L'Aisne avec DSK

05 décembre 2010

Le roi est en slip.

Bonjour à toutes et à tous.


La polémique autour de WikiLeaks a largement dominé la semaine. Un site a-t-il le droit de diffuser des dépêches diplomatiques ? Je n'en sais rien. Moralement, ça se discute. Qui a peur de la vérité ? Politiquement, c'est évidemment inacceptable : la diplomatie repose en grande partie sur le secret.

Mais sur l'internet, on a tous les droits, ou presque. Qui a peur de la liberté ? l'Etat n'existe que parce qu'il y a des secrets d'Etat. Le roi n'est certes pas nu, mais en slip et tricot de peau. Ça la fiche un peu mal pour lui, surtout lorsqu'il s'agit de la première puissance mondiale. Au bout du compte, pour les citoyens, c'est plutôt réjouissant, assez libertaire.

Ce n'est pas tellement cet aspect-là d'ailleurs qui retient mon attention : la plupart des informations diplomatiques se retrouvent dans le journal, leur divulgation n'a pas grand intérêt, dans quelques jours on ne parlera plus de WikiLeaks. Non, ce qui est révélateur, c'est que notre culture politique a changé d'époque : après le monde de l'information (la presse) au XIXème siècle, le monde de la communication aujourd'hui (internet et les médias) brise totalement la notion de secret. Tout se sait, et très rapidement. La politique ne peut plus désormais se nourrir de complots et de secrets, sinon de complots d'opérette et de secrets de polichinelle.

Faut-il s'en désoler ? Je ne crois pas. Après tout, la démocratie c'est aussi la transparence. Qui gagne, en République, à l'opacité, sauf ceux qui sont mal intentionnés, qui ont besoin de se dissimuler ? En politique, mieux vaut jouer cartes sur table et pas dans le dos : c'est tout de même moins favorable à la tricherie.

En même temps, il y a une indécence à tout étaler, une forme d'exhibitionnisme inutile ou calculateur, pas si vertueux que ça. La discrétion et la pudeur sont aussi des qualités, privées et publiques. Il ne faut pas tout dire non plus, car c'est impossible. Le roi en slip, ce n'est pas très digne.

Pour illustrer cette réflexion dominicale, j'évoquerais l'annonce faite hier dans le Courrier Picard des résultats du vote saint-quentinois pour la désignation des candidats socialistes aux cantonales. Ces chiffres n'étaient pas destinés à la presse. C'est la règle, que j'ai constamment respectée pour tout résultat d'un scrutin interne depuis quatre ans que je rédige ce blog : on divulgue bien sûr le nom des gagnants, on donne éventuellement les pourcentages mais pas les détails du vote. Pourquoi ? Parce que c'est une désignation et pas une élection au suffrage universel, que ça ne regarde que le PS et que ça n'apprend rien ou pas grand-chose à la population. Aucune raison donc de communiquer là dessus.

Sauf que la règle n'est pas toujours respectée. Par un souci de transparence ? Au nom de la vérité ? Pas du tout ! Le vice peut se cacher dans la vertu : en l'occurrence, il ne s'agit pas de montrer que certains ont gagné mais qu'un autre a perdu. Je suis en effet la première victime de cette inhabituelle "transparence", tellement mon résultat est peu flatteur.

Est-ce que je crains la dure vérité ? Non, mais je ne veux pas faire figure d'exception, et ce qui vaut pour tout le monde devrait aussi s'appliquer à mon cas. Je m'empresse d'ajouter que les journalistes ne sont pas à incriminer : ils ne font que leur métier. Et puis, WikiLeaks ou ces résultats saint-quentinois, tout sera vite oublié. Mais comprenez-moi : il n'est pas agréable d'être en slip par ce froid.


Bon dimanche.

2 Comments:

  • Mets plutôt ta culotte à l'envers, comme Dagobert, c'est plus chantant et tu auras moins froid aus roubignoles et en prime ça amusera ton public. Tellement de motifs de s'attrister que ça devient lassant.
    A un moment où j'étais complétement débloggé par la neige cette semaine (oh temps, suspend ton vol !) entendu une parleuse de la télé (attention c'était bien une causeuse officielle et pas une comique officieuse) parler - joli lapsus - d'un "grand chiantier" à propos de la réforme de je ne sais plus qui ni quoi (peut-être les primaires au PS ou l'inflation hivernale des dattes si peu candides, ou un autre truc dans ce genre, va-t-en savoir, ma mémoire flanche.

    By Blogger Ane-Vert, at 3:40 PM  

  • Je m'appelle Mousset, pas Dagobert.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:35 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home