Torse nu ou pas.

Bonjour à toutes et à tous.

Savez-vous quel est le problème qui agite en ce moment plusieurs villes et village du Languedoc-Roussillon ? La guerre aux torses nus ! Vous vous souvenez des années 60-70 et de la polémique des seins nus, immortalisée dans Le Gendarme de Saint-Tropez. Eh bien, c'est une sorte de remake, mais dans un genre un peu différent, quoique tout aussi passionné.

La question est éminemment politique. D'abord parce qu'elle suscite des arrêtés de nombreux conseils municipaux. Ensuite parce qu'elle traduit un problème de société : il y a 30 ou 40 ans, jamais la question ne se serait posée, jamais aucun plainte n'aurait été émise. Que se passe-t-il donc pour que nous en soyons arrivés là ?

Les torses nus dans les rues des villes balnéaires, ça a toujours existé. En plein été, quand il fait très chaud ou qu'on revient de la plage, on enlève le haut. Et alors ? Juridiquement, ce comportement est inattaquable. Nous sommes en République, chacun fait ce qu'il veut de son corps. Le tribunal administratif de Montpellier a rappelé cette liberté en 2007. Les arrêtés municipaux d'interdiction des torses nus sont nuls et non avenus.

Trouble à l'ordre public ? C'est que l'ordre public se trouble pour bien peu. A la rigueur, que ma nudité dans les rues de Carnas provoque la curiosité et un début d'émeute auprès de la population féminine, ce n'est pas impossible. Mais de là à en faire un sujet politique et polémique ...

Certains évoquent la décence et la pudeur. Ça me fait doucement marrer : ouvrez un magazine, regardez la télé, voyez les publicités, l'indécence et l'impudeur s'étalent. Ce que je n'aime pas avec la morale, c'est qu'elle est souvent hypocrite, qu'elle cache ses véritables intentions. Mais quelles sont-elles dans cette affaire de torses nus maudits ?

L'hygiène peut-être ? Chez les commerçants, dans les magasins d'alimentation, je comprends. Mais en pleine rue, à l'air libre, non. Et puis, si cela était vrai, il faudrait immédiatement faire fermer les camps de naturistes, ce à quoi personne ne songe.

L'explication est sans doute dans ce degré d'intolérance qui caractérise les sociétés contemporaines développées. Chacun tient à son confort visuel et ne veut pas être interpellé du regard par un gras du bide ou un gorille humain, espèces plus répandues que les Apollon. Ce n'est pas le refus du corps mais plutôt son culte, son idéalisation sportive qui conduisent à cette sévérité inattendue.

Et puis, là comme ailleurs, nous ressentons les effets de notre embourgeoisement. Dans les sociétés primitives ou rurales, dans les activités du monde ouvrier, le torse nu, représentation de la force physique, est fréquent et naturel. Souvenez-vous les romans et les films. En revanche, dans une société de cols blancs, l'habitude s'est perdue, la pratique est réservée à l'espace privé.

Je parle, je parle, mais il faut que je vous quitte pour aller faire ma promenade quotidienne dans les vignes et la garrigue. A poil bien sûr. Mais là où je vais, aucun risque de me faire verbaliser.


Bonne journée.