Ping-pong.
Bonjour à toutes et à tous.
J'étais hier à 17h00 devant mon ordi, sur le site Désir d'Avenir, attendant la "déclaration solennelle" de Ségolène (quand quelque chose est "solennel", je me précipite). Rien. 17h30 : rien non plus. 18h00 : toujours pas. Que se passait-il ? Un retournement politique de dernière minute ? Un embarras ? Non, simplement la technique qui a fait défaut, si j'ai bien compris. Heureusement, il y avait le 20 Heures de TF1, dont Ségolène était l'invitée, un cadre en soi "solennel". J'étais à l'heure devant mon écran, j'ai écouté, voilà ce que j'en ai pensé :
1- La "déclaration solennelle" était, hormis le cadre, assez peu solennelle. Dans la solennité, il y a quelque chose de grandiose, de fracassant. Là, j'ai l'impression qu'on n'a pas énormément bougé, que rien n'est fondamentalement réglé, qu'il faut attendre la suite. Il y avait pour Ségolène deux façons d'être "solennelle" :
a- se sentant lésée, blessée même, elle pouvait porter l'affaire devant les tribunaux, si elle estime que les faits dévoilés dans l'ouvrage sont vrais et prouvés. C'est d'ailleurs ce qu'on avait cru comprendre qu'elle ferait (c'est ce que je redoutais).
b- tourner la page, exiger que ces incidents ne se reproduisent plus, soutenir l'idée de Martine Aubry d'une "autorité" de contrôle et de sanction, faire confiance à l'avenir, repartir collectivement d'un nouveau pied (c'est ce que je souhaitais).
En ne faisant ni l'un ni l'autre, on se retrouve au milieu du gué et pas plus avancé qu'avant.
2- Ségolène botte en touche, renvoie la balle dans le camp de la direction. C'est une tactique classique en politique, mais pas convaincante du tout. Elle suggère au Parti de porter plainte. Mais pourquoi ne le fait-elle pas elle-même ? La victime supposée, la plaignante, c'est elle, que je sache ! Je crois au principe de responsabilité qui veut que l'on fait soi-même ce qu'on croit juste, sans le demander à d'autres.
3- D'autant que la réponse de la direction, on la connaît et je la fais mienne : il n'y a pas eu de triche généralisée mais éventuellement des manquements, des faiblesses, des dérives très localisés et pour le moment non prouvés dans l'ouvrage incriminé. A partir de là, le Parti n'a pas à faire appel à la Justice, sinon au risque de d'autodestruction.
4- Ségolène ne remet pas en cause le résultat, ne demande pas un nouveau vote, ne souhaite même pas être candidate. Pourquoi fait-elle alors tout ce foin ! Ca ne mène à rien !
5- Ségolène avance l'argument, pas faux, que le Parti, offensé par les "révélations" du livre, pourraient attaquer en justice les auteurs. Pas faux mais pas pertinent. Il y a une règle en politique, à laquelle nous avait habitué Mitterrand : liberté à la presse de dire ce qu'elle veut. La politique est une activité publique, un lieu de confrontation des opinions. On ne résout pas les différends devant les tribunaux. Sinon, on n'en finirait pas d'attaquer ceux qui nous attaquent. Combien d'ouvrages, régulièrement, vomissent sur le Parti socialiste !
6- Ségolène a trouvé habile de renvoyer la balle. Pourquoi pas, c'est son choix, mais cinq camarades, dont mes amis Cambadélis et Borgel, ont vite fait de la ramasser en proposant une "action" du Parti, puisque c'est ce que Ségolène demandait : une rencontre publique, télévisée avec les auteurs du livre qui fait tant parler de lui (et de nous en mal !), afin de répondre à leurs accusations et nous laver collectivement de tout soupçon.
Fin de partie. A moins que le ping-pong ne continue. Mais là, je crains que ce soit zéro partout, la balle au centre. Ce n'est plus de l'escrime, ce sont des coups d'épée dans l'eau. Et pendant ce temps-là, les Français nous regardent, consternés. Redoutons qu'ils ne s'en lassent et qu'ils ne finissent par se détourner complètement de nous.
Bonne journée.
J'étais hier à 17h00 devant mon ordi, sur le site Désir d'Avenir, attendant la "déclaration solennelle" de Ségolène (quand quelque chose est "solennel", je me précipite). Rien. 17h30 : rien non plus. 18h00 : toujours pas. Que se passait-il ? Un retournement politique de dernière minute ? Un embarras ? Non, simplement la technique qui a fait défaut, si j'ai bien compris. Heureusement, il y avait le 20 Heures de TF1, dont Ségolène était l'invitée, un cadre en soi "solennel". J'étais à l'heure devant mon écran, j'ai écouté, voilà ce que j'en ai pensé :
1- La "déclaration solennelle" était, hormis le cadre, assez peu solennelle. Dans la solennité, il y a quelque chose de grandiose, de fracassant. Là, j'ai l'impression qu'on n'a pas énormément bougé, que rien n'est fondamentalement réglé, qu'il faut attendre la suite. Il y avait pour Ségolène deux façons d'être "solennelle" :
a- se sentant lésée, blessée même, elle pouvait porter l'affaire devant les tribunaux, si elle estime que les faits dévoilés dans l'ouvrage sont vrais et prouvés. C'est d'ailleurs ce qu'on avait cru comprendre qu'elle ferait (c'est ce que je redoutais).
b- tourner la page, exiger que ces incidents ne se reproduisent plus, soutenir l'idée de Martine Aubry d'une "autorité" de contrôle et de sanction, faire confiance à l'avenir, repartir collectivement d'un nouveau pied (c'est ce que je souhaitais).
