L'Aisne avec DSK

24 octobre 2010

Continuer ou pas ?


Bonsoir à toutes et à tous.


La semaine qui vient de s'écouler, la mobilisation contre la retraite à 62 ans ne s'est pas relâchée. Elle est toujours aussi massive, et l'opinion continue à la soutenir. La semaine qui s'annonce verra le Parlement légiférer. Sauf énorme et improbable surprise, le projet qui provoque le rejet de bon nombre de Français va être adopté. Jeudi prochain, ce sera la dernière occasion de protestation, dont on peut penser que le niveau sera aussi élevé que celui des précédentes. Et je ne crois pas que les vacances arrêtent quoi que ce soit (sinon quelle serait la motivation des manifestants ?). Au contraire, les salariés (qui d'ailleurs ne sont pas tous en vacances !) pourront plus facilement exprimer leur mécontentement.

Mais après jeudi, que faudra-t-il faire ? Le gouvernement rêve de la fin du mouvement et du retour à l'ordre normal. C'est sa prévision, son souhait, son espoir. A défaut de convaincre, il joue la montre. Il est certain que le vote de la loi changera tout. En République, c'est elle qui a le dernier mot, avec la décision du Parlement. Avant, il est logique de faire part de ses remarques, revendications et refus. Après, c'est la représentation nationale et ses choix qui prévalent. Sinon, nous n'en finirions jamais avec n'importe quel projet de loi, en permanence remis en question.

Ce principe républicain rappelé, le droit de grève et de manifestation s'éteignent-ils avec l'adoption d'une loi, quelle qu'elle soit ? Bien sûr que non. La République autorise à tout moment et sur n'importe quel sujet l'expression des citoyens, pourvu qu'elle se fasse dans la légalité et le calme, ce qui est le cas quand on fait grève et qu'on manifeste, droits garantis par la Constitution. Il ne faut donc pas opposer la loi adoptée et le droit maintenu. Si les salariés veulent poursuivre la mobilisation, rien ne pourra les en empêcher, les syndicats seront forcés d'admettre ce fait et le gouvernement de s'interroger, puisqu'il ne l'a pas fait jusqu'à maintenant.

Au delà de cette remarque théorique, il y a la réalité sociale, et je crois que la vraie question est là : le symbole des 60 ans est-il si fort que cela vaudra la peine de continuer le combat ? Les salariés y sont-ils prêts ? L'opinion les assurera-t-elle encore de son soutien, nonobstant l'inquiétude sur les carburants et les violences dans les rassemblements lycéens ? C'est la détermination ou non de la population qui décidera de la suite du mouvement. Les organisations syndicales ne pourront qu'en prendre acte, que cette population décide d'arrêter ou de continuer. Le mouvement social ne se décrète pas en appuyant sur un bouton.

Certes, la loi s'imposera, dans toute sa légalité et sa légitimité. Mais la loi n'est que la loi, elle n'a pas en République de caractère sacré, puisque ce qui est fait peut être défait. Au dessus de la loi, il y a le peuple, comme autrefois en monarchie il y avait Dieu au dessus du roi et de ses décrets. La loi a toujours le dernier mot, mais c'est le peuple qui tient la main du rédacteur, du législateur. Nous verrons donc dès vendredi ce qui se passera, dans le respect de la loi et à l'écoute du peuple.


Bonne soirée.

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