Clic.
Bonjour à toutes et à tous.
Si vous passez par Paris ce dimanche, allez voir l'exposition "Controverses", à la Bibliothèque Nationale, rue de Richelieu. La photographie est un art récent, apparu au XIXème siècle, juste avant le cinéma, et un art étrange : un petit clic et c'est fait, sans qu'il paraisse y avoir la moindre création. C'est une activité qui semble paradoxalement passive, peu inventive, plus une technique, presque un truc, qu'un art. Tout cela est faux, bien entendu, et les photographies présentées à la BN le prouvent amplement.
Ce n'est pas pour leur beauté qu'elles ont été choisies, mais pour les polémiques, le scandale qu'elles ont provoqués. C'est donc une exposition plus politique qu'esthétique. Des photos ont fait le tour du monde, ont intrigué, interrogé, choqué, fasciné. J'en ai retenu quelques-unes parmi les plus célèbres. Chacune, je crois, invite à réfléchir :
- Le Suaire de Turin : une énigme, la photo involontaire que tout le monde aurait aimé faire, celle du Christ, une inexplicable incrustation dans la toile, que certains expliquent par la Résurrection, à moins qu'il ne s'agisse d'une incroyable et quasi impossible imposture.
- Le Che : à l'inverse du Suaire, légende devenue réalité, Guevara est une réalité qui s'élève à la légende, à travers ce visage en noir et blanc, démultiplié et stylisé par le poster.
- Buzz Aldrin : le cosmonaute est au garde à vous sur la Lune, devant le drapeau américain. Pourquoi cette photo ? Parce que la folie des hommes, capables d'admettre que Jésus a vaincu le temps, la mort, les a conduit à douter que l'humanité ait pu vaincre l'espace et conquérir notre satellite.
- Aldo Moro : devant l'étoile des Brigades Rouges, il est comme le Christ au supplice, abandonné non de Dieu mais de la classe politique italienne, et sans rédemption possible.
Trois leçons ont été par moi retenues à l'issue de cette exposition, trois questions sont posées :
1- La liberté. Aucune photo ne devrait être censurée (plusieurs dans cette expo l'ont été), l'art autorise tout, rend tout possible. La censure est idiote, criminelle. Au passage, j'ai appris, contrairement à ce que je croyais, qu'il n'y a pas de faute juridique à photographier publiquement quelqu'un sans son accord, sauf si l'image est dégradante.
2- La cruauté. Il n'y a pas besoin de photos pour savoir que l'humanité se livre au mal, il suffit de feuilleter un livre d'histoire. Mais il y a un "choc des photos", comme le proclame un célèbre magazine, qui atteste que l'homme est capable du pire, ce qui est aussi énigmatique que le Suaire de Turin.
3- Le mensonge. On pourrait penser que rien n'est plus vrai qu'une photographie. C'est pourtant, souvent, le pire des mensonges, puisqu'il semble vrai, puisqu'on n'en doute pas, comme saint Thomas se contente de voir (et de toucher) pour croire. Le pouvoir s'est constamment servi de la photographie pour truquer, manipuler.
Prendre des photos, se faire prendre en photo, rien n'est moins innocent. En politique, j'ai remarqué que celui qui passe "dans le journal" souvent agace, alors que les politiques se pressent, jouent des coudes pour être "sur la photo". Allez y comprendre quelque chose !
Bonne matinée.
Si vous passez par Paris ce dimanche, allez voir l'exposition "Controverses", à la Bibliothèque Nationale, rue de Richelieu. La photographie est un art récent, apparu au XIXème siècle, juste avant le cinéma, et un art étrange : un petit clic et c'est fait, sans qu'il paraisse y avoir la moindre création. C'est une activité qui semble paradoxalement passive, peu inventive, plus une technique, presque un truc, qu'un art. Tout cela est faux, bien entendu, et les photographies présentées à la BN le prouvent amplement.
Ce n'est pas pour leur beauté qu'elles ont été choisies, mais pour les polémiques, le scandale qu'elles ont provoqués. C'est donc une exposition plus politique qu'esthétique. Des photos ont fait le tour du monde, ont intrigué, interrogé, choqué, fasciné. J'en ai retenu quelques-unes parmi les plus célèbres. Chacune, je crois, invite à réfléchir :
- Le Suaire de Turin : une énigme, la photo involontaire que tout le monde aurait aimé faire, celle du Christ, une inexplicable incrustation dans la toile, que certains expliquent par la Résurrection, à moins qu'il ne s'agisse d'une incroyable et quasi impossible imposture.
- Le Che : à l'inverse du Suaire, légende devenue réalité, Guevara est une réalité qui s'élève à la légende, à travers ce visage en noir et blanc, démultiplié et stylisé par le poster.
- Buzz Aldrin : le cosmonaute est au garde à vous sur la Lune, devant le drapeau américain. Pourquoi cette photo ? Parce que la folie des hommes, capables d'admettre que Jésus a vaincu le temps, la mort, les a conduit à douter que l'humanité ait pu vaincre l'espace et conquérir notre satellite.
- Aldo Moro : devant l'étoile des Brigades Rouges, il est comme le Christ au supplice, abandonné non de Dieu mais de la classe politique italienne, et sans rédemption possible.
Trois leçons ont été par moi retenues à l'issue de cette exposition, trois questions sont posées :
1- La liberté. Aucune photo ne devrait être censurée (plusieurs dans cette expo l'ont été), l'art autorise tout, rend tout possible. La censure est idiote, criminelle. Au passage, j'ai appris, contrairement à ce que je croyais, qu'il n'y a pas de faute juridique à photographier publiquement quelqu'un sans son accord, sauf si l'image est dégradante.
2- La cruauté. Il n'y a pas besoin de photos pour savoir que l'humanité se livre au mal, il suffit de feuilleter un livre d'histoire. Mais il y a un "choc des photos", comme le proclame un célèbre magazine, qui atteste que l'homme est capable du pire, ce qui est aussi énigmatique que le Suaire de Turin.
3- Le mensonge. On pourrait penser que rien n'est plus vrai qu'une photographie. C'est pourtant, souvent, le pire des mensonges, puisqu'il semble vrai, puisqu'on n'en doute pas, comme saint Thomas se contente de voir (et de toucher) pour croire. Le pouvoir s'est constamment servi de la photographie pour truquer, manipuler.
Prendre des photos, se faire prendre en photo, rien n'est moins innocent. En politique, j'ai remarqué que celui qui passe "dans le journal" souvent agace, alors que les politiques se pressent, jouent des coudes pour être "sur la photo". Allez y comprendre quelque chose !
Bonne matinée.
7 Comments:
Bonjour, je suis Nicolas Sarkozy.
Posez-moi vos questions :)
By Nicolas Sarkozy, at 5:18 PM
Monsieur le Président,
Que comptez-vous faire après la forte mobilisation salariale du Premier Mai ? Je lis dans la presse que vous n'allez rien faire du tout. Pour un hyper actif, ça me paraît anormal !
By Emmanuel Mousset, at 6:18 PM
Le président et le gouvernement combattent la crise,
là où krivine et besancenot ne pensent qu'à combattre le gouvernement.
Si les ennemis de mes ennemis sont mes amis,
alors la crise est l'ami du NPA
et son objectif doit etre de l'amplifier plutot que de la résoudre.
By grandourscharmant, at 7:06 PM
C'est le devoir de la majorité de combattre la crise, c'est son job. C'est le devoir de l'opposition de s'opposer, c'est la démocratie. Mais on ne s'oppose bien à la droite qu'en proposant une façon de gauche de combattre la crise.
By Emmanuel Mousset, at 7:32 PM
Je ne fais jamais rien. Mon gouvernement et moi sommes toujours en activité. la forte mobilisation salariale du 1er Mai nous a montré l'inquiétude des français par rapport à la crise économique, ce qui nous motive plus à mettre en place nos réformes pour le bien du pays.
By Nicolas Sarkozy, at 8:42 PM
Monsieur le Président,
Les salariés vous ont signifié, par leur forte mobilisation, qu'ils contestaient vos réformes. Je ne vous demande pas d'y renoncer en totalité. Je suis républicain, je respecte le mandat que vous a attribué par son vote majoritaire le peuple français. Mais la démocratie exige aussi que vous soyez à l'écoute du pays. Un geste significatif est attendu, en matière d'emploi, de pouvoir d'achat, de lutte contre les inégalités les plus criantes. Même une partie de votre électorat, et quelques députés de votre parti, vous le demandent ou vous le conseillent. Ce serait vous grandir que d'accéder, au moins partiellement, à leurs souhaits. Je ne vous impose, n'exige ni ne vous recommande rien. C'est votre liberté de premier magistrat de l'Etat qui doit vous amener à faire un choix. Tout mesure inspirée par la justice sociale ne pourra être que la bienvenue, en ces temps de grave crise économique, dont les victimes sont comme toujours les plus faibles. Pensez à elle.
By Emmanuel Mousset, at 11:16 PM
Monsieur le Président,
Je sais bien que les règles de la langue sont le cadet de vos soucis, mais vous rajouterez un s au dernier mot de mon précédent message.
By Emmanuel Mousset, at 7:19 AM
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