A H1N1.
Bonsoir à toutes et à tous.
Je suis à Carnas, village de 400 habitants, entre Nîmes et Montpellier. Comme partout où je m'installe, je rends mes premières visites au cimetière et à l'église de la commune. L'endroit est charmant, je vais m'y plaire, c'est sûr. Et j'ai un ordi à ma disposition ! Mais je n'en abuserai pas, c'est tout de même les vacances. Ne vous offusquez donc pas si je ne réponds pas, ou moins, ou plus tard à vos commentaires. Mais vous êtes intarissables, cela ne vous empêchera pas de continuer à vous épancher, j'en suis certain.
Après la carte postale, passons à l'actualité : c'est incontestablement la découverte du premier décès lié au virus A H1N1 (même si le rapport direct n'est pas assuré). Cette histoire de grippe va devenir, je le sens, le feuilleton catastrophe de l'été (chaque année, il en faut un, très médiatisé, pour pimenter nos vacances ; l'an dernier, c'était le scandale des bébés qui mouraient dans les voitures au soleil, reportez-vous aux archives de ce blog).
Sur le virus A H1N1 ("grippe porcine", c'était inexact et ça ne faisait pas très sérieux), je vois trois réflexions possibles :
1- Nous sommes incontestablement dans une psychose sociale, trahie par des rumeurs toutes plus fausses les unes que les autres. Tout a commencé il y a 15 ans avec le syndrome de la "vache folle", puis théorisé à travers un concept (ça fait toujours très sérieux), le "principe de précaution". En vérité, il s'agit, sous ce terme, d'un sentiment qui a envahi la société contemporaine : la trouille, la bonne vieille peur, qui n'est d'ailleurs pas si bonne que ça. L'obsession de l'opinion pour les questions de sécurité est le marqueur social le plus flagrant de cette situation d'apeurement généralisé.
2- L'opinion publique, comme jamais par le passé, réclame en toutes circonstances la "vérité". C'est évidemment le cas pour le virus A H1N1 : comment va-t-il se développer ? Combien y aura-t-il de victimes ? Que faire pour s'en protéger ? C'est très bien, on appelle ça la "prévention". Sauf que la vérité n'est pas toujours de ce monde, encore moins en matière de science et de médecine, où les ignorances, les limites, les incertitudes, les contradictions sont nombreuses. Que répondre alors à une opinion qui exige une vérité qu'on ne peut pas lui donner, sinon sous forme d'hypothèses ou de probabilités ?
3- Le pouvoir politique, les autorités administratives sont sur le pied de guerre. Ils savent qu'il vaut mieux parler ("communiquer") que ne rien dire (pourtant, dans le doute, ne faudrait-il pas s'abstenir de tout commentaire inévitablement contestable ?). Ils ont à l'esprit le sang contaminé, la canicule de 2003, ils ont peur eux aussi que des têtes tombent, les leurs. Car un gouvernement, un élu, un responsable peuvent rapidement se transformer en boucs émissaires s'ils ne savent pas rassurer l'opinion, donner l'impression qu'ils connaissent l'entière vérité et dominent totalement la situation.
Si nous étions tous de sages citoyens, nous prendrions dans la discrétion les précautions élémentaires qui s'imposent comme pour n'importe quelle autre grippe, nous laisserions les autorités sanitaires faire leur travail sans rien exiger d'elles, nous profiterions de nos vacances pour penser à tout autre chose, à la politique par exemple. Et surtout, nous cesserions d'avoir peur.
Mais peut-être que la démocratie n'exige pas toujours des citoyens qu'ils soient sages, de même que les citoyens, en retour, ne doivent pas demander à leur démocratie d'être idéale ou parfaite.
Bonne soirée.
Je suis à Carnas, village de 400 habitants, entre Nîmes et Montpellier. Comme partout où je m'installe, je rends mes premières visites au cimetière et à l'église de la commune. L'endroit est charmant, je vais m'y plaire, c'est sûr. Et j'ai un ordi à ma disposition ! Mais je n'en abuserai pas, c'est tout de même les vacances. Ne vous offusquez donc pas si je ne réponds pas, ou moins, ou plus tard à vos commentaires. Mais vous êtes intarissables, cela ne vous empêchera pas de continuer à vous épancher, j'en suis certain.
Après la carte postale, passons à l'actualité : c'est incontestablement la découverte du premier décès lié au virus A H1N1 (même si le rapport direct n'est pas assuré). Cette histoire de grippe va devenir, je le sens, le feuilleton catastrophe de l'été (chaque année, il en faut un, très médiatisé, pour pimenter nos vacances ; l'an dernier, c'était le scandale des bébés qui mouraient dans les voitures au soleil, reportez-vous aux archives de ce blog).
