L'Aisne avec DSK

14 mars 2011

Moyens, moyennes.

Bonsoir à toutes et à tous,


Quelques réflexions supplémentaires à mon billet d'hier consacré aux classes moyennes :

1- Les classes moyennes ne sont pas contemporaines. Dans l'entre-deux guerres, elles étaient très présentes. Dans plusieurs pays, leur ralliement au fascisme a fait basculer les régimes démocratiques.

2- Dans les années 1960, avec la société de consommation et l'apparition de nouvelles couches sociales, elles vont prendre un visage plus moderne et une influence plus grande dans la société.

3- Néanmoins, Mai 68 les brocarde sous les traits du "Français moyen" et Renaud, dans les années 1970, en fait la cible d'une chanson qui les attaque cruellement : "Hexagone".

4- C'est Giscard qui va faire des classes moyennes un argument électoral et un projet politique. Selon lui, elles représentent "deux Français sur trois" et aspirent à être gouvernées au centre.

5- Mais les classes populaires demeurent jusqu'à aujourd'hui un bloc sociologique prédominant, même si elles ne possèdent pas le pouvoir culturel ou politique.

6- La notion de "classes moyennes" est très largement fabriquée. C'est une notion idéologique qui vise à se substituer aux classes populaires. Autant les ouvriers et les employés sont facilement repérables, autant les classes moyennes sont socialement indéterminées, sorte d'auberge espagnole où chacun y met un peu ce qu'il veut, ventre mou de la société.

7- C'est à partir des années 1980 que les classes moyennes vont acquérir une certaine légitimité, produire un conformisme qui interdit aujourd'hui de les critiquer. Avant, la droite reposait sur l'aristocratie et la grande bourgeoisie, la gauche sur la classe ouvrière. Aujourd'hui, ce sont les classes moyennes, sorte de petite bourgeoisie, qui donnent le ton. Plus personne ne songerait à ironiser sur leur compte.

8- A partir des années 2 000, les classes moyennes vont être opposées aux classes populaires (cette division est l'une des causes de l'échec de Jospin en 2 002). Une partie de notre électorat va reprocher aux socialistes de trop aider les pauvres et de délaisser les classes moyennes.

9- L'idéologie "classes moyennes" imprègne fortement l'UMP et surtout le PS. Seul le Front National lui est étranger, d'où sa capacité à capter aujourd'hui les suffrages des classes populaires.

10- Ces dernières années, les grands mouvements de revendication ont été impulsés par les classes moyennes, par exemple le thème psychologique du travail "en souffrance". Tous les mots d'ordre des classes populaires (du boulot et des sous, création d'emplois et augmentation salariale) ont été relégués au second plan.

11- L'histoire de la gauche s'est toujours appuyée sur les classes populaires, se méfiant des classes moyennes, trop souvent acquises à la droite. Le PS doit retrouver le fil de son héritage et l'actualiser.


Bonne soirée.

14 Comments:

  • "1 - Les classes moyennes ne sont pas contemporaines. Dans l'entre-deux guerres, elles étaient très présentes. Dans plusieurs pays, leur ralliement au fascisme a fait basculer les régimes démocratiques.

    2- Dans les années 1960, avec la société de consommation et l'apparition de nouvelles couches sociales, elles vont prendre un visage plus moderne et une influence plus grande dans la société"

    Vous pouvez m'expliquer comment on peut avoir une influence encore "plus grande" que de "faire basculer les régimes démocratiques" de "plusieurs pays" dans le fascisme ?

    Et vous avez l'impression que les classes très riches et les classes populaires ont été épargnées par le fascisme dans l'entre-deux-guerres ? Votre réécriture de l'histoire est absurde et infondée.

    Vous êtes vraiment à côté de la plaque sur ce sujet. La copie est bien en dessous du niveau "moyen".

    J'espère ne pas vous paraître cruel (vraiment), mais je suis bien content qu'il n'y ait aucun risque que vous soyez mon conseiller général en 2011 avec une telle haine de votre part envers les classes moyennes.

    By Anonymous Poiur un PS plus socialiste, at 2:06 AM  

  • je ne pense pas que la classe moyenne soit à opposer à la classe populaire.
    je pense etre un francais moyen economiquement mais je pense faire parti d'une classe populaire dans ma culture, mes loisirs, mes activités associatives ...
    par contre il y a une proportion en augmentation de la population qui n a plus accés au logement, à l emploi stable,à la voiture, à l'energie, à une alimentation de qualité, aux vacances ....
    ceux là sont dans une situation de précarité et font monter l'inquiétude de la classe moyenne qui observe ce phénomene grandissant et réalise la fragilité de sa situation.
    on a voulu trop longtemps cacher la misere, mais au ps parler de sdf faisait quand meme plus chic que des clochards;

    By Anonymous Anonyme, at 7:04 AM  

  • A 2:06 :

    La cruauté ne me dérange pas. En revanche, la bêtise me chagrine :

    1- Historiquement, c'est quand le fascisme entraîne derrière lui les classes moyennes qu'il l'emporte. Ce qui ne signifie pas que d'autres catégories sociales ne soient pas influencées par lui.

    2- Aujourd'hui, les classes moyennes sont beaucoup plus influentes parce que leurs "valeurs" dominent la société, ce qui n'était pas le cas il y a un siècle. Autrefois elles se laissaient entraîner, maintenant elles entraînent.

    3- Il n'y a aucun lien entre ma réflexion sur les classes moyennes et le fait de devenir ou pas conseiller général. Je ne suis tout de même pas le Robespierre des classes moyennes, et je ne les hais pas !

