamais demandé le report du congrès.
2- On est pas obligé d'être d'accord avec les médias.
3- DSK n'a jamais été favorable à des fonds de pension à la place du système actuel de retraite.
4- On peut réfléchir à ce que dit un camarade sans nécessairement s'aligner sur lui.
5- La motion D parle du retour de la puissance publique, de la fiscalité et de l'Europe.
6- J'ai parlé des adhérents du PS, pas des Français en général. Quant à Fabius, il a le mérite, avec Aubry, de vouloir dépasser la division entre le oui et le non.
By Emmanuel Mousset, at 1:52 PM
-D'accord sur les points 1,2 et 4.On va pas réinventer l'eau tiède!
-En revanche oui DSK s'est montré clairement en faveur des fonds de pension même si cela n'est pas dans la motion Aubry.
-Aubry parle de l'Europe , de la fiscalité et de l'état. Encore heureux si vous permettez;Sauf qu'Hamon apporte des solutions plus pertinentes face à la crise actuelle.
-Oui mais c'est bien de prendre en compte ce que disent les Français et Fabius ne renie en rien ce qu'il a affirmé sur l'Europe.
By Anonyme, at 2:08 PM
Sur l'Europe, personne ne se renie, ni les fabiusiens, ni les strauss-kahniens, mais les uns et les autres font l'effort louable de dépasser leur opposition.
Sur les fonds de pension, DSK n'a jamais été pour. Ou alors, dites-moi où, quand, comment.
By Emmanuel Mousset, at 2:32 PM
Tu es dans la merde emmanuel, l'alliance avec les neos-fabusiens et proprenistes commence à se dessiner.
En ce concerne la motion Hamon je n'ai pu voir qu'un etat des lieux et aucune proposition, s'opposer, s'opposer et toujours s'opposer c'est la seule façon d'exister pour la "la gauche dure du parti", surtout à saint quentin (on s'allie à fabius l'orsqu'il s'oppose à l'europe et à hamon l'orsqu'il s'oppose à la majorité du parti et à l'évolution de celui-ci).
Enfin, une seule proposition sort de cette motion, le protectionnisme cher à jean marie lepen et devillier.
By Anonyme, at 2:41 PM
Difficile tout de même de rapprocher Hamon de Le Pen ou Villiers, même sur le seul point de l'économie.
Qui est dans le caca? Eux ou moi? Moi avec eux? Eux avec moi? Disons plutôt qu'il y a de sérieuses difficultés, mais personne n'est dans la merde. Et surtout, il faut distinguer St Quentin, qui est un cas très particulier, et ce qui se passe au plan national.
By Emmanuel Mousset, at 4:10 PM
La comparaison ne concernait pas hamon avec lepen ou villier, mais l'idée du protectionnisme economique qui a toujours était revendiqué par ces deux dérniers.
By Anonyme, at 6:12 PM
A l'anonyme qui n'a pas lu la motion Hamon.
Qu'il jette donc un oeil sur le sommaire:
-1)S'opposer:5 pages
-2)Proposer:29 pages
-3)Rassembler:3 pages
Enfin limiter et réguler le libre échange n'a rien à voir avec le protectionnisme.
By Anonyme, at 7:59 PM
A l'anonyme précédent,
" s'opposer et proposer ", ça ressemble à " combattre et proposer " de Ségo !
on le pardonnera au jeune Hamon !
Copier est un vilain défaut.
Au fait, appelons un chat un chat :
limiter le libre échange : c'est du protectionisme !
By Anonyme, at 10:22 PM
Mais alors vraiment tant mieux si Ségo s'oppose et propose!
Le protectionnisme c'est le repli sur soi national.
Cela n'a rien à voir avec ce que dit Hamon au niveau européen.
Il s'agit de tenir compte des conditions dans lesquelles sont fabriqués des produits dans certains pays (conditions sociales, écologiques ou environnementales)
By Anonyme, at 10:35 PM
J'admets qu'il y a une différence entre le système protectionniste et les restrictions douanières que propose Hamon. Mais justement, ça me pose problème, car les mesures en question ne peuvent pas aller très loin, avoir de véritable impact, faute d'une véritable protection économique (que je ne souhaite évidemment pas).
Pour un tee-shirt chinois qu'on refusera parce qu'il aura été fabriqué par des enfants, combien de produits laissera-t-on entrer, parce que les conditions sociales et environnementales de leur production auront été correctes?
Bref, les mesures proposées par Hamon me semblent sans grandes conséquences sur l'économie. On ne peut pas se passer de la grande majorité des articles étrangers qu'on voit dans nos magasins et supermarchés.
By Emmanuel Mousset, at 12:24 AM
bien sur que si on peut s'en passer,
mais le veut-on
certainement pas.
Cela impliquerait de remettre en cause le modèle consumériste qui est le notre.
Et c'est normal qu'un socialiste pour qui l'alpha et l'oméga est la consommation soit contre la remise en cause de cette consommation.
Et je suis ravi que certains à gauche se rappellent que l'investissement productif est nécessaire et indispensable au bon fonctionnement de l'économie.
Autant c'est un discours qu'on entendait au niveau de la base et de maniere ponctuelle,
autant au niveau des instances dirigeantes de gauche,...
By grandourscharmant, at 9:25 AM
Vous avez raison, on peut se passer de tout. On peut même se passer de la vie. Allez-y, donnez l'exemple, suicidez-vous le premier.
By Emmanuel Mousset, at 9:35 AM
A EM
Vous avez avoué il y a peu qu'il pouvait vous arriver de faire ici ou la des réponses à la con.
Je crois que celle que vous venez de faire à GOC entre à coup sur dans cette catégorie et sera en bonne place dans le sottisier de ce blog!
By Anonyme, at 1:48 PM
Je n'avoue jamais rien, même sous la torture. Je donne librement mon avis, c'est tout.
Quant à l'ours UMP, il mérite toutes les réponses à la con du monde entier. Ne pleurez pas sur son sort, ce n'est qu'une sale bête.
L'idée d'un "sottisier" du blog est excellente, mais je ne vois pas trop comment la mettre techniquement en place. Et vous?
By Emmanuel Mousset, at 5:20 PM
Je n'en ai pas la moindre idée et puis il faudrait sans doute un jury!
By Anonyme, at 8:57 PM
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