Un bien beau meeting.

Bonjour à toutes et à tous.


J'ai assisté hier soir à mon premier meeting socialiste à Saint-Quentin, depuis douze ans que j'habite dans cette ville. Claude Gewerc et les candidats de la liste régionale étaient présents à Matisse. Des réunions publiques, oui j'ai participé à beaucoup, j'en ai même organisées. La première sous ma responsabilité, c'était en juin 1999, dans le cadre des élections européennes, nous recevions Elisabeth Guigou au théâtre Jean-Vilar. L'avenir à l'époque était pourtant, localement, plus clément qu'aujourd'hui, il n'empêche que ce n'était pas la dimension ni l'ambiance de ce qu'on appelle un meeting. Hier si.

Il y a d'abord le monde, nombreux, tellement nombreux qu'il ne sert à rien de compter puisqu'on n'arrive même pas à compter. Un fait qui ne trompe pas : on n'a pas le temps de saluer ceux qu'on connaît. Et dans la foule, il y a beaucoup d'inconnus. Surtout, il y a cette fameuse ambiance. Des réunions froides où l'on s'évite, où l'on se méfie, où l'on a très vite fait le tour des protagonistes, j'en ai connues quelques-unes, qui ne font pas partie de mes meilleurs souvenirs en politique. Mais là, rien de tout ça : la salle est chaleureuse, enthousiaste, personne n'a le temps de faire attention à personne, on est tous mêlés, tous rassemblés, comme si les clivages n'avaient jamais existé.

"Ils sont venus, ils sont tous là", c'est vraiment ce bout d'Aznavour qui me revient en tête, sauf que ce n'est pas à une mort à quoi on assiste, mais à une victoire qui s'annonce. Dosière, Krabal, les exclus, les pestiférés font à nouveau partie de la famille. Les uns qui détestaient les autres, juraient presque leur mort, se retrouvent à la même tribune, se prennent par la main, rient ensemble, dansent presque, chantent : nous assistons à une laïque Pentecôte.

Quel est le mystérieux Dieu qui autorise un tel miracle : c'est le Dieu Victoire, c'est le Dieu Pouvoir ! Il n'y a que ces deux divinités-là en politique, qui permettent aux hommes et aux femmes de communier entre eux. Par moment, le meeting a même basculé dans le surnaturel, comme quand la salle a applaudi Maurice Vatin, mis au ban du Parti, ce soir-là réhabilité comme si de rien n'était. Quelle force de prodige ! Comment ne pas penser à l'affront subi dans cette même salle, il y a deux ans à un mois près, lavé hier soir par cette foule authentiquement socialiste ?

Et puis, techniquement, c'était bien mené, très professionnel, trois heures sans temps mort, presque un spectacle. On sentait le déroulé très maîtrisé, qui m'a agréablement changé du bricolage ordinaire, de l'improvisation de dernière minute. Un animateur qui chauffait la salle par des blagues en picard, des écrans de retransmission un peu partout, du jamais vu à Saint-Quentin, vous dis-je ! Je suis encore, le lendemain, sous le coup de la surprise et de l'émerveillement.

Mais je ne suis pas du genre à m'emballer bêtement. Ce moment de joie socialiste, je sais qu'il est déjà fini et que je ne le verrais peut-être pas de sitôt. Je sais surtout que ce meeting s'est déroulé à Saint-Quentin mais qu'il n'était pas saint-quentinois. Le public venait de tout le département, les élus étaient fort représentés, principalement les membres du Conseil général de l'Aisne. Une fois les lumières éteintes, les chaises rangées et les banderoles pliées, les socialistes saint-quentinois se retrouvent seuls face à eux-mêmes. Et là, tout reste à faire, en matière d'unité, d'organisation, de projet. Puisse le bien beau meeting d'hier soir nous inspirer.


Bonne soirée.