Résistances.

Bonjour à toutes et à tous.

Je vous livre quelques photos de ma promenade d'hier dans Montpellier. Il y a les deux Jean, Jaurès et Moulin, que je mets aux premières places de mon panthéon politique personnel. La fameuse photo du grand résistant a été prise là, sur la place royale du Peyrou, où commence l'aqueduc Saint-Clément. Autant vous dire que le lieu est émouvant. Jaurès-Moulin, deux formes d'éternelles résistances, à l'économie capitaliste et à la dictature, qui sont au coeur de l'héritage d'une certaine gauche.

Et puis, dernière photo, c'est d'une autre résistance dont il s'agit, et aussi d'une autre gauche, ultra, la mouvance radicale, libertaire, révolutionnaire, autonome, anar, très présente, très active sur Montpellier et la région. Ne sommes-nous pas en pays cathare, en terre d'hérésie, dans un monde rebelle ? Mais entre les deux formes de résistances, Moulin-Jaurès d'un côté, les anars de l'autre, il y a bien peu de points communs : Jean Moulin va donner sa vie pour sauver la République, ce système d'élections qui ne provoque que mépris et révolte chez les radicaux.

Aujourd'hui, le clivage garde tous son sens. Il existe une opinion de gauche ultra qui rejette les partis, les syndicats, le réformisme et la démocratie représentative. Pour eux, même Besancenot ne va pas assez loin, depuis qu'il s'est médiatisé, électoralisé, institutionnalisé. Cette gauche ultra provient généralement de la petite bourgeoisie, les milieux populaires sont très peu touchés par cette radicalité. Certaines franges du milieu enseignant sont en revanche séduites par cette sensibilité ultra.

Il n'est pas indifférent que les balles envoyées par courrier à Sarkozy et quelques autres membres en vue de la classe politique (encore une la semaine dernière) aient été postées à Montpellier. Il peut bien sûr s'agir de l'oeuvre d'un fou, mais les lettres sont intellectuellement structurées, elles renvoient à une mentalité que nous rencontrons autour de nous : cette gauche désespérée, nihiliste, angoissée, qui ne croit plus en rien ni en personne, qui est prête à toutes les aventures et à tous les coups de folie.

Je sais qu'il ne sert pas à grand-chose de discuter avec elle tellement elle est devenue aveugle. Je ne parle pas ici du milieu anarchiste traditionnel, tel qu'il est représenté dans l'Aisne par Dominique Lestrat, qui m'est très sympathique ; non, je parle de la petite bourgeoisie radicalisée parce qu'elle se sent socialement déclassée, qui se laisse séduire par l'ultra gauche comme elle s'est laissée séduire avant guerre par le fascisme. La radicalité est le réceptacle de tous ses ressentiments, ses aigreurs, ses frustrations. Elle déteste par dessus la social-démocratie, historiquement portée vers la défense des classes populaires et pas des catégories moyennes. Cependant, j'aimerais redire à cette électorat qui croit de moins en moins aux élections que la République, le réformisme et les syndicats restent au fondement du progressisme, qu'il faut demeurer au côté de Moulin et Jaurès.


Bonne journée.