Ségo debout!
Bonjour à toutes et à tous.
Ségolène Royal publie cette semaine un nouvel ouvrage, "Femme debout", dont les bonnes feuilles ont déjà été diffusées par la presse. Du Ségo tout craché! On retrouve dans cet entretien avec Françoise Degois trois caractéristiques qui font sa marque de fabrique:
1- Une incroyable liberté de ton. Ségolène dit ce qu'elle pense, sans autocensure. Elle s'exprime comme tout le monde, emploie les mots et les images de tous les jours. Son increvable popularité vient en partie de là: elle renvoie à l'opinion un portrait dans lequel celle-ci se reconnaît. Elle rompt avec la langue de bois ou les précautions diplomatiques. C'est inédit en politique, et ça plaît à une société qui déteste de plus en plus l'hypocrisie et réclame la sincérité.
Je m'y reconnais moi aussi en partie. Sur ce blog, je me sens libre, je me moque de la façon dont mes propos seront perçus par les uns ou par les autres. La différence, c'est que je ne suis pas candidat à la présidence de la République, que je n'ai même pas de hautes responsabilités politiques. J'interviens en tant que simple citoyen, militant socialiste de base.
Ce qui me gêne chez Ségolène, c'est aussi ce qui me gêne chez Sarkozy: une parole politique "décomplexée", qui finit par oublier qu'elle n'est pas n'importe quelle parole mais celle de la France (qu'on soit dans la majorité ou l'opposition), une parole porteuse de symboles, soucieuse de pédagogie, une parole qui ne peut pas être sans dommages comme les autres.
2- Ségolène poursuit dans le rôle qui lui réussit, celui de la victime: de la droite, du Parti socialiste, des médias. Là encore, l'opinion est ravie: aujourd'hui, si vous voulez faire passer un message, faites-vous passer pour une victime, ça marchera, on vous écoutera, on vous croira. Mais Ségolène profite autant du système qu'elle le subit. Les médias ont-ils choisi de la brûler? Peut-être, mais je sais aussi qu'ils l'ont auparavant adorée.
Et puis, faire de la politique, c'est essuyer des coups. On peut regretter ça, ne pas aimer, rêver d'autre chose, mais on ne peut pas s'en plaindre en focalisant sur son propre sort, qui est en réalité celui de tout grand destin politique. Pour ma part, je déteste la victimologie et la recherche de compassion: un homme politique doit être un conquérant, homme ou femme, qui ne craint rien, Jeanne d'Arc ou Clémenceau.
3- L'usage de la dérision, à nouveau très en phase avec la société contemporaine: par exemple, Ségolène traite de "petit garçon" Sarkozy (un autre avant elle l'avait fait, qui n'était pas de gauche pourtant) et l'affuble d'un "déguisement de cow-boy". C'est astucieusement irrévérencieux, on imagine la scène, tout droit sortie des Guignols de l'Info. A la limite, pourquoi pas?
Mais là aussi, ça me gêne. Je suis peut-être vieux jeu, mais je crois que le président de la République a droit à un certain respect que je qualifierai de "républicain". Non pour l'homme Sarkozy: j'ai peu d'estime pour lui, et aucune admiration, je suis en désaccord avec sa politique. Mais pour la fonction qu'il représente, qui n'est pas n'importe quelle fonction. A force de brocarder les institutions, elles finiront par perdre toute crédibilité.
Vous me direz que les bouffons du roi ont toujours existé, que c'est vital pour une démocratie? Bien sûr que oui, mais Ségolène, qui aspire un jour à devenir à son tour présidente de la République, n'est pas dans ce registre-là. Vous me direz peut-être aussi que Mitterrand ne faisait pas mieux en traitant Giscard de "petit télégraphiste"? Non, ça n'a strictement rien à voir. Quand Mitterrand utilisait cette expression, c'était pour se moquer d'une décision politique, celle de Brejnev envoyant un télégramme à Giscard sur l'Afghanistan, celui-ci se targuant ensuite d'avoir influencé celui-là, ce que Mitterrand ne croyait ni n'approuvait. Le "petit garçon" de Ségolène est une image purement psychologique, qui charge un caractère, en dehors de toute considération politique réelle.
Bon après-midi.
