L'Aisne avec DSK

03 février 2009

Une odeur de poudre.

Bonjour à toutes et à tous.

Pour faire face à la crise financière, Sarkozy a d'abord aidé les banques. Aujourd'hui, c'est l'économie, avec son plan de relance, qui a fait un flop dans la presse de ce matin, sauf évidemment Le Figaro. Guilhem Beauquier, dans L'Union de Reims d'hier, parlait de "plan foiré". Parce qu'il n'a pas osé dire "plan foireux"?

Pourtant, les "1000 projets" déclinés par Fillon (annoncés au préalable dans Le Figaro, tiens!) impressionnent. Ça vous donne un petit côté volontarisme maoïste: "Que 1000 fleurs éclosent", disait le Grand Timonier pendant la Révolution Culturelle. Sauf que le plan de relance n'est pas une révolution et que nous n'avons qu'un petit timonier à la tête du pays. Ce projet est à la hauteur de Sarkozy, pas à la hauteur de la France, pas à la hauteur de la crise mondiale. Croit-on qu'on affrontera celle-ci en rénovant le chauffage du centre pénitentiaire de Château-Thierry? J'ai retenu cet "investissement" parmi les 1000, puisqu'il concerne mon département, l'Aisne.

Je parlais de Mao, Beauquier préfère Prévert et son inventaire, la poésie en moins: "L'effet serait d'un comique surréaliste s'il n'était affligeant". On ne se refait pas: Sarkozy a été inspiré pour aider les banques mais beaucoup moins pour relancer l'économie. La ministre chargée de ce secteur n'y croit d'ailleurs pas, elle ne s'attend pas à une reprise de la croissance, elle se résigne à la récession. Pas folichon tout ça. Finalement, c'est quoi, ce plan qui ressemble à n'importe quoi? Simplement la reprise de travaux déjà programmés mais pas financés (on se demande bien pourquoi: l'argent manquait avant la crise, on le trouve depuis; expliquez-moi ça...).

Parlons un peu chiffres maintenant, comme les dames qui s'ennuient parlent chiffons; car une société qui manque d'idées se replie sur les comptes. 26 milliards d'euros pour la relance, dont 11,5 pour la trésorerie des entreprises, 10,5 pour le chauffage du centre pénitentiaire de Château-Thierry et les 999 autres projets, 4 pour les entreprises publiques. C'est beaucoup mais c'est peu, si l'on compare à la relance d'Obama ou celle proposée par Martine Aubry.

Il y en a un qui a tout compris: ce Villepin, quelle allure, quelle intelligence! Pourquoi la droite française lui a-t-elle préféré Sarkozy? C'est plus qu'une faute politique, c'est une faute de goût. Déjà, en choisissant Chirac plutôt que Séguin, elle trahissait son manque d'envergure. Mais là! Je vais finir par croire que cette grande chose qu'est la politique accorde des primes à la médiocrité (et pas qu'à droite...).

Bref, Villepin a demandé à ce que le gouvernement "corrige la route", en dénonçant "l'investissement saupoudré" (qui n'est pas nécessairement productif), "une certaine confusion". L'ancien Premier ministre a demandé aussi au pouvoir d' "envoyer des signaux comme quoi il écoute les Français". Villepin, c'est Bonaparte à Arcole, il veut des conquêtes et de la grandeur; Sarkozy, ce n'est que Napoléon sur son trône, faisant avec ce qui lui reste.

En cette période hivernale de poudreuse, Villepin critique le "saupoudrage" et le PS la "poudre aux yeux". Ce plan de relance, qui donne tout à l'investissement et rien à la consommation, inquiète aussi les syndicats, qui cherchent à donner une suite au 29 janvier. Si tout continue comme ça, c'est une odeur de poudre qui va monter. En attendant que la droite prenne la poudre d'escampette?


Bonne matinée.