Le nouveau mouvement social.
Bonsoir à toutes et à tous.
Comme vous sans doute, j'ai toujours en tête le mouvement de jeudi: une grève de masse, des manifestations gigantesques et un pays qui se reconnaît très majoritairement dans cet élan. Vous me direz peut-être que ce n'est pas nouveau, qu'on a déjà vu autant de monde dans les rues (et parfois plus), en 1995 contre le plan Juppé, en 2003 contre la réforme Fillon, en 2006 contre le CPE. C'est vrai, mais c'est différent. Et je veux vous montrer, sur quatre points, combien ce qui s'est passé jeudi est incomparable avec ce qui s'est passé avant, en matière de mouvements sociaux, ces quinze dernières années:
1- L'unité syndicale: elle a été totale. Chacun sait combien elle est difficile, combien aussi les différences entre syndicats sont légitimes, combien surtout leur unité est un gage d'efficacité. En 1995, il y avait une divergence profonde entre l'aile réformiste (la CFDT) et l'aile plus protestataire (la CGT et surtout FO, jouant alors à contre-emploi).
2- La mobilisation sociale: toute la société, jeudi, s'est sentie impliquée, concernée et donc partie prenante du mouvement. En 1995, et plus encore en 2003, c'est surtout la Fonction Publique qui avait manifesté. Aujourd'hui, l'engagement du secteur privé est plus large.
3- Le mouvement politique: par ce mot, j'entends la préoccupation pour la cité, l'intérêt général, le bien commun, non pas des intérêts catégoriels, corporatistes (par ailleurs parfaitement légitimes). En 1995, le mouvement social rejette une réforme précise, celle de l'assurance-maladie, en 2003 la réforme des retraites, en 2006 le projet du CPE. En janvier 2009, aucune réforme particulière n'est la cible du mouvement, mais plutôt un système général, qui n'a pas su prévoir et surmonter la crise financière.
4- La méthode réformiste: à la différence de 2003, pas de surenchère cette fois-ci, pas de référence à la mythologique "grève générale", pas d'appel irresponsable à la grève reconductible. De ce point de vue, 2003 aura été une expérience dramatique et désespérante, l'extrême gauche poussant à des actions interminables, épuisantes et totalement inutiles. Beaucoup en sortiront dégoûtés, démobilisés et financièrement affaiblis, sans avoir rien obtenu.
Aujourd'hui, les réformistes ont repris la main, les radicaux sont cantonnés à la marge. Le contexte politique n'y est pas indifférent: en 2003, le PS était laminé après la défaite de Jospin, l'extrême gauche rêvait alors d'une revanche historique sur le courant réformiste. Aujourd'hui, les socialistes ont relevé la tête, ils sont présents dans les manifs, ils font des propositions. Et puis, Sarkozy représente une droite autrement plus dure que celle de Chirac.
Quelle sera la suite du 29 janvier? Je n'en sais rien, mais je sais déjà que vient de naître un nouveau mouvement social, dont les orientations sont clairement réformistes.
Bonne soirée.
Comme vous sans doute, j'ai toujours en tête le mouvement de jeudi: une grève de masse, des manifestations gigantesques et un pays qui se reconnaît très majoritairement dans cet élan. Vous me direz peut-être que ce n'est pas nouveau, qu'on a déjà vu autant de monde dans les rues (et parfois plus), en 1995 contre le plan Juppé, en 2003 contre la réforme Fillon, en 2006 contre le CPE. C'est vrai, mais c'est différent. Et je veux vous montrer, sur quatre points, combien ce qui s'est passé jeudi est incomparable avec ce qui s'est passé avant, en matière de mouvements sociaux, ces quinze dernières années:
1- L'unité syndicale: elle a été totale. Chacun sait combien elle est difficile, combien aussi les différences entre syndicats sont légitimes, combien surtout leur unité est un gage d'efficacité. En 1995, il y avait une divergence profonde entre l'aile réformiste (la CFDT) et l'aile plus protestataire (la CGT et surtout FO, jouant alors à contre-emploi).
2- La mobilisation sociale: toute la société, jeudi, s'est sentie impliquée, concernée et donc partie prenante du mouvement. En 1995, et plus encore en 2003, c'est surtout la Fonction Publique qui avait manifesté. Aujourd'hui, l'engagement du secteur privé est plus large.
3- Le mouvement politique: par ce mot, j'entends la préoccupation pour la cité, l'intérêt général, le bien commun, non pas des intérêts catégoriels, corporatistes (par ailleurs parfaitement légitimes). En 1995, le mouvement social rejette une réforme précise, celle de l'assurance-maladie, en 2003 la réforme des retraites, en 2006 le projet du CPE. En janvier 2009, aucune réforme particulière n'est la cible du mouvement, mais plutôt un système général, qui n'a pas su prévoir et surmonter la crise financière.
4- La méthode réformiste: à la différence de 2003, pas de surenchère cette fois-ci, pas de référence à la mythologique "grève générale", pas d'appel irresponsable à la grève reconductible. De ce point de vue, 2003 aura été une expérience dramatique et désespérante, l'extrême gauche poussant à des actions interminables, épuisantes et totalement inutiles. Beaucoup en sortiront dégoûtés, démobilisés et financièrement affaiblis, sans avoir rien obtenu.
Aujourd'hui, les réformistes ont repris la main, les radicaux sont cantonnés à la marge. Le contexte politique n'y est pas indifférent: en 2003, le PS était laminé après la défaite de Jospin, l'extrême gauche rêvait alors d'une revanche historique sur le courant réformiste. Aujourd'hui, les socialistes ont relevé la tête, ils sont présents dans les manifs, ils font des propositions. Et puis, Sarkozy représente une droite autrement plus dure que celle de Chirac.
Quelle sera la suite du 29 janvier? Je n'en sais rien, mais je sais déjà que vient de naître un nouveau mouvement social, dont les orientations sont clairement réformistes.
Bonne soirée.
7 Comments:
Je suis entierement d'accord avec vous sauf sur un point.
Les socialistes n'ont pas relevé la tete.
Ils sont plus à la traine qu'ils ne l'ont jamais été.
Le fait qu'il soit dans les manifs n'est pas un signe de force mais de faiblesse absolue.
Comme vous l'avez fait remarquer avant vous étiez présent mais pas en tant que socialiste,
pour le compte du mouvement syndical.
Il est évident que les réformistes ont visiblement pris la main,
mais c'est par obligation puisque personne n'incarne leurs aspirations à gauche.
By grandourscharmant, at 10:33 PM
Les meilleurs pour incarner le réformisme, ce sont ... les réformistes.
Oui, nous relevons la tête... et vous essayez de nous la couper. Essayez toujours...
By Emmanuel Mousset, at 10:57 PM
tout à fait,
mais vous n'etes pas un réformiste,
juste un conservateur.
Car que voulez vous réformer
By grandourscharmant, at 11:11 PM
et surtout dans quel but
By grandourscharmant, at 11:12 PM
Je veux conserver ce que la droite veut réformer, je veux réformer ce que la droite veut conserver. C'est ce qu'on appelle un chassé-croisé, mais chacun, droite et gauche, y retrouve ses petits.
By Emmanuel Mousset, at 1:37 PM
du concret,
du concret.
c'est plus pertinent que les longs discours
By grandourscharmant, at 2:48 PM
Concret: un mot qui commence très mal, un mot qui ne veut rien dire, un mot que répètent tous les perroquets de notre époque.
By Emmanuel Mousset, at 9:21 PM
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