Trois rendez-vous.
Bonsoir à toutes et à tous.
Je veux vous parler de trois rendez-vous importants, pour moi en tout cas, dans cette semaine qui s'achève:
1- Mercredi soir, à Amiens, Léo Lagrange Picardie organisait une réunion de préparation de la commémoration des 40 ans de Mai 1968. J'en suis, évidemment, avec l'association Rencontre Citoy'Aisne et la FOL. Nicolas Sarkozy veut "liquider" Mai 68? A nous de le réhabiliter! Pas dans le folklore ou la commémoration de musée. 1968, c'est aujourd'hui un héritage, des valeurs, des aspirations, qui sont vivants, qui nous parlent, qui ont un sens. Il faudra bien sûr privilégier la dimension ludique, car 68, c'est aussi une fête. De tout cela, les organisations présentes sont d'accord. Pour l'Aisne, j'ai déjà pas mal d'idées.
2- Cet après-midi, je suis allé à Château-Thierry, pour écouter Raymond Aubrac. Avec lui, on entre un peu dans la légende de la Résistance, on entend quelqu'un qu'on n'entend plus aujourd'hui, un homme capable de risquer sa vie pour une cause. Aubrac a 93 ans. Je vous jure, c'est un homme jeune, posé, maître de ses propos, très rationnel, pas sentimental ou lyrique pour un sou, un héros, un homme d'un autre temps. En l'écoutant, je comprends qu'hier comme aujourd'hui, les français ne se laissent aller à la révolte que lorsque l'injustice entre directement dans leur vie. Ce qui a grossi les rangs de la Résistance, ce n'est pas l'idéologie, patriotique ou communiste, c'est une mesure qui n'a pas passé auprès de la population, le STO, l'obligation d'aller travailler en Allemagne (de même que la conscription sous la Révolution française a beaucoup fait pour soulever la Vendée contre la République).
Intéressant aussi ce qu'a dit Aubrac sur le CNR, Conseil National de la Résistance. Dans les maquis, on se battait et on pensait. Le programme politique du CNR est sans doute le seul, dans l'histoire de France, à avoir réuni l'extrême droite (les nationalistes maurrassiens) et l'extrême gauche (les communistes), en passant bien sûr par tous les autres. Il est à l'origine de la France contemporaine. Savez-vous ce que je retiens de cette conférence? La France a besoin de héros.
3- Après Château, j'ai foncé sur Laon, pour entrer dans un autre univers. Le groupe Kropotkyne de la Fédération anarchiste avait invité un collègue à moi, Bernard Defrance, prof de philo qui passe pour un original alors que c'est un homme terriblement sérieux. Il enseigne en banlieue difficile, pratique une pédagogie audacieuse, s'inspire de ce qu'il y a de plus progressiste dans les mouvements d'éducation. Son idée, c'est que l'élève doit être considéré comme un citoyen à part entière, avec lequel on dialogue afin de le convaincre. Un élève qui dort en classe, n'en a-t-il pas le droit, puisqu'il ne lèse personne? C'est au professeur de comprendre le pourquoi de cette attitude et d'y remédier par les mots, non par les ordres. Defrance invite ses élèves à exprimer par écrit leur mal-être. Tout cela est très loin des préoccupations de beaucoup de mes collègues (je vous renvoie à mon billet, cette semaine, dans lequel je vous parle du conseil d'administration de mon établissement). Ils ont tort en croyant que l'autoritarisme réglera leurs problèmes avec les élèves. Il faut poser des règles pour tous et en expliquer ensuite le bien fondé et l'application.
Mai 68, Aubrac, Defrance, vraiment, j'ai eu droit à une bonne semaine.
Bonne soirée.
Je veux vous parler de trois rendez-vous importants, pour moi en tout cas, dans cette semaine qui s'achève:
1- Mercredi soir, à Amiens, Léo Lagrange Picardie organisait une réunion de préparation de la commémoration des 40 ans de Mai 1968. J'en suis, évidemment, avec l'association Rencontre Citoy'Aisne et la FOL. Nicolas Sarkozy veut "liquider" Mai 68? A nous de le réhabiliter! Pas dans le folklore ou la commémoration de musée. 1968, c'est aujourd'hui un héritage, des valeurs, des aspirations, qui sont vivants, qui nous parlent, qui ont un sens. Il faudra bien sûr privilégier la dimension ludique, car 68, c'est aussi une fête. De tout cela, les organisations présentes sont d'accord. Pour l'Aisne, j'ai déjà pas mal d'idées.
2- Cet après-midi, je suis allé à Château-Thierry, pour écouter Raymond Aubrac. Avec lui, on entre un peu dans la légende de la Résistance, on entend quelqu'un qu'on n'entend plus aujourd'hui, un homme capable de risquer sa vie pour une cause. Aubrac a 93 ans. Je vous jure, c'est un homme jeune, posé, maître de ses propos, très rationnel, pas sentimental ou lyrique pour un sou, un héros, un homme d'un autre temps. En l'écoutant, je comprends qu'hier comme aujourd'hui, les français ne se laissent aller à la révolte que lorsque l'injustice entre directement dans leur vie. Ce qui a grossi les rangs de la Résistance, ce n'est pas l'idéologie, patriotique ou communiste, c'est une mesure qui n'a pas passé auprès de la population, le STO, l'obligation d'aller travailler en Allemagne (de même que la conscription sous la Révolution française a beaucoup fait pour soulever la Vendée contre la République).
Intéressant aussi ce qu'a dit Aubrac sur le CNR, Conseil National de la Résistance. Dans les maquis, on se battait et on pensait. Le programme politique du CNR est sans doute le seul, dans l'histoire de France, à avoir réuni l'extrême droite (les nationalistes maurrassiens) et l'extrême gauche (les communistes), en passant bien sûr par tous les autres. Il est à l'origine de la France contemporaine. Savez-vous ce que je retiens de cette conférence? La France a besoin de héros.
3- Après Château, j'ai foncé sur Laon, pour entrer dans un autre univers. Le groupe Kropotkyne de la Fédération anarchiste avait invité un collègue à moi, Bernard Defrance, prof de philo qui passe pour un original alors que c'est un homme terriblement sérieux. Il enseigne en banlieue difficile, pratique une pédagogie audacieuse, s'inspire de ce qu'il y a de plus progressiste dans les mouvements d'éducation. Son idée, c'est que l'élève doit être considéré comme un citoyen à part entière, avec lequel on dialogue afin de le convaincre. Un élève qui dort en classe, n'en a-t-il pas le droit, puisqu'il ne lèse personne? C'est au professeur de comprendre le pourquoi de cette attitude et d'y remédier par les mots, non par les ordres. Defrance invite ses élèves à exprimer par écrit leur mal-être. Tout cela est très loin des préoccupations de beaucoup de mes collègues (je vous renvoie à mon billet, cette semaine, dans lequel je vous parle du conseil d'administration de mon établissement). Ils ont tort en croyant que l'autoritarisme réglera leurs problèmes avec les élèves. Il faut poser des règles pour tous et en expliquer ensuite le bien fondé et l'application.
Mai 68, Aubrac, Defrance, vraiment, j'ai eu droit à une bonne semaine.
Bonne soirée.
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