Rêves de victoire.

Bonjour à toutes et à tous,


A l'approche du 10 mai, les magazines publient des dossiers sur l'anniversaire de la victoire de la gauche. Je vous recommande ce numéro du Nouvel Observateur, très bien fait. J'aime beaucoup la couverture (voir vignette) : le regard, le sourire de François Mitterrand, le bras levé, la rose. Le titre aussi, beau mais nostalgique : "C'était le temps où la gauche gagnait ..."

En parcourant ces pages, vous ne pourrez que méditer sur la victoire en politique. Car la seule justification de cette activité dans une démocratie, l'unique objectif, c'est elle, la victoire. Avoir raison est bien peu de choses ; ce sont les autres, les citoyens, qui vous donnent raison, par leur vote. C'est le suffrage universel qui est le détenteur de la vérité.

Oui, que la victoire est belle, et a contrario que la défaite est laide. Perdre n'est rien, c'est même l'ordinaire en politique. Mais échouer à répétition, c'est l'enfer, la mort. Etre éconduit par les électeurs, c'est pire qu'une femme qui vous dit non. Car le verdict est sans appel, il ne reste plus que les années pour attendre et pleurer, vieillir en regardant les trains passer.

A ne subir que des défaites, nous finissons par perdre le goût de la victoire. A Saint-Quentin, nous sommes gâtés ! Treize ans sans gagner localement, municipales, cantonales, législatives. Ce n'est pas que les socialistes y soient pires qu'ailleurs, ce n'est pas que l'absence de projet nous pénalise, ce n'est pas même les divisions qui nous entravent. Non, c'est plus grave que tout ça, ce n'est pas politique, c'est psychologique : la défaite est entrée dans les têtes, comme dans ces familles où le chômage de père en fils fait perdre le goût du travail.

La victoire ! Etre porté par l'opinion publique, accéder aux responsabilités, enfin faire, construire, réaliser, et non plus seulement écrire, parler ou penser, oui j'en rêve. Impossible, inutile, dérisoire ? Peut-être, mais le fait d'en rêver me sauve quelque part, prouve que je ne suis pas complètement atteint par le désespoir. Et je me dis que si nous étions plusieurs, nombreux à rêver, sans doute que ce rêve deviendrait un jour réalité ... Perdre, ce n'est pas une vie.


Bonne et rêveuse journée.