L'Aisne avec DSK

31 mai 2010

Verbalement correct.

Bonjour à toutes et à tous.


Me voilà encore obligé de dénoncer le puritanisme ambiant, la police de la pensée et du langage, qui nous imposent ce que doit être le bon ton. Je veux bien sûr parler de la dérisoire agitation autour du propos de Martine Aubry ce samedi, rapprochant Sarkozy de l'escroc financier Madoff. Je n'ai pas à juger si sa formule est opportune ou pas. La question est seulement de savoir si en République on est libre d'utiliser les mots de son choix : évidemment oui !

Je m'inquiète de voir une partie de la presse jouer ce matin les vierges outragées. Fillon s'est fendu d'un communiqué moralisateur et Raffarin exige même des excuses. Ces cris de putois (ça aussi, ai-je le droit de l'écrire ou faut-il que je me censure ?) ne doivent pas nous impressionner. Mitterrand a dit pire de De Gaulle et l'a aussi écrit (relisez "Le coup d'Etat permanent"). Qui à l'époque s'en offusquait ? Personne. Contre Giscard, les noms d'oiseaux ont volé sans déclencher des réactions pudibondes.

Notre société a changé et je m'en désole. Nous sommes entrés dans l'ère du verbalement correct, où l'on ne peut plus dire grand-chose d'un peu vert sans qu'on vous le reproche. Pourtant, aux grandes heures du parlementarisme, sous la Troisième République, insultes et bons mots fusaient. C'était riche, tonique, très sain. A côté, les piques de nos politiciens contemporains, c'est du pipi du chat, de la roupie de sansonnet. Quand comprendra-t-on que la violence verbale a un effet catharsique, qu'elle nous évite la violence physique ?

Prenez la vie politique locale. C'est plutôt gentillet. Au conseil municipal (tiens, il y en a un ce soir), malgré la présence de l'extrême gauche, les échanges ne sont pas violents. Le seul qui soit resté un politique à l'ancienne, c'est Pierre André, qui n'hésite pas à attaquer très durement ses adversaires. Vous préférez Xavier Bertrand, un mot pas plus haut que l'autre, de la guimauve plein la bouche ? Moi pas.

Attention : si la vie politique se contentait de violences verbales et métaphoriques, elle ne vaudrait rien. Mais elle n'est pas que ça. Laissons donc la forme, ne retenons que le contenu : c'est là-dessus que doit se faire le débat, pas sur les mots ou les images qu'on emploie. Aubry a eu raison de dire ce qu'elle pensait, d'autant qu'elle s'adressait à une assemblée de militants, qui a inévitablement besoin d'être surchauffée. Que l'hypocrite indignation atteigne jusqu'au sommet de l'Etat, c'est consternant.


Bonne journée.

9 Comments:

  • Si seulement vous pouviez bosser un peu,
    plutôt que d'aligner les perles et les clichés.

    Vous ne vous êtes pas insurgé du verbalement correct samedi soir,
    pourtant, il me semble qu'à part le concurrent français quasiment tous les présents ont réalisé leur prestation dans la langue de Shakeaspeare.

    Vous avez oublié de célébrer le verbalement correct qui veut qu'on s'exprime en anglais langue véhiculaire du monde occidental.
    Même vous il va falloir vous y mettre.

    By Anonymous Anonyme, at 5:19 PM  

  • Yes sir !

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 5:27 PM  

  • Dosière est verbalement incorrect de
    proposer le non-cumul des indemnités de ministre et d'élu local.
    Du coup, le gouvernement et sa majorité ont retoqué sans un mot d'explication : Déni de démocratie.
    cet amendement rejeté sans la moindre explication, n'a soulevé aucun émoi chez les socialistes : le
    non-cumul des mandats est bien mal parti !