En ne faisant ni l'un ni l'autre, on se retrouve au milieu du gué et pas plus avancé qu'avant.
2- Ségolène botte en touche, renvoie la balle dans le camp de la direction. C'est une tactique classique en politique, mais pas convaincante du tout. Elle suggère au Parti de porter plainte. Mais pourquoi ne le fait-elle pas elle-même ? La victime supposée, la plaignante, c'est elle, que je sache ! Je crois au principe de responsabilité qui veut que l'on fait soi-même ce qu'on croit juste, sans le demander à d'autres.
3- D'autant que la réponse de la direction, on la connaît et je la fais mienne : il n'y a pas eu de triche généralisée mais éventuellement des manquements, des faiblesses, des dérives très localisés et pour le moment non prouvés dans l'ouvrage incriminé. A partir de là, le Parti n'a pas à faire appel à la Justice, sinon au risque de d'autodestruction.
4- Ségolène ne remet pas en cause le résultat, ne demande pas un nouveau vote, ne souhaite même pas être candidate. Pourquoi fait-elle alors tout ce foin ! Ca ne mène à rien !
5- Ségolène avance l'argument, pas faux, que le Parti, offensé par les "révélations" du livre, pourraient attaquer en justice les auteurs. Pas faux mais pas pertinent. Il y a une règle en politique, à laquelle nous avait habitué Mitterrand : liberté à la presse de dire ce qu'elle veut. La politique est une activité publique, un lieu de confrontation des opinions. On ne résout pas les différends devant les tribunaux. Sinon, on n'en finirait pas d'attaquer ceux qui nous attaquent. Combien d'ouvrages, régulièrement, vomissent sur le Parti socialiste !
6- Ségolène a trouvé habile de renvoyer la balle. Pourquoi pas, c'est son choix, mais cinq camarades, dont mes amis Cambadélis et Borgel, ont vite fait de la ramasser en proposant une "action" du Parti, puisque c'est ce que Ségolène demandait : une rencontre publique, télévisée avec les auteurs du livre qui fait tant parler de lui (et de nous en mal !), afin de répondre à leurs accusations et nous laver collectivement de tout soupçon.
Fin de partie. A moins que le ping-pong ne continue. Mais là, je crains que ce soit zéro partout, la balle au centre. Ce n'est plus de l'escrime, ce sont des coups d'épée dans l'eau. Et pendant ce temps-là, les Français nous regardent, consternés. Redoutons qu'ils ne s'en lassent et qu'ils ne finissent par se détourner complètement de nous.
Bonne journée.
8 Comments:
C'est un non évênement solennel en quelque sorte... ;-)
By jpbb, at 11:52 AM
C'est vrai et je crois que le meilleur commentaire a été fait par Cohn bendit qui renvoie les deux camps dos à dos et parle de culture d'une partie de la gauche à propos du bourrage des urnes.
Royal a vécu depuis des années avec cette culture et en a "bénéficié"( si je puis dire) dans l'Héraut ou les Bouches du Rhone qui la soutenait.
Faire la sainte nitouche aujourd'hui n'a aucun sens et la décrédibilise d'autant plus.
By Anonyme, at 2:17 PM
Les torts sont partagés, c'est vrai. Faisons maintenant en sorte que le Parti change.
By Emmanuel Mousset, at 7:16 PM
Le verni démocratique est encore bien mince malgré nos vantardises. A droite le style bonapartiste est encore très prisé, à gauche c'est souvent l'arrogance avant-gardiste. Chaque tendance se sent légitime à forcer la décision, sans trop y regarder sur les moyens, parcequ'elle se vit comme l'avant-garde légitime et que tenter de convaincre, ç'est du boulot, c'est bien fatiguant et que les autres sont de toute façon des tricheurs.
By Thyl Ullenspiegel, at 7:23 PM
Non, vous ne pouvez pas ainsi renvoyer tout le monde dos à dos, c'est trop facile.
By Emmanuel Mousset, at 8:21 PM
les preuves existent, tout le monde le sait. Ne soyez pas hypocrite ou aveugle.
si c'est faux, c'est à Aubry de porter plainte en tant que responsable morale.
Ségo a tourné la page et remet le sort du PS entre les mains de son chef, quoi de plus normal ?
A Aubry de jouer, elle a les devoirs d'un chef !
By passiflore, at 9:55 PM
Ce sont des secrets de polichinelles et de toute façon les plus grosses tricheries ne sont pas le trafic des résultats des sections, c'est le clientèlisme, le côté patronnage qui règne dans certaines sections ou fédérations. C'est imparable ces choses là parceque ça repose sur un assujettissement accepté par ceux qui en sont complice. Ce qu'il faudrait c'est imposer un vrai bureau de vote avec plusieurs scrutateurs. Si les sections sont trop petites regrouper les bureaux de vote, ne pas permettre que des élus ou des salariés des élus en place soient secrétaires de section et scrutateurs... Bref s'aligner sur les pratiques de vote des citoyens ordinaires. C'est ce qu'a proposé Martine. Du passé faisons table rase mais n'oublions pas les leçons.
By Thyl Ullenspiegel, at 10:10 PM
Ce n'est pas un procès qu'il faut mais une révolution culturelle !
By Emmanuel Mousset, at 10:57 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home