Sur le virus A H1N1 ("grippe porcine", c'était inexact et ça ne faisait pas très sérieux), je vois trois réflexions possibles :
1- Nous sommes incontestablement dans une psychose sociale, trahie par des rumeurs toutes plus fausses les unes que les autres. Tout a commencé il y a 15 ans avec le syndrome de la "vache folle", puis théorisé à travers un concept (ça fait toujours très sérieux), le "principe de précaution". En vérité, il s'agit, sous ce terme, d'un sentiment qui a envahi la société contemporaine : la trouille, la bonne vieille peur, qui n'est d'ailleurs pas si bonne que ça. L'obsession de l'opinion pour les questions de sécurité est le marqueur social le plus flagrant de cette situation d'apeurement généralisé.
2- L'opinion publique, comme jamais par le passé, réclame en toutes circonstances la "vérité". C'est évidemment le cas pour le virus A H1N1 : comment va-t-il se développer ? Combien y aura-t-il de victimes ? Que faire pour s'en protéger ? C'est très bien, on appelle ça la "prévention". Sauf que la vérité n'est pas toujours de ce monde, encore moins en matière de science et de médecine, où les ignorances, les limites, les incertitudes, les contradictions sont nombreuses. Que répondre alors à une opinion qui exige une vérité qu'on ne peut pas lui donner, sinon sous forme d'hypothèses ou de probabilités ?
3- Le pouvoir politique, les autorités administratives sont sur le pied de guerre. Ils savent qu'il vaut mieux parler ("communiquer") que ne rien dire (pourtant, dans le doute, ne faudrait-il pas s'abstenir de tout commentaire inévitablement contestable ?). Ils ont à l'esprit le sang contaminé, la canicule de 2003, ils ont peur eux aussi que des têtes tombent, les leurs. Car un gouvernement, un élu, un responsable peuvent rapidement se transformer en boucs émissaires s'ils ne savent pas rassurer l'opinion, donner l'impression qu'ils connaissent l'entière vérité et dominent totalement la situation.
Si nous étions tous de sages citoyens, nous prendrions dans la discrétion les précautions élémentaires qui s'imposent comme pour n'importe quelle autre grippe, nous laisserions les autorités sanitaires faire leur travail sans rien exiger d'elles, nous profiterions de nos vacances pour penser à tout autre chose, à la politique par exemple. Et surtout, nous cesserions d'avoir peur.
Mais peut-être que la démocratie n'exige pas toujours des citoyens qu'ils soient sages, de même que les citoyens, en retour, ne doivent pas demander à leur démocratie d'être idéale ou parfaite.
Bonne soirée.
5 Comments:
pouquoi n'a-t-il pas pris ses vacances aux îles Kerguelen? on aurait été tranquille quelque temps; EM=remake du feuilleton "les envahisseurs"
By Anonyme, at 8:26 PM
une simple anecdote : il y a 25 ans, un 15 août, je me suis réveillée avec 40,1° de fiévre , des courbatures, mal de tête. le médecin est venu , il a diagnostiqué une sorte de grippe, il n'a pas voulu dire grippe pour 2 raisons : 1/ le mot"grippe" c'est pour l'hiver 2/ il ne voulait pas s'enquiquinner à faire un rapport aux services compétents , normalement requis en cas de situation atypique comme la mienne. résultat : j'ai infecté tout mon entourage et pourri les vacances de tout le monde .val
By Anonyme, at 3:14 PM
A l'anonyme de 8.26 :
Ce n'est pas une question de distance mais de durée. Si je reste à Carnas un an, vous serez tranquille. Qui sait ?
By Emmanuel Mousset, at 11:51 PM
Il faut arrêter la psychose avec cette grippe - chaque année la grippe "normale" tue plus de 3000 personnes et c'est bel et bien une épidémie mais on en fait pas un plat - il faut plutôt imaginer que c'est politique puisqu'il faut épuiser les stocks constitués lors de la crainte de la grippe aviaire et lancer une production de médicaments qui ne seront pas utilisés mais c'est pas grave, nous sommes dans une société de production inutile pour toucher les royalties des labos -
dans les milieux médicaux de tout genre (pharmacie, médecin etc. )il est bien dit qu'elle ne sera pas plus dangereuse que la grippe traditionnelle - alors prenons un peu plus soin de notre hygiène et des autres en évitant de leur postillonner à la figure et nous serons protégés comme chaque année
By Anonyme, at 8:45 AM
On est complètement d'accord. Dommage que nous soyons si peu à rester raisonnables.
By Emmanuel Mousset, at 5:28 PM
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