    4- Vous devez en faire partie pour réagir à ce point. Réaction d'ailleurs typiquement "classes moyennes" : vous avez été élevé dans le coton et vous frissonnez à la moindre remarque. Va-t-il falloir que je présente mes "excuses" ? Allez-vous en appeler au "respect" ? Car ce sont les termes des classes moyennes.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:21 AM  

  • A 7:04 :

    1- Je n'oppose pas classes moyennes et classes populaires, je les distingue.

    2- La différence entre les unes et les autres, c'est que les classes moyennes vivent dans l'inquiétude du "déclassement" alors que les classes populaires SONT "déclassées".

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:24 AM  

  • Face à tsunami, sur ce blog, de sociologie genre Père Ubu où tout et son contraire défile dans un catalogue d'idées reçues par la voix d'astres morts, c'est à se demander s'il ne vaudrait pas mieux être sourd et aveugle que de lire ou entendre pareilles âneries. La haine de soi suffit-elle à fonder une pensée politique, c'est une question à poser à quelqu'un qui bien curieusement se réclame "urbi et orbi" de la "nouvelle gauche" ?
    Laquelle a quand même contribué à enrichir la question des classes : la "nouvelle classe ouvrière" c'était l'idée d'un dynamitage des frontières entre classe ouvrière et classes moyennes techniciennes". Bien entendu c'était avant l'émergence d'une masse énorme de précaires et d'exclus mis en vacances forcées de l'histoire et le gangrénage généralisé du corps social par l'économie de la rente.
    S'il y a une urgence c'est bien de travailler sur les singularités et la complexité plutôt que de réouvrir le grand livre des lieux communs. C'est trop demander ?

    By Anonymous Claude, at 11:37 AM  

  • Le lieu commun, c'est de se focaliser sur les classes moyennes et d'oublier les classes populaires. Ce qui fait le lit du FN. J'ai été moi-aussi lecteur de Serge Mallet, et tu reconnais que la situation depuis a changé. Sommes-nous tellement en désaccord ?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:47 AM  

  • Et vous comptez les reconquérir comment les classes populaires ?

    Vous ne les fréquentez pas,
    vous ne les supportez pas,
    vous ne les comprenez pas.

    By Anonymous Anonyme, at 4:21 PM  

  • En les fréquentant,
    en les supportant,
    en les comprenant.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 4:40 PM  

  • Alors vous allez aller là où sont les classes populaires ?
    dans les arenes sportives,
    dans les brocantes,
    à la BUL,
    ...
    Bizarrement j'en doute.

    By Anonymous Anonyme, at 9:16 PM  

  • Ne doutez pas, faites confiance. Pour la BUL, je me suis même acheté un slip de bain. Mais vous connaissez mal les classes populaires : elles ne passent pas leur temps à barboter, à brocanter ou à applaudir dans des stades.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:28 PM  

  • "La cruauté ne me dérange pas. En revanche, la bêtise me chagrine"

    Mais le mépris envers les autres, ça n'a pas l'air de vous peiner plus que ça.

    Et vous n'avez pas peur non plus de l'attaque personnelle : "Vous devez en faire partie pour réagir à ce point. Réaction d'ailleurs typiquement "classes moyennes" : vous avez été élevé dans le coton et vous frissonnez à la moindre remarque."

    Ca sous-entend tout à la fois :
    - vous êtes corporatiste (ou communautariste, au choix),
    - les classes moyennes ne peuvent que se défendre entre elles et font preuve d'une mauvaise foi dont vous êtes l'exemple,
    - vous êtes incapable d'esprit critique,
    - vous avez "grandi dans le coton" donc vous êtes incapable d'empathie et de supporter la moindre remarque,
    - votre réaction est un pur réflexe de défense qui prouve que j'ai raison.

    Vous êtes qui pour décider de ce que j'ai fait ou de ce que j'ai vécu ?

    Dites donc, la solidarité et la lutte contre les préjugés, elle n'est pas gagnée.

    C'est qui, pour vous, les classes moyennes ? Zemmour, Hondelatte et Jean-Paul Guerlain ?

    Tenez, votre discours sur les classes moyennes est aussi caricatural que ceux qui considèrent les classes populaires comme des fraudeurs aux services sociaux, des assistés et des profiteurs.

    Relisez les Mains sales : vous êtes fin prêt pour aller tuer Hoederer, et surtout pour vous battre avec ses gardes du corps.

    A quand un petit discours anti-intellectuels sur le même ton que celui anti-classe moyenne ? Vous avez l'air bien parti pour une petite période "haine de soi", là...

    By Anonymous Théo Colborn, at 10:01 PM  

  • Ne faites pas tout un caca nerveux parce que je livre à la discussion une petite analyse critique sur les classes moyennes. Elles n'en mourront pas, vous savez ...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:09 PM  

  • Ah, désolé, j'ai cru que vous essayiez de faire preuve de sérieux dans vos messages sur ce sujet.

    Je suis rassuré après avoir lu pour toute réponse "Ne faites pas tout un caca nerveux" : en fait, vous badinez ? J'aurais dû m'en douter, au vu de la teneur de vos propos sur le sujet des classes moyennes.

    Claude a donc raison : il s'agit de "sociologie à la Père Ubu". Mais ce que ni lui ni moi n'avions vu, c'est que c'est assumé. Bon, merci pour cette mise au point, au moins c'est plus clair.

    Par contre, vous devriez changer le titre de votre blog, dans ce cas : moi j'ai cru que vous développiez des propos à peu près cohérents à cause de ce titre. Je suis un peu déçu de m'être fait avoir.

    By Anonymous Anonyme, at 10:51 PM  

  • Tant mieux pour vous, ça vous apprendra.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:59 PM  

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