X.

Bonsoir à toutes et à tous.

Hier, l'émission "Ce soir (ou jamais)" promettait d'être croustillante. Le débat portait sur l'industrie pornographique et ses difficultés. Des membres de cette large corporation étaient sur le plateau. Mais rien n'a croustillé. Au contraire, les échanges relevaient du plus grand sérieux, sur un ton très posé, entre gens de bonne compagnie. J'ai assisté à des confrontations entre intellectuels ou artistes beaucoup plus agitées et débridées !

Une certaine Katsuni, qui est paraît-il la star mondiale du X, ressemblait à une très sage professionnelle, ne parlant que de compétence, qualité, efficacité. Grégory Dorcel, le boss du porno si j'ai bien compris, affichait un sourire et un calme de commercial. Seul le réalisateur John B. Root s'est permis quelques fantaisies, extrêmement légères. On se serait cru dans un séminaire pour cadres ! Le côté pervers et cradingue du porno (qui tout de même existe !) avait disparu.

Il a été rappelé quelque chose que j'avais complètement oublié, et fort intéressant : dans les années 70, la plupart des cinémas passaient des films pornos, ce qui n'est plus du tout le cas aujourd'hui. Fâcheuse mémoire ! J'aurais dû pourtant me souvenir ... A Saint-Amand, dans mon Berry, il y avait à l'époque deux cinémas (un seul maintenant), dont un qui proposait chaque semaine un porno. Ma jeune adolescence était intriguée et un peu inquiétée par les titres qui s'étalaient au regard de tous et ne semblaient pas effaroucher les Berrichons : "Prends-moi par tous les trous" ou "Chattes en chaleur" me reviennent à l'esprit.

Quand on y repense, ça fait rigoler. Dans l'excès, le burlesque et le grotesque de ces titres, leur dérision involontaire ou pas, il y avait presque le remède aux grandes et petites perversions que ces films promettaient. Aujourd'hui, il serait inimaginable de voir de telles affiches s'étaler aux yeux du public. On en appelerait immédiatement à la protection de l'enfance, à la défense de la dignité humaine ou aux droits des femmes, et la censure ferait son travail. Mais je me demande si nos années 2 000 sont moralement meilleures que mes jeunes années 70.

Je l'ai souvent dénoncé : notre société est devenue puritaine, américaine, moraliste, hypocrite. On interdit au vice de se montrer publiquement mais on le laisse exploser dans la sphère privée de l'internet. Et là, toutes les dégueulasseries sont permises, à côté desquelles les affiches pornos de mon bon vieux temps, avec leurs accroches et leurs provocations, étaient à l'eau de rose, seulement un peu sale.

Ce que je n'aime pas dans notre époque et le net, c'est le terrible sérieux qui s'en dégage. Même le cul ne prête plus à rire (voyez dans les commentaires de ce blog combien les puritains se déchaînent quand j'évoque le comique Bigard). C'est ça qui est grave : que tout ou presque soit devenu grave, même le sexe.


Bonne soirée.