Caméra à Carnas.

Bonjour à toutes et à tous.

A peine arrivé depuis 48 heures à Carnas que je reçois un coup de fil de ... Saint-Quentin : Nicolas Goinard, du Courrier Picard, me demande ce que je pense d'une rumeur qui mettrait en émoi quelques lycéens d'Henri-Martin, l'installation d'une caméra de vidéo-surveillance près de mon établissement ! Fallait-il dire que je n'en pense rien, qu'une rumeur n'est qu'une rumeur et que je n'ai en ce moment qu'une idée en tête : aller me promener dans la garrigue, ce que j'ai d'ailleurs fait ce matin avant de rappeler Nicolas. Une magnifique promenade avant la grande chaleur, sur ce qu'on appelle ici "le chapeau de gendarme", une colline qui ressemble au couvre-chef de Napoléon.

Qu'est-ce que j'ai dit à Nicolas au retour ? D'abord que j'étais pour la vidéo-surveillance, même si l'opposition d'extrême gauche est contre. Dès qu'elle voit une caméra, elle pense à flic et, par association d'idées, à fasciste. Je ne vois pas les choses comme ça. Mon camarade Bricout, qui n'est pas fasciste mais maire socialiste de Bohain, en a installées dans sa commune et ne m'en dit que du bien. Inefficace, dit l'extrême gauche. Très utile en matière de prévention et de dissuasion, me dit Bricout.

La vraie question et la vraie réflexion, c'est l'usage modéré, pertinent et raisonnable du système de télé-surveillance, pas sa condamnation pure et dure. C'est là qu'une gauche intelligente a des choses à dire. Et puis, pour en finir avec les pétitions de principes, est-ce que seuls les bourgeois et les commerçants auraient le droit de se protéger en installant des caméras dans leurs quartiers, résidences et boutiques, et pas les pauvres et les prolos, qui méritent sûrement plus la protection de la force publique que les catégories privilégiées ?

Cependant, une caméra est-elle bien nécessaire aux abords d'Henri-Martin ? Je n'ai pas la réponse, il faut y réfléchir, mais la question n'est pas déplacée, elle est même légitime, à partir du moment où la proximité d'un lycée est un endroit "sensible", de forts passages, qui attirent parfois des individus qui n'ont qu'un rapport très lointain avec le souci d'étudier et qui provoquent de temps en temps l'intervention de la police. C'est à cette administration de fournir les chiffres, statistiques et avis qui permettront de nourrir une opinion éclairée sur la nécessité d'installer ou non une caméra près de mon lycée.

Je vois pour le moment un contre-argument à prendre en compte : depuis l'interdiction de fumer dans les lieux publics, le trottoir du lycée est devenu quasiment une excroissance de la cour de récréation et de la salle des profs. Pas mal de lycéens et quelques profs et pions s'y retrouvent pour en griller une et faire la causette. La vidéo-protection est faite pour surveiller les lieux, pas les gens. Que ce lieu de convivialité d'un genre inattendu et particulier soit désormais sous l'oeil d'une caméra, il faut sûrement y réfléchir à deux fois.

Cessons de faire de la vidéo-surveillance un enjeu faussement idéologique. La gauche doit prouver qu'elle ne craint pas d'aborder à bras le corps mais à sa façon les questions de sécurité. Ce que les classes populaires attendent de nous, ce n'est pas qu'on laisse à la droite ces questions-là ni qu'on s'oppose stérilement à Pierre André là-dessus. Elles attendent qu'on leur parle questions sociales, emplois, à travers des projets précis qui nous feront regagner aux prochaines élections leur confiance.


Bonne soirée.