L'Aisne avec DSK

08 mai 2011

En mai, on inaugure !

Bonsoir à toutes et à tous,


Le mois de mai, à Saint-Quentin comme dans toutes les communes de France, c'est la saison des inaugurations. Je suis ça depuis une bonne dizaine d'années, c'est souvent instructif et amusant. J'y participe l'esprit libre, puisque je n'ai aucune obligation strictement protocolaire à être présent, sinon par devoir moral.

Ce week-end, nous étions gâtés : école, crèche, bureau de poste, résidence, marché aux fleurs, à quoi j'ajouterai la cérémonie patriotique de ce 8 mai. L'observation est d'autant plus intéressante que le maire ("ministre-maire", comme il est appelé le plus souvent) Xavier Bertrand poursuit son année probatoire, après la succession de Pierre André. Et ça donne quoi ?

D'abord, le nouveau maire attire du monde. Il y a foule autour et derrière lui. Le charme ministériel sans doute. Quels que soient l'heure et le lieu, les invités sont nombreux à assister. Parmi eux, impossible bien sûr de distinguer les sensibilités politiques : il y a par définition de toutes les opinions dans une inauguration. Mais j'ai l'oeil vif et l'oreille dressée : des mots d'affection, des gestes de sympathie, des regards complices ne trompent pas.

Pour tout vous dire, j'ai l'impression que l'UMP se multiplie, se reproduit presque spectaculairement dans notre ville de Saint-Quentin. Je peux bien sûr être dans le faux, j'espère ne pas être atteint de parano, mais il me semble que les faits sont là. Évidemment, une municipalité de droite attire dans ses inaugurations des sympathisants de droite, c'est normal. Mais en dix ans de temps, je trouve que la tendance s'est renforcée et que Xavier Bertrand, devenu maire, a fait monter d'un cran le phénomène.

Est-ce que ça me pose un problème en tant que socialiste ? Personnellement non et politiquement oui. Politiquement parce que c'est un signe de la capacité d'attraction de la municipalité, qui se confirme dans les résultats des élections locales. Quand on est de gauche, on ne peut pas en être satisfait. Mais personnellement, ma situation a beaucoup changé en dix ans : avant, j'étais un secrétaire de section nouvellement arrivé à Saint-Quentin, au sein d'une gauche menée par une députée qui avait l'espoir de nous faire gagner. Aujourd'hui, tout est différent : je me suis inséré dans la vie locale, j'ai pris des responsabilités associatives, je suis certes socialiste mais sans mandat ni fonction, et la gauche locale n'inquiète plus vraiment la droite.

D'un certain point de vue, je me sens plus à l'aise qu'il y a dix ans, connaissant plus de monde et étant plus accepté. En même temps, politiquement,je suis abasourdi par la montée de Xavier Bertrand, les progrès et l'implantation de l'UMP. Je suis très curieux de savoir ce que sera l'avenir des uns et des autres et ce que le destin nous réservera. Je trouve même ça passionnant (même si j'ai aussi d'autres passions !).

Bien sûr, quelques grains de sable ou de sel viennent quelquefois gêner la machine si parfaitement huilée. Vendredi soir, pendant les discours dans la résidence de l'Octroi, un perturbateur a fait une remarque sur l'état des appartements. Xavier Bertrand a procédé à son habitude, un modèle à suivre pour tout politique qui veut s'enlever une écharde dans le pied : ne pas faire taire le contestataire, reprendre au contraire ses propos, abonder largement dans son sens, en rajouter même dans la responsabilité des élus et la réaction des citoyens, et terminer en beauté en proposant au plaignant de l'accompagner sur les lieux de sa récrimination. Résultat : le rebelle finit par applaudir au discours du maire, avant qu'une petite troupe ne le suive jusqu'à chez lui, dont le sous-préfet, alors que le cocktail de fin vient de s'ouvrir. Xavier Bertrand a gagné.

Je ne suis pas féru de protocole, mais il me semblait qu'on ne s'exprimait pas après le représentant de l'Etat. Vendredi soir, c'est Xavier Bertrand qui a terminé les allocutions, à la suite du sous-préfet. Tout un symbole (alors Jean-Claude ?).


Bonne soirée,
bonnes inaugurations.

4 Comments:

  • Une seule erreur dans votre exposé , X B ne se sent pas ministre dans la ville , il le dit souvent , on est plus longtemps pas ministre que ministre dans une vie ....

    By Anonymous Anonyme, at 1:01 AM  

  • Vous avez raison. Xavier Bertrand veille à ne pas "jouer" au ministre, car cette posture le desservirait. Il n'empêche que les autres ne le considèrent pas comme le commun des élus mais bel et bien comme l'homme de pouvoir qu'est tout ministre.

    La politique est décidemment une chose complexe.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:17 AM  

  • Certains s'identifient à sa réussite .... Attention c'est contagieux .....

    By Anonymous Anonyme, at 7:29 AM  

  • Contagieux mais pas dangereux.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:40 AM  

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