L'Aisne avec DSK

05 février 2007

Publics et laïques.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le projet d'une Charte de la laïcité pour les services publics est paru la semaine dernière et n'a hélas pas fait beaucoup parler de lui. Une campagne présidentielle n'est-elle pas le moment où la laïcité, valeur fondatrice de la République, doit être discutée? C'est d'autant plus nécessaire que les incidents, parfois violents, se multiplient à l'hôpital, où des médecins sont verbalement ou physiquement victimes de maris de confession musulmane après avoir examiné leurs épouses. N'exagérons pas bien sûr la situation mais inquiétons nous d'un tel phénomène qui n'existait pas il y a trente ans.

Cette Charte tombe donc à point nommé. La laïcité n'est pas qu'un principe scolaire, comme on le croit parfois. C'est une règle qui s'applique à toute la société, surtout dans les services publics qui, étant au service de tous, ne sauraient admettre d'exceptions, de privilèges ou de lois particulières.

Cependant, soyons très clair: la laïcité, c'est aussi et en même temps le respect des opinions y compris religieuses, dont la République se doit de garantir le libre exercice. Je fais cette précision pour me défier d'une version fausse et sectaire de la laïcité conçue comme antireligieuse, ce qu'elle n'est absolument pas. Je me méfie aussi d'un zèle administratif dévoyé qui conduirait à des restrictions inadmissibles, à des manifestations d'intolérance.

Pour être concret: l'espace public n'interdit pas le port de signes religieuses (ou politiques), à la différence de l'Ecole, où la neutralité s'impose parce que cette institution est chargée d'éduquer les esprits. En revanche, dans un bureau de poste, un hall de gare, un couloir d'hôpital, chargés du courrier, du transport et de la santé, chacun est libre de se vêtir comme il l'entend, à l'exception des agents de ces services publics qui ne doivent manifester aucune préférence partisane. Néanmoins, les usagers ont le devoir de se conformer à des règles de respect, se trouvant dans un lieu ouvert à tous. La Charte rappelle opportunément cette exigence de bonne entente entre tous.

C'est aussi pourquoi je partage l'avis de Philippe Val dans Charlie-hebdo de cette semaine. Ce n'est pas tant la religion musulmane qui est fautive quand un homme gifle un médecin en son nom, c'est le comportement incivique, délinquant et machiste de cet homme qui se sert de l'Islam comme d'un prêtexte pour justifier sa violence personnelle. Le laïque que je suis ne se permettra jamais de stigmatiser une religion qu'au demeurant je connais très mal.

Bonne soirée.


PS: l'équipe de Charlie passe devant la Justice cette semaine pour avoir caricaturé le prophète Mahomet. Au nom de la laïcité et de la liberté, nous devons lui manifester notre soutien.