    By Anonymous Anonyme, at 8:08 PM  

  • Ce sera un long combat, mais qui finira par aboutir, comme tous les justes combats.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:14 PM  

  • Rapprocher Sarkozy de Madoff ce n'est pas de la forme, c'est du contenu.A moins que l'on se décide à prendre Martine au second degrès, mais je ne pense pas que ce soit une reine de l'humour (censure des spectacles de Dieudonné à Lille).

    Mais vous avez raison, Martine a eu raison de dire ce qu'elle pensait:on se rend compte ainsi que son cerveau primaire fonctionne avec des analogie manichéennes ad madoffum, l'ad hitlerum est pour bientôt. J'en connaissais qui était politiquement incorrect avec beaucoup plus de classe. La technique de la droite n'est pas de la censurer, vous le savez très bien, mais uniquement de faire un remue-ménage médiatique pour que ce mot de Martine soit répandu partout et que tout le monde voit la bassesse de son argumentaire. C'est fait.

    Pivar

    By Anonymous Anonyme, at 9:42 AM  

  • Vous aussi, vous voilà choqué par un simple mot, et vous en faites toute une histoire, faible que vous êtes ! Ecoutez ce qu'a dit ce matin Zemmour sur RTL, et vous apprendrez à connaitre ce que vous êtes devenu : un victimaire, un pseudo émotif, un escroc de la moralité. J'ai envie à mon tour de vous traiter de Madoff ! Vous qui comme les autres êtes le produit de ce système.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:42 AM  

  • Vous n'avez pas compris. Dire de Martine qu'elle est une conne montre que moi aussi je pense que les mots fleuris ont leur place dans le débat politique. Où y voyez-vous du victimaire ou du pseudo-émotif? Je vous explique que la droite a intérêt à relever cette phrase de Martine, et que finalement, vous pouvez très bien rentrer dans la catégorie des vierges effarouchées à vous exclamer "mon Dieu les vilains de droite qui accablent la Martine". Je suis bien d'accord avec vous sur l'importance qu'a pris cette affaire dans les média.

    Par contre, vous conviendrez que les rois de l'indignation sont bien les gauchos. Zemmour vous l'expliquerez.

    Pivar

    By Anonymous Anonyme, at 2:46 PM  

  • * "expliquerait" évidemment.

    Je suis un produit du système tout comme vous l'êtes. A degrés différent.

    Pivar

    By Anonymous Anonyme, at 2:48 PM  

  • Je suis entièrement d'accord avec vous EM.Aujourd'hui tout doit toujours être édulcoré.

    D'autant plus que si l'on retourne au discours de Martine Aubry,on se rend compte qu'elle n'a pas fait une comparaison de personnes,mais de situations, et c'était plutôt sur le mode humoristique: elle a simplement expliqué que vu l'état catastrophique de la dette,Sarkozy était extrêmement mal placé pour donner des leçons de maitrise des finances publiques, tout comme madoff le serait pour donner des leçons de comptabilité,il ne serait pas crédible...Lu sur un autre blog:"comme Lefebvre le serait pour donner des leçons de respect de l'autre ou X.Bertrand des leçons de bonne foi"...

    Mais les godillots de l'UMP sont comme souvent d'une grande mauvaise foi et c'est à celui qui en fera le plus dans la défense du chef.Pourtant celui-ci ne s'est jamais privé de jeux de mots douteux dans ses discours, on ne les compte plus...mais bien entendu,il n'y a que lui qui aurait le droit de "transgresser le politiquement correct"....

    J'ai l'impression que ça ne plait pas vraiment à la droite et au Président de voir que le projet socialiste avance alors que le PS était donné pour mort il y a 1 an, que toutes les tendances sont pour la première fois depuis très longtemps unies sur des idées de fond, et qu'Aubry tient fermement la barre et arrive à rassembler malgré tous les obstacles....leur ferait-elle peur à ce point pour qu'ils se déchainent comme ça sur un bon mot....?

    MV

    By Anonymous Anonyme, at 11:01 PM  

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