Un projet et des places.

Bonsoir à toutes et à tous.

Claude Gewerc a fait hier à Saint-Quentin un très tonique discours de lancement de campagne, lors de la Rentrée Fédérale du Parti socialiste : défense de son bilan, perspectives d'avenir, critique de la droite. Un thème marquant, c'est le refus de la réforme des collectivités locales, qui recentralise le pouvoir autour du chef de l'Etat, voulant diriger la France avec ses préfets, et qui prive les collectivités de leur source de financement, après la suppression de la taxe professionnelle. Sur ce dernier point, une bonne partie de la droite (ses élus forcément !) sont d'accord avec nous.

Et puis, deuxième thème marquant, il y a eu l'annonce très forte de Gewerc de rejeter toute alliance avec le MoDem. La salle a applaudi. Pourtant, mes camarades ségolénistes ne sont pas sur cette ligne. Même si je ne l'aurais pas dit aussi brutalement (on n'a pas intérêt à montrer qu'on repousse les centristes), Gewerc a sur le fond raison parce qu'il a ses raisons : en Picardie, c'est l'électorat de gauche qu'il nous faut en priorité rassembler. Si celui-ci fait défaut, ce n'est pas vers le centre qu'on pourra se rattraper et compenser cette perte.

De plus, le MoDem dans la région est bien souvent ancré à droite, comme c'est le cas à Saint-Quentin. Nul intérêt électoral pour nous de s'allier à des partenaires inconstants et factices. Gewerc a rappelé qu'au Conseil régional les amis de Bayrou étaient très gentils mais qu'ils votaient toujours avec la droite. Tant qu'on ne fera pas de la politique avec des gentillesses mais avec des votes, on ne pourra pas se rapprocher du MoDem, tout simplement parce que eux ne se rapprochent pas de nous.

Notre premier fédéral, Jean-Jacques Thomas, nous a demandé d'aborder les régionales en ne parlant d'abord que du projet, et pas des places. Savez-vous de quoi nous avons parlé, en privé, à table ou dans les couloirs ? Des places bien sûr ! Ce n'est un secret pour personne, la politique est ainsi faite, au moins depuis Alexandre le Grand et Jules César. C'est humain et ce n'est pas non plus déshonorant. Qui sera tête de liste en dans l'Aisne ? L'affaire semble pliée, si j'en crois les uns et les autres. Sauf qu'en politique, je ne crois personne. Des affaires "pliées", j'en ai connues pas mal, qui n'étaient pas aussi pliées qu'on voulait bien le prétendre et qui ont créé la surprise. Donc prudence.

Les places étant peu nombreuses, il y a beaucoup d'appelés mais il y aura peu d'élus. Comment se départager ? Sous l'Antiquité, on utilisait souvent le poignard et au Moyen Age le poison. Heureusement ces moeurs barbares ont disparu. Mais pas la nécessité de faire des choix, des sacrifices, c'est à dire des heureux et des déçus. L'intelligence politique se reconnaîtra à la méthode qu'on adoptera : soit on choisit les meilleurs, soit on raisonne par courants. L'un n'est pas exclusif de l'autre, mais il faut tout de même une priorité : ma préférence va au critère des meilleurs et pas à celui des courants. Si on m'estime pas bon sur la liste, il ne faut pas que j'y sois, même si j'exhibe le petit carton de mon courant.

Mais je n'ignore pas dans mon Parti le tropisme des courants, qui risque d'être le plus puissant. L'ami Pierre, qui était à mes côtés à table, est préoccupé et je le comprends : il souhaiterait que son courant (Delanoë) soit représenté. Son désir est normal. Son problème, c'est qu'il n'a pas beaucoup d'élus derrière lui. Courage Pierre, si tu es bon, tu y arriveras, on sera bien obligé de faire avec toi ! Mais ne compte pas sur les arrangements internes, reste impassible aux promesses qu'on peut te faire. Une promesse en politique, ça n'existe pas, c'est un leurre !

Les uns et les autres se cassent trop la tête, supputent, extrapolent, prophétisent, se montent le bourrichon alors qu'il faudrait, comme Jean-Jacques nous l'a conseillé, penser à autre chose. Mais les humains sont ainsi : ils ne peuvent pas s'empêcher de cogiter. C'est pourtant simple : trois hommes vont décider, Gewerc, Thomas et Balligand, chacun pour les siens, à l'intérieur de leur sensibilité respective. Les autres suivront, moi le premier. Et c'est très bien comme ça : il faut être efficace, il faut désigner ceux qui peuvent nous faire gagner. Puissent nos grands élus être bien inspirés dans leur choix, c'est tout ce que je demande.

En tout cas, il y en a un qui ne se posait pas samedi toutes ces questions-là : Claude Harmelle n'avait qu'une seule préoccupation, la signature de la pétition contre la fermeture du canal Sambre Oise.


Bonne soirée.