TRIBUNE PS.

Bonjour à toutes et à tous.

Quand j'étais secrétaire de section, j'allais tous les cinq semaines environ déposer une tribune libre à L'Aisne Nouvelle, où le PS alternait à l'époque avec le RPR et l'UDF. On me parlait souvent de ces tribunes, qui figuraient alors (c'était il y a dix ans) en début de journal (elles sont aujourd'hui à la fin). Depuis mon départ, en 2003, je n'ai plus jamais revu de "tribune socialiste" dans le journal local. En revanche, je lis régulièrement les textes de la droite, devenue UMP. Personne ne s'étonne de cette anomalie. Mais qui s'étonne encore de quoi à Saint-Quentin ?

Dans l'édition d'hier, j'ai donc lu la tribune rédigée par Gontran Lefebvre, délégué de circonscription de l'UMP (en vignette ci-dessus, annotée par mes soins), et j'ai bondi, car l'accusation en titre est grave : "La propagande du PS avec l'argent des contribuables". Imaginez n'importe quel citoyen, et ils sont nombreux à lire L'Aisne Nouvelle, tombant sur cet article ! D'autant que nous sommes en période électorale. Si nous étions, à Saint-Quentin, dans un régime normal de démocratie, il y aurait une réponse de l'opposition et les citoyens se feraient ainsi leur propre opinion. Je sais qu'il n'en sera rien, je prends donc sur moi de rédiger ce dimanche une TRIBUNE SOCIALISTE en version électronique.

L'objet du litige, ce sont les documents qui figurent dans les publications des Conseils généraux ou régionaux et qui exposent la réforme des collectivités territoriales. Le magazine départemental L'Aisne en a fait récemment un encarté fort bien présenté et pédagogique. Pourquoi les collectivités n'auraient pas le droit de parler d'une réforme qui les concerne, de présenter à leurs administrés les conséquences qu'ils vont subir et que Gontran Lefebvre expose dans son deuxième paragraphe, sans d'ailleurs les contester ? L'information n'est pas de la propagande.

Mais en période électorale, me direz-vous ? Je vous répondrais : à qui la faute ? C'est Nicolas Sarkozy qui a voulu cette réforme maintenant, il faut donc en parler maintenant, pas après ! Et puis, ce que le responsable local de l'UMP se garde bien de préciser, c'est que cette fronde contre la réforme territoriale n'est pas partisane, donc aucunement électoraliste, puisque de nombreux élus de droite, dont les plus éminents, rejettent ce projet.

Faudrait-il que les élus de la République se laissent faire alors qu'on réduit leurs financements, qu'on les remplace par des dotations qui ne couvriront jamais exactement les dépenses et que se voient remis en cause le champ de leurs compétences et leur autonomie financière ? Il faudrait ne rien dire, ne rien écrire parce qu'on est en période d'élections régionales ? Où est la démocratie dans cette affaire ?

Admettons, pour faire plaisir à Monsieur Lefebvre, qu'il ait raison : croit-il que les socialistes seraient assez bêtes, imprudents ou mal informés pour contrevenir ainsi à la législation électorale en vigueur ? Bien sûr que non ! Et si cela était malgré tout vrai (vous voyez, je fais tout mon possible pour suivre le raisonnement de Monsieur Lefebvre), ne croyez-vous pas que l'UMP saisirait immédiatement la Justice ? Ce n'est pas le cas. La droite, en mal de programme et redoutant la défaite, cherche à créer un buzz qui en réalité fait plouf : non, le PS ne se sert pas de l'argent des contribuables pour mener sa campagne (aucun document de notre Parti ne tombe sous les remarques de Gontran Lefebvre).

Ce qui est étrange dans cette "tribune", c'est que le responsable de circonscription de l'UMP présente la réforme des collectivités comme "un des thèmes principaux de la campagne des régionales" mais il n'en dit rien, ne l'explique pas, ne la défend pas, ne précise pas ce qu'elle apportera aux citoyens. Il se contente de tacler mensongèrement le PS sur l'argent des contribuables, vieille ficelle démagogique.

La preuve de cette diversion, c'est qu'il n'en reste pas là, qu'il rebondit sur un autre sujet, pourtant distinct : les budgets de communication des Régions, pour nous dire qu'ils connaissent "une véritable explosion". C'est plutôt l'argument qui explose au nez de Lefebvre. Car de quoi s'agit-il ? Nous vivons dans une société de la communication, où l'Etat communique, où les associations communiquent, où les entreprises communiquent. Et les collectivités n'en auraient pas le droit ?

Quand le Conseil général de l'Aisne lance la campagne publicitaire L'Aisne it's open, l'objectif est économique et social : faire venir des visiteurs, des entreprises et des emplois, augmenter la notoriété d'un département qui en a bien besoin, rendre attractive son image. La communication est partie prenante du développement d'une région ou d'un département. Qui le conteste ? Qui veut y mettre fin ? Monsieur Lefebvre ? D'ailleurs, quand il cite les régions incriminées, trois seulement sont mentionnées, et pas la Picardie, notre région !

Mais la fin de la "tribune" contient enfin la seule proposition de la droite pour ces régionales : "Zéro hausse d'impôt pendant quatre ans !" Voilà le programme ! La promesse est d'autant plus facile à tenir que dans les quatre ans qui viennent, les Régions, avec la fameuse réforme, ne pourront plus prélever l'impôt. Malin ! Et puis, rappelons que la moitié de la population en est exonérée, qu'elle n'est donc pas concernée par cette mesure, en premier lieu les catégories populaires.

Démagogique en laissant croire que les socialistes tapent dans la caisse, démagogique en s'en prenant à l'impôt qui est pourtant l'instrument républicain de la redistribution fiscale, telle est la "tribune UMP" de Gontran Lefebvre, à laquelle j'ai tenu à répondre, à défaut d'une publication dans la presse.

Bon dimanche.