Ca ne va pas.
Bonsoir à toutes et à tous.
L'entrée des lycéens dans le mouvement contre la réforme des retraites n'est pas une bonne nouvelle. Non pas qu'un élève, surtout s'il est majeur, n'ait pas le droit de manifester. Mais il y a un cadre légal pour ça, qui doit être respecté. Les syndicats, y compris lycéens, sont les responsables et organisateurs légitimes des manifs. Je me méfie beaucoup des rassemblements "spontanés", menés par on ne sait qui et aboutissant généralement sur n'importe quoi. Si on voulait discréditer la cause, on ne s'y prendrait pas autrement !
Quant à la notion de grève chez les élèves, c'est une ineptie qu'aucun adulte ne devrait couvrir ou encourager. La grève est un droit qui appartient aux salariés, elle n'a pas de sens dans un lycée. Je parle ici en tant qu'enseignant, socialiste et syndicaliste. Quant aux blocages d'établissement, ils sont inacceptables (voir l'incident de ce début d'après-midi relaté dans mon blog professionnel Prof Story). C'est dévoyer complètement la notion de "piquet de grève", dont je rappelle qu'elle ne se conçoit que dans une entreprise où les salariés ont majoritairement et démocratiquement voté la cessation du travail, ce qui peut justifier qu'on fasse appliquer par un blocage cette décision collective (quoique je sois personnellement plutôt partisan de laisser chacun libre de ses choix).
Quand je vois que des jeunes extérieurs à un établissement, visages masqués par des foulards, obstruent l'entrée, font pression sur les élèves, je me dis que ça ne va pas, que la gauche ne peut pas valider ça, que ce désordre n'a strictement rien à voir avec le mouvement contre la réforme des retraites. Au lycée Condorcet, il paraît que la Jeunesse Communiste était à l'origine de ce bazar. Déjà, quand Sarkozy était venu à Saint-Quentin, des débordements avaient eu lieu, que le déploiement policier excessif ne justifiait absolument pas.
Mais voilà, il est chic dans ma ville de se mettre à la traîne de la gauche radicale. Et les modérés, les réformistes, les sociaux-démocrates dans mon genre sont marginalisés. C'est déplorable. Une gauche sérieuse, crédible, responsable ne peut tolérer aucun excès, qui n'aide pas à faire changer d'avis le gouvernement. J'ajouterais que lorsque des adultes comptent sur les jeunes pour voir aboutir un combat syndical ou politique, c'est un terrible aveu de faiblesse, un signe d'impuissance, une concession au jeunisme ambiant.
Bonne soirée.
L'entrée des lycéens dans le mouvement contre la réforme des retraites n'est pas une bonne nouvelle. Non pas qu'un élève, surtout s'il est majeur, n'ait pas le droit de manifester. Mais il y a un cadre légal pour ça, qui doit être respecté. Les syndicats, y compris lycéens, sont les responsables et organisateurs légitimes des manifs. Je me méfie beaucoup des rassemblements "spontanés", menés par on ne sait qui et aboutissant généralement sur n'importe quoi. Si on voulait discréditer la cause, on ne s'y prendrait pas autrement !
Quant à la notion de grève chez les élèves, c'est une ineptie qu'aucun adulte ne devrait couvrir ou encourager. La grève est un droit qui appartient aux salariés, elle n'a pas de sens dans un lycée. Je parle ici en tant qu'enseignant, socialiste et syndicaliste. Quant aux blocages d'établissement, ils sont inacceptables (voir l'incident de ce début d'après-midi relaté dans mon blog professionnel Prof Story). C'est dévoyer complètement la notion de "piquet de grève", dont je rappelle qu'elle ne se conçoit que dans une entreprise où les salariés ont majoritairement et démocratiquement voté la cessation du travail, ce qui peut justifier qu'on fasse appliquer par un blocage cette décision collective (quoique je sois personnellement plutôt partisan de laisser chacun libre de ses choix).
Quand je vois que des jeunes extérieurs à un établissement, visages masqués par des foulards, obstruent l'entrée, font pression sur les élèves, je me dis que ça ne va pas, que la gauche ne peut pas valider ça, que ce désordre n'a strictement rien à voir avec le mouvement contre la réforme des retraites. Au lycée Condorcet, il paraît que la Jeunesse Communiste était à l'origine de ce bazar. Déjà, quand Sarkozy était venu à Saint-Quentin, des débordements avaient eu lieu, que le déploiement policier excessif ne justifiait absolument pas.
Mais voilà, il est chic dans ma ville de se mettre à la traîne de la gauche radicale. Et les modérés, les réformistes, les sociaux-démocrates dans mon genre sont marginalisés. C'est déplorable. Une gauche sérieuse, crédible, responsable ne peut tolérer aucun excès, qui n'aide pas à faire changer d'avis le gouvernement. J'ajouterais que lorsque des adultes comptent sur les jeunes pour voir aboutir un combat syndical ou politique, c'est un terrible aveu de faiblesse, un signe d'impuissance, une concession au jeunisme ambiant.
Bonne soirée.
posted by Emmanuel Mousset at
7:57 PM
6 Comments:
Emmanuel,
Pour toi, qui parle toujours des réformistes, qu'est-ce qu'un progressiste ?
L.E.
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Anonyme, at 8:40 AM
Un progressiste est quelqu'un qui croit au progrès humain et qui milite dans ce sens. Pour moi, progressiste est quasiment synonyme d'homme de gauche.
Un réformiste, c'est un progressiste d'un genre particulier, qui accepte l'économie de marché et la démocratie parlementaire, refuse la révolution et le collectivisme, cherche à transformer la société sans vouloir instaurer une société complètement nouvelle.
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Emmanuel Mousset, at 9:13 AM
et réformateur ??
By
Anonyme, at 11:56 AM
Sarkozy est un réformateur puisqu'il propose une réforme des retraites. Un conservateur peut être un réformateur, quelqu'un qui défend des réformes de droite.
Un réformiste est un progressiste, c'est-à-dire quelqu'un qui défend des réformes de gauche.
Cette définion des termes est très importante ; nous vivons une époque où l'on mélange tout et oublie tout. Ce qui fait que n'importe qui peut dire n'importe quoi.
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Emmanuel Mousset, at 12:26 PM
Par leur intransigeance stérile, les tenants de la gauche dite radicale assurent la pérennité de la droite au pouvoir. Alors, soit ils manquent de discernement (euphémisme que chacun traduira à sa guise), soit ils sont complices?
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Lormont, at 12:48 PM
J'opte pour la complicité: une extrême gauche forte profite à la droite et une extrême droite forte profite à la gauche....c'est pas pour autant que le PS doit avoir un discours et des actes extrêmes comme le fait l'UMP dans un esprit de recupération de l'éléctorat populiste (roms, immigrations....)
humanistes oui extrêmistes non, il faut avoir à l'esprit que nous sommes un parti de gouvernement,
donc responsable....
By
Anonyme, at 1:55 PM
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