Ségolène Royal publie cette semaine un nouvel ouvrage, "Femme debout", dont les bonnes feuilles ont déjà été diffusées par la presse. Du Ségo tout craché! On retrouve dans cet entretien avec Françoise Degois trois caractéristiques qui font sa marque de fabrique:
1- Une incroyable liberté de ton. Ségolène dit ce qu'elle pense, sans autocensure. Elle s'exprime comme tout le monde, emploie les mots et les images de tous les jours. Son increvable popularité vient en partie de là: elle renvoie à l'opinion un portrait dans lequel celle-ci se reconnaît. Elle rompt avec la langue de bois ou les précautions diplomatiques. C'est inédit en politique, et ça plaît à une société qui déteste de plus en plus l'hypocrisie et réclame la sincérité.
Je m'y reconnais moi aussi en partie. Sur ce blog, je me sens libre, je me moque de la façon dont mes propos seront perçus par les uns ou par les autres. La différence, c'est que je ne suis pas candidat à la présidence de la République, que je n'ai même pas de hautes responsabilités politiques. J'interviens en tant que simple citoyen, militant socialiste de base.
Ce qui me gêne chez Ségolène, c'est aussi ce qui me gêne chez Sarkozy: une parole politique "décomplexée", qui finit par oublier qu'elle n'est pas n'importe quelle parole mais celle de la France (qu'on soit dans la majorité ou l'opposition), une parole porteuse de symboles, soucieuse de pédagogie, une parole qui ne peut pas être sans dommages comme les autres.
2- Ségolène poursuit dans le rôle qui lui réussit, celui de la victime: de la droite, du Parti socialiste, des médias. Là encore, l'opinion est ravie: aujourd'hui, si vous voulez faire passer un message, faites-vous passer pour une victime, ça marchera, on vous écoutera, on vous croira. Mais Ségolène profite autant du système qu'elle le subit. Les médias ont-ils choisi de la brûler? Peut-être, mais je sais aussi qu'ils l'ont auparavant adorée.
Et puis, faire de la politique, c'est essuyer des coups. On peut regretter ça, ne pas aimer, rêver d'autre chose, mais on ne peut pas s'en plaindre en focalisant sur son propre sort, qui est en réalité celui de tout grand destin politique. Pour ma part, je déteste la victimologie et la recherche de compassion: un homme politique doit être un conquérant, homme ou femme, qui ne craint rien, Jeanne d'Arc ou Clémenceau.
3- L'usage de la dérision, à nouveau très en phase avec la société contemporaine: par exemple, Ségolène traite de "petit garçon" Sarkozy (un autre avant elle l'avait fait, qui n'était pas de gauche pourtant) et l'affuble d'un "déguisement de cow-boy". C'est astucieusement irrévérencieux, on imagine la scène, tout droit sortie des Guignols de l'Info. A la limite, pourquoi pas?
Mais là aussi, ça me gêne. Je suis peut-être vieux jeu, mais je crois que le président de la République a droit à un certain respect que je qualifierai de "républicain". Non pour l'homme Sarkozy: j'ai peu d'estime pour lui, et aucune admiration, je suis en désaccord avec sa politique. Mais pour la fonction qu'il représente, qui n'est pas n'importe quelle fonction. A force de brocarder les institutions, elles finiront par perdre toute crédibilité.
Vous me direz que les bouffons du roi ont toujours existé, que c'est vital pour une démocratie? Bien sûr que oui, mais Ségolène, qui aspire un jour à devenir à son tour présidente de la République, n'est pas dans ce registre-là. Vous me direz peut-être aussi que Mitterrand ne faisait pas mieux en traitant Giscard de "petit télégraphiste"? Non, ça n'a strictement rien à voir. Quand Mitterrand utilisait cette expression, c'était pour se moquer d'une décision politique, celle de Brejnev envoyant un télégramme à Giscard sur l'Afghanistan, celui-ci se targuant ensuite d'avoir influencé celui-là, ce que Mitterrand ne croyait ni n'approuvait. Le "petit garçon" de Ségolène est une image purement psychologique, qui charge un caractère, en dehors de toute considération politique réelle.
Bon après-midi.
2 Comments:
Cher Ami et camarade,
En lisant la première réaction qui m'est venue c'est que le propos était très très proche du mode d'expression d'un Xavier Bertrand. Je sais ce n'est pas gentil, mais c'est ma réaction spontanée. Désolé
By Anonyme, at 5:01 PM
Cher camarade,
Ne cherche pas à être gentil avec moi, ça ne m'intéresse pas. Je t'encourage même à une certaine méchanceté, si elle est bien sûr justifiée et méritée. En revanche, cherche à argumenter un peu ce que tu dis, là ça m'intéresse beaucoup. Ne serait-ce que pour corriger mon "mode d'expression", si celui-ci n'est pas bon.
Amitiés socialistes.
By Emmanuel Mousset, at 5:40 PM
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