La lumière de Liem.

Bonjour à toutes et à tous.

La section socialiste de Soissons, après avoir fait venir Gilles Pargneaux il y a quinze jours, a organisé hier soir une nouvelle réunion dans le cadre des élections européennes. L'invité était cette fois Liem Hoang Ngoc, candidat dans la région Est, secrétaire national adjoint chargé de l'économie au Parti socialiste. Ce n'est pas un inconnu en Picardie : il a fait ses études à Amiens et c'est aujourd'hui un voisin puisqu'il est adhérent à Reims. Sa réputation d'économiste brillant, qui n'est pas usurpée, lui a donné une petite notoriété nationale, par ses interventions régulières dans les médias.

Il se trouve, hasard du calendrier, que je devais hier après-midi animer un débat à Soissons, dans un centre social, sur le thème "Droits des femmes et Europe". Il n'y avait ... personne. Ça arrive rarement, mais ça arrive, la preuve ! L'organisatrice me faisait très justement remarquer que les gens se plaignaient de l'Europe, de ses lois, mais qu'en même temps ils estimaient que les députés européens ne servaient à rien. C'est contradictoire : on ne peut pas juger l'Europe menaçante et s'en désintéresser.

Pour écouter Liem, nous étions heureusement une quarantaine. Avec ce camarade, nous comprenons ce que la compétence signifie, et pourquoi elle est en politique nécessaire. Il était bien sûr question d'Europe, d'économie et de la crise. Comme l'a souligné Claire Le Flécher, la conférence a été "lumineuse". Ce qui ne m'a pas empêché de ne pas tout comprendre. L'abstraction a souvent été le privilège de la philosophie, surtout allemand. Les sciences, mathématiques, physique et chimie, le sont aussi, mais c'est normal puisque leur champ de réflexion est directement théorique. L'économie non, puisque c'est le travail des hommes. Avec le capitalisme financier, fini le "concret" : on nage en plein concept, j'ai presque envie de dire en pleine théologie ou scolastique, tellement son vocabulaire est rébarbatif, mystérieux, au point de paraître, c'est un comble, irrationnel.

Pour Liem, la crise n'est pas seulement financière, elle est aussi économique. Et sa dimension financière n'est pas à chercher seulement dans la chute du crédit "pourri", les subprimes (qui ont bien fonctionné de 2002 à 2006). C'est la dérégulation du marché de la finance, à partir de 1985, qui est à l'origine, avec la titrisation et les produits dérivés. De même, cette crise ne se comprend que dans les bouleversements de notre économie, la prise de pouvoir des fonds de pension, de la rente, du placement sur l'investissement, la production, l'industrie, le développement.

Que peut alors faire l'Europe contre la crise ? Relancer massivement l'investissement et la consommation (les 5 milliards de Sarkozy sont dérisoires, Obama en met 800), faire du déficit budgétaire (le pacte européen de stabilité est d'ores et déjà suspendu), limiter la titrisation, soustraire les services publics à la concurrence et à la marchandisation, revenir à l'esprit du Traité de Rome : libre-échange à l'intérieur du marché européen, protection à l'égard de l'extérieur.

Au moment des questions, une camarade a malicieusement demandé à Liem ce qu'il pensait du "camarade Strauss-Kahn" à la tête du FMI. Il a fort bien répondu que la direction du FMI pouvait être une formidable opportunité pour réguler le marché financier mondial, encadrer la titrisation, créer une nouvelle monnaie de référence internationale pour s'opposer à l'hégémonie du dollar. Avec la même malice, un camarade s'est demandé si le Manifesto convenait bien à tous les socialistes. J'ai apprécié que Liem Hoang Ngoc, qui appartient à l'aile gauche du Parti, ne joue pas de sa différence et reste scrupuleusement unitaire.


Bon après